VIDÉO - TotalEnergies : échauffourées à Paris avant une assemblée générale "électrique"

Publié le 26 mai 2023 à 7h55, mis à jour le 26 mai 2023 à 9h25
JT Perso

Source : TF1 Info

Avant l'ouverture de l'AG de TotalEnergies, vendredi 26 mai, des échauffourées ont eu lieu entre des manifestants pour le climat et les forces de l'ordre, aux abords de la salle Pleyel, à Paris.
La police a fait usage de gaz lacrymogène pour déloger des militants, qui bloquaient l'accès à la salle parisienne, où doit se tenir la réunion annuelle du géant français des hydrocarbures.

"Total, criminel climatique". Après BP et Shell, TotalEnergies se prépare, comme l'an dernier, à vivre une assemblée générale électrique, ciblée par une coalition d'associations et une partie de ses actionnaires en désaccord avec la politique climatique du géant français des hydrocarbures. Des échauffourées entre la police et des manifestants écologistes ont eu lieu, vendredi 26 mai, au petit matin, aux abords de la salle Pleyel, à Paris, où doit se tenir la réunion, déjà perturbée en 2022. A 9h, quatre personnes avaient été interpellés, selon la préfecture de police.

Selon des vidéos relayées sur les réseaux sociaux, une dizaine de militants ayant réussi à s'asseoir devant l'entrée a été délogée par les forces de l'ordre, qui bouclaient le tronçon de la rue du Faubourg Saint-Honoré. Dans la cacophonie, la police a fait usage du gaz lacrymogène pour disperser les dizaines de manifestants, réunis au cœur des beaux quartiers pour empêcher la tenue de l'AG aux chants de "ce qu'on veut c'est renverser Total" et "un, deux et trois degrés, c'est Total qu'il faut remercier"

Bien que repoussés, ils ont décidé de rester sur place, contenus de chaque côté de la rue bloquée par des barrages de camions de police et gendarmerie. Au même moment, dans le quartier d'affaires de La Défense, la tour Total a été prise pour cible par des militants d'Extinction Rebellion.

Cette réunion arrive à la fin d'une saison d'assemblées générales houleuses, où des militants écologistes ont multiplié les actions contre les grands groupes, comme chez les concurrents Shell et BP ou la banque Barclays, accusée de financer l'expansion de projets d'hydrocarbures. Le tout sur fond de profits faramineux : ensemble, les majors BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre, après une année 2022 grandiose.

"L'AG de Total n'aura pas lieu"

Signe des tensions sur l'AG prévue à 10h, TotalEnergies interdira aux actionnaires et aux journalistes d'utiliser leurs téléphones portables, et les obligera à laisser certains effets personnels à l'entrée. Le géant français des hydrocarbures veut surtout éviter de voir se reproduire le scénario chaotique de l'année dernière. En 2022, des militants d'ONG avaient empêché des actionnaires de pénétrer dans la salle Pleyel. Les autorités s'attendent à la présence de 200 à 400 militants. Ils "veulent absolument empêcher la tenue de l'AG", selon une source policière.

"L'AG de Total n'aura pas lieu", avaient prévenu, fin avril, dans une tribune les signataires 350.org, Alternatiba, Amis de la Terre, ANV-COP21, Attac, Greenpeace, Scientifiques en rébellion et XR. Elle "prévoit de perpétuer la stratégie du pétrolier : toujours plus de projets fossiles et une répartition injuste des superprofits qui alimente l'injustice climatique et sociale".

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Parmi les sujets brûlants à l'ordre du jour, outre le salaire du PDG, Patrick Pouyanné, les quelque 1,5 million d'actionnaires individuels, présents ou en ligne, sont appelés à voter sur une résolution consultative émanant de l'organisation d'actionnaires activistes Follow This, qui s'attaque aux émissions indirectes de CO2. Autrement dit celles liées à l'utilisation du pétrole par ses clients dans les voitures ou pour se chauffer (scope 3 dans la comptabilité carbone), l'équivalent de 85% de son empreinte carbone. Une coalition de 17 investisseurs - où figurent La banque PostaleAM, Edmond de Rotschild AM, La Financière de l'Échiquier, qui détiennent près de 1,5% de TotalEnergies - demande à la major d'aligner ses objectifs de réduction sur l'Accord de Paris de 2015, afin de limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. 

Le groupe recommande de voter contre, jugeant la résolution "contraire aux intérêts" de TotalEnergies, "de ses actionnaires et de ses clients". Il va néanmoins faire valoir ses efforts pour le climat et appelle à "voter en faveur" de sa propre résolution climatique. Cette stratégie officielle se concentre surtout sur ses émissions directes, issues de ses opérations et celles liées à l'énergie qu'elle consomme (périmètres dit du "scope 1 et 2"). Même si le producteur et fournisseur d'énergies n'envisage pas de baisser drastiquement ses émissions directes dans la décennie, il entend consacrer un tiers de ses investissements dans les énergies bas carbone et atteindre 100 GW de capacités d'électricité renouvelable d'ici 2030.

La hausse du salaire du PDG à l'ordre du jour

"Ce sont les revenus des hydrocarbures qui nous permettent d'investir massivement et de développer les renouvelables", a fait valoir le PDG Patrick Pouyanné, mercredi 24 mai, dans une interview au magazine Challenges. Le groupe est présent dans de nombreux projets de gaz naturel liquéfié et de pétrole, aux Émirats arabes unis, en Irak, en Papouasie ou encore en Ouganda, avec le projet controversé de l'oléoduc chauffé Eacop devenu un symbole médiatisé de la lutte anti-pétrole. 

"On (n')a pas su anticiper", a-t-il concédé au sujet de cette polémique, qui s'ajoute à bien d'autres pour le groupe, critiqué pour son bénéfice record de 20,5 milliards de dollars (19,12 milliards d'euros) en 2022, ses impôts en France ou le salaire du PDG. Une rémunération, qui pourrait bondir de 10% pour 2023, sur laquelle les actionnaires vont devoir aussi se prononcer.


La rédaction de TF1info

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