Ces derniers mois, les jet-skis se multiplient sur les côtes françaises.Une tendance qui entraîne certaines dérives, dont des comportements dangereux et des incivilités.Pour en finir, certaines communes ont décidé de hausser le ton, voire d’interdire la pratique.
C'est un phénomène qui prend de l'ampleur (et que de nombreuses personnes voient d'un mauvais œil). Ces derniers mois, les jet-skis ont fait l'objet d'une popularité croissante, envahissant par dizaines les littoraux français. "Le Covid a rebattu les cartes des pratiques nautiques", estime Jean-Romain Brunet, directeur de Port-Camargue (Gard), dans les colonnes du Monde. "Après avoir été confinés, les Français ont renoué avec tout ce qui s’apparente à des 'espaces de liberté' : ils se sont rués sur les vélos, les camping-cars, les paddles, les bateaux, mais aussi les jet-skis", ajoute-t-il. Conséquence directe : entre 2000 et 2021, les immatriculations de navires et véhicules nautiques à moteur ont grimpé de 45% dans l'Hexagone.
Une hausse des infractions en mer
Une tendance qui s'accompagne d'une multiplication des comportements imprudents et incivils, qui usent les habitants de la côte. "Il y a de plus en plus de jet-skis. Ils viennent au milieu, là. Je ne sais pas s'ils ont le droit de le faire", pointe un homme, interrogé par TF1 dans le reportage visible en tête de cet article. "Ils font pas mal d'allers-retours. Quand les enfants sont là, j'ai toujours peur. J'essaye de les éloigner, on ne sait jamais", abonde une autre femme.
Dans les Pyrénées-Orientales, les infractions en mer ont augmenté de 20% en un an. De même, les jet-skis représentent moins de 10% des engins immatriculés dans l’Hérault et le Gard mais sont responsables de 50% des infractions relevées. Le tout alors même qu'une réglementation stricte - impliquant une limitation de vitesse à moins de 5 nœuds (soit environ 10 km/h) à moins de 300 mètres des côtes - est déjà en place.
Multiplication des contrôles et des restrictions
Face à la recrudescence de ces mauvais agissements, et aux risques qui les accompagnent, les autorités locales ont décidé de durcir le ton. Les gendarmes maritimes multiplient les contrôles. "Quelques fois, il suffit de vacanciers, venus d'ailleurs et qui ne connaissent pas le domaine maritime, qui vont prendre un jet-ski ou utiliser le leur. C'est là qu'on risque de rencontrer des infractions. Avec cette vitesse, ça peut être dramatique", explique Roland Gaudel, responsable de l'unité de contrôle des affaires maritimes de l'Aude et des Pyrénées-Orientales.
Malheureusement, cela ne permet pas d'éviter tous les accidents. "La semaine dernière, on a eu une collision très grave entre un jet-ski et un navire", affirme Thierry Duchesne, commissaire général, adjoint au préfet maritime de la Méditerranée.
Cela explique que certaines communes aient décidé de réduire radicalement les possibilités d'usage des "motos des mers". Au Barcarès, la rampe de mise à l’eau est par exemple devenue payante, à 22 euros. D'autres municipalités vont encore plus loin, décidant d'en interdire totalement l'accès, à l'instar de Canet-en-Roussillon. Sur les 40 ports de la côte méditerranéenne, une trentaine refuse désormais la mise à l’eau des scooters de mer.
C'est une attaque aux libertés
Thierry Scharff
Des mesures drastiques que fustigent les passionnés. "C'est une attaque aux libertés. C'est comme si, demain, on interdisait de rouler en voiture parce que des gens font des excès de vitesse. On est punis à cause d'eux", s'insurge Thierry Scharff, vendeur de jet-ski depuis plus de 20 ans. "Plus personne ne vient. On a une grosse perte de chiffre d'affaires. Cette année, on est à -70% sur tout ce qui est matériel et équipement", déplore-t-il encore. Reste à voir s'il va pouvoir obtenir gain de cause.