Covid-19 en Polynésie : la vaccination au défi des croyances autour du virus

Publié le 13 septembre 2021 à 10h01

Source : JT 20h WE

REPORTAGE - Les territoires d'Outre-mer sont encore touchés de plein fouet par le Covid, avec un taux de vaccination beaucoup plus bas qu'en métropole. En Polynésie, les autorités sanitaires se heurtent à de vrais freins culturels.

Alors que la mortalité liée au Covid a augmenté de 346% en Polynésie française au mois d’août, les croyances autour du virus continuent de se propager. Miko Toofa l'assure ainsi dans le reportage de TF1 en tête de cet article : grâce à son remède traditionnel, impossible d'attraper la maladie. 

Le visage et une partie du corps couverts par des tatouages traditionnels polynésiens, il prépare dans son jardin du jus de noni, qui lui permettra de se protéger. "C'est anti-oxydant, énergisant et ça apporte une immunité pour le corps", déclare-t-il avec certitude. Aucune information scientifique ne vient pourtant vérifier ce discours. 

Des discours scientifiques qui progressent lentement

En août, plus de 550 personnes sont décédées à cause du Covid en Polynésie française. Les discours scientifiques peinent pourtant encore à pénétrer les forêts tahitiennes. Rares sont ceux qui n'ont pas perdu un proche. Mais loin des touristes, des médias, et parfois même de l’eau courante, peu d'habitants portent un masque, voir se préoccupent du virus. "On s'en fout de ça, du Covid", affirme une habitante, assise à l'extérieur. 

Le virus fait rire, quand il n’est pas détourné. L’Église catholique, protestante, mais aussi les mormons ou les témoins de Jéhovah ont une très grande influence sur la vie des Polynésiens. Et dans certaines vallées reculées, tout est perçu à travers ces croyances. "Il n’y a pas de médicaments pour soigner, parce que cette maladie-là, c’est la colère de Dieu envers nous les hommes, qui ne l’avons pas respecté", garantit Hitiaa O Te Ra, âgé de 73 ans. 

Même dans les coins les plus isolés, le débat sur le vaccin est présent. Au sein de la famille Tavi par exemple, qui vit quasiment en autarcie en montagne, seuls quelques membres ont accepté de recevoir les injections. "Il y a des trucs que j'entends sur Internet comme quoi il y a des nanoparticules. Du coup, j'attends", explique une femme de la famille.

Malgré ces discours cependant, près de la moitié des Polynésiens a reçu une première dose. Il faut dire que le variant Delta, arrivé dans la collectivité d'outre-mer à partir de fin juillet a fait des ravages alors que la population était alors peu vaccinée. 

L’Institut de la Statistique en Polynésie Française (ISPF) recense ainsi 590 décès entre le 1er et le 31 août alors que depuis 1983, le nombre de décès mensuels n’avait jamais excédé 179 dans cette collectivité d’outre-mer peuplée de 280.000 habitants. Encore aujourd'hui, si les hospitalisations reculent, elles restent encore très au-dessus des capacités normales des structures sanitaires de l'archipel. 


La rédaction de TF1info

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