CONTESTATION - Infirmière de 35 ans, Laura a dénoncé ce mardi sur TikTok la vaccination obligatoire pour le personnel soignant, annoncée par Emmanuel Macron lundi. Qui est derrière cette vidéo devenue virale ?
"Vous vous soignerez tout seul !" C'est particulièrement émue que Laura prend la parole ce mardi 13 juillet pour lancer cet avertissement. Dans son jardin, cette jeune infirmière qui vient de fêter ses 35 ans n'y croit pas. Emmanuel Macron a annoncé la veille au soir que la vaccination contre le Covid-19 sera obligatoire pour sa profession. Or, elle refuse de se faire immuniser, estimant ne pas avoir assez "de recul".
Son coup de gueule, partagé sur TikTok, est devenu viral, dépassant les 4 millions de vues en moins de deux jours. C'était pourtant la première fois que la jeune femme s'exprimait sur le sujet.
"Maman, infirmière, féministe"
Sur TikTok, elle se décrit elle-même comme "maman, infirmière, féministe et en lutte contre les violences conjugales". En réalité, ce sont ces thématiques qui animent la soignante, diplômée depuis plus de cinq ans. Et c'est pour parler de ce combat qu'elle s'est inscrite, le 27 mai dernier, sur le réseau social chinois de partage de vidéo. Elle y raconte son histoire, comment elle a survécu à onze ans de violences conjugales, des débuts à la fuite, en passant par la mise en place des différents dispositifs, tel le bracelet anti-rapprochement ou le "téléphone grave danger".
Ses vidéos mêlent humour, bons conseils, émotions et coups de gueule à l'encontre d'un système judiciaire qu'elle estime défaillant.
➡🔴Le témoignage d'une femme battue sur #LCI 🗣 "Pendant 11 ans, ça a été des coups de poing, il m'a renversé avec sa voiture devant notre fille de 8 ans, des coups de couteau (...) Les gendarmes ont très bien réagi mais derrière, ça n'a pas suivi" 📺 #BrunetDirect pic.twitter.com/DqaxvXCmyc — LCI (@LCI) May 6, 2021
Sur les réseaux sociaux, cette fan de pop culture parle rarement politique. Sur son ancien compte Facebook, inactif depuis début 2020, on retrouve bien quelques partages de vidéos de Gilets jaunes en 2018, au tout début de mouvement. Ou une critique contre la stratégie de maintien de l'ordre définie par Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur. Sur TikTok, elle vilipende également le débat sur le "crop top" à l'école, (re)mis dans l'actualité par Emmanuel Macron dans une interview, regrettant que l'on "critique les femmes tout le temps" et qu'on "sexualise" le corps des jeunes filles.
Mais les violences conjugales restent bien son "cheval de bataille", comme elle le souligne elle-même. C'est d'ailleurs pour en parler qu'elle était déjà apparue dans les médias par le passé. Mère de deux enfants, elle avait témoigné sur plusieurs chaînes d'information, LCI notamment. Le sujet donne à ses vidéos une petite notoriété. Certaines rassemblent quelques milliers de vues. Mais le compte ne sort pas pour autant de la confidentialité.
Mon cheval de bataille, moi, c'est pas la vaccination,
Laura sur TikTok le 14 juillet
Ce n'est que ce 13 juillet qu'il explose réellement. La jeune femme, devenue infirmière à 30 ans après avoir repris ses études en 2012, y dénonce l'obligation vaccinale qu'elle vit comme un énième "sacrifice" réclamé à sa profession. Anciennement basée à Saint-Pierre-d'Oléron (Charente-Maritime), qu'elle a quitté pour fuir son ex-mari, elle travaillait depuis dans une structure pour enfants lourdement handicapés. Arrêtée depuis plusieurs mois, elle explique dans sa vidéo devenue virale qu'elle ne se résoudra pas à se faire vacciner pour reprendre le chemin du travail.
Anti-vaccin ? "Pas du tout"
Elle ne se dit cependant "pas du tout, du tout" anti-vaccin. Et ne veut pas faire de cette posture un combat. "J'ai mon opinion et elle n'engage que moi", martèle-t-elle dans une vidéo tournée le lendemain. Sans être opposée aux restrictions, elle note que "oui, il y a eu des morts, oui il y a toujours des morts, et non ce n'est pas concevable", mais regrette que l'on "demande toujours aux mêmes personnes de se sacrifier". Une séquence dans laquelle la mère de famille affirme que ses enfants sont vaccinés avec tous les produits "pour lesquels on a du recul".
Les effets sur le long terme, c'est justement ça qui l'inquiète, même si de nombreux experts ont expliqué qu'il n'y avait pas lieu de s'alarmer. Des arguments qu'elle n'entend pas. Car si elle "croit en la médecine", la jeune infirmière pense aussi "que les médecins sont des humains". "Ils peuvent se tromper, oublier des choses." Alors elle préfère attendre, d'autant plus que, selon elle, l'argument des soignants "vecteurs de la maladie" ne tient pas. "On connait les normes d'hygiène !"
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Ni anti-vaccin ni complotiste donc, mais très sceptique, malgré un certain consensus scientifique. Si elle dit ne pas regretter son coup de gueule poussé mercredi, Laura assure cependant dans une vidéo que le sujet ne deviendra pas une idée fixe. Mais prévient néanmoins qu'elle n'est pas la seule à faire ce choix. S'ils n'ont pas tous "les mêmes raisons", elle relève qu'un bon nombre de ses collègues en feront de même. À ses yeux, c'est aquis : la mesure décidée par Emmanuel Macron "ne va pas faire qu'il y aura moins de contaminations, mais qu'il y aura moins de soignants".
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