"TEST, BOULOT, DODO" - Depuis le 2 mars, les travailleurs frontaliers de Moselle doivent réaliser un test PCR tous les deux jours pour se rendre en Allemagne. Une mesure qui complique leur quotidien et suscite leur colère.
Toujours le même rituel. Retirer son masque, pencher la tête et reprendre la route. Chaque matin, dès 6h, près d'une voiture sur deux s'arrête au centre de dépistage situé à Spicheren, dans le nord de la Moselle. À l'intérieur des véhicules, des conducteurs épuisés de devoir se soumettre à un test Covid tous les deux jours. "Si c'est positif ? Je rentre chez moi", lâche une femme désabusée. Depuis le 2 mars, les 16.000 travailleurs frontaliers de Moselle doivent montrer patte blanche s'ils veulent pénétrer dans le land de la Sarre en Allemagne. Notre voisin d'outre-Rhin a pris cette mesure unilatérale après avoir classé la Moselle "zone à forte circulation" des variants sud-africain et brésilien du Covid-19.
Mais ces dispositifs de précaution bouleversent le quotidien des travailleurs français. "Je me suis levée à 6 h - presqu'une heure avant - pour obtenir un rendez-vous au centre de dépistage. Nous sommes traités comme des pestiférés", soupire un Mosellan qui vient de se faire dépister. Derrière lui, plusieurs voitures attendent leur tour. Les véhicules changent mais le discours teinté d'amertume reste le même : "Si on faisait ça une fois par semaine, je dirais oui. Mais faire ça tous les 48 heures !" Samedi dernier, le sentiment de ras-le-bol des travailleurs s'est exprimé lors d'une manifestation organisée à la frontière franco-allemande. Pancartes en carton à la main et écouvillons géants dans l'autre, entre 600 et 1000 personnes ont repris en chœur le slogan "test, boulot, dodo".
Des situations aberrantes et des trajets rallongés
D'autant plus que le dispositif mis en place par les Allemands provoque des situations ubuesques. Par exemple, les travailleurs qui utilisent les transports en commun n'ont plus le droit de traverser la frontière. Conséquences : ces Mosellans sont contraints de marcher jusqu'au prochain arrêt de bus - côté allemand. "On est obligés de prendre trois bus combinés. Ça fait une heure de retard au boulot", indique une travailleuse emmitouflée dans une parka argentée.
En plus de ces contraintes, les frontaliers peinent à comprendre l'efficacité d'une telle mesure. "On travaille avec des Allemands qui ne réalisent pas de tests. Alors pourquoi serions-nous obligés d'en faire et pas eux ?", peste un jeune homme. Sur 22.000 tests effectués ici à la frontière depuis début mars, seul 45 se sont révélés positifs. Les travailleurs frontaliers Français n'ont donc pas le sentiment d'être les responsables de la crise sanitaire qui s'aggrave à nouveau en Allemagne.
Pour porter les revendications des frontaliers, un homme donne de la voix. Le président du Comité de défense des travailleurs frontaliers Arsène Schmitt décrit ces mesures comme "insupportables", et même "pires" que la fermeture des frontières vécue l'an dernier. Pour lui, la pilule est difficile à avaler. "Si nous les Mosellans, on était tellement contaminant comment expliquer que nos amis allemands peuvent rentrer chez nous dans un rayon de 30 km sans test et rentrer après à la maison. C'est totalement en contradiction", s'offusque l'homme aux cheveux poivre et sel. Arsène Schmitt dit avoir discuté avec les autorités allemandes et le Secrétaire d'État en charge des Affaires européennes, Clément Beaune. Selon lui, le résultat n'aurait pas été concluant : "Ils sont à côté de la réalité de la vie", a-t-il réagi.
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