"Un cycliste sur trois se tue seul" : faut-il rendre le casque obligatoire à vélo ?

Publié le 22 juin 2022 à 10h01

Source : JT 20h Semaine

Un nouveau rapport de la Sécurité routière met en évidence une augmentation de la mortalité des cyclistes.
Elle a quadruplé par rapport à mai 2019, référentiel hors pandémie.
Par conséquent, certains souhaitent rendre le casque obligatoire.

Si depuis la pandémie, les mobilités douces en général et le vélo en particulier ont la cote, la mortalité des cyclistes a, elle aussi, considérablement augmenté. Selon un rapport publié par la Sécurité routière sur l'accidentologie sur la route en mai dernier, le nombre de décès a quadruplé par rapport à 2019, période hors pandémie, passant de six sur tout le territoire métropolitain à 22 en mai dernier.

Par ailleurs, l'adjoint à la Déléguée interministérielle à la sécurité routière, David Juillard, note qu'"un cycliste sur trois se tue seul, sans choc avec un autre usager". Une statistique qui "souligne l'importance des mesures de prudence, et notamment du port du casque, fortement recommandé", a-t-il souligné auprès de l'AFP.

Comment rouler en sécurité ?

Car aujourd'hui, le port du casque pour les cyclistes de plus de 12 ans reste recommandé et non obligatoire, bien que la question soit régulièrement soulevée. Rien qu'en janvier dernier, une proposition de loi dans ce sens a été présentée au Sénat sans être adoptée. "Il y a plus de plus d'utilisateurs des deux roues. Fatalement, le nombre d'accidents augmente et si on n'est pas protégé, le risque de décès aussi", soutient auprès de TF1info François Bonneau, sénateur de la Charente, qui a défendu cette proposition.

"Je crois qu'il faut responsabiliser et pour responsabiliser, il faut passer par des mesures de sécurisation", maintient le sénateur de l'Union centriste. Pourtant, cette position n'est pas partagée par les militants et les associations défendant les cyclistes. "Ça ne réglera rien du tout", tranche avec force François Fatoux, fondateur de l'association "Vivre à vélo en ville", arguant : "Si vous tombez dans la rue et que vous êtes bousculé par une voiture, casque ou pas casque, vous serez mort".

S'il reconnait que le casque protège dans une pratique sportive, François Fatoux affirme donc que cette mesure ne permettrait pas de réduire les accidents dans un usage quotidien du vélo. Au contraire, cette mesure pourrait même avoir l'effet inverse en faisant chuter le nombre de cyclistes, citant, pour illustrer ce phénomène, le cas de l'Australie. Dans ce pays, l'obligation du port du casque a été rendu obligatoire au début des années 1990. Dans les mois qui ont suivi l'entrée en vigueur de la mesure, un demi-million de personnes ont cessé de se rendre au travail ou à l’école à vélo.

François Fatoux, qui a fondé l'une des premières vélo-école, à Montreuil, recommande donc, plutôt que d'obliger les cyclistes à porter un casque, de continuer à aménager les voies pour ces usagers de la route, mais aussi de les former et les sensibiliser aux dangers qui les concernent particulièrement. Le vélo en ville, "ça n'est pas accessible immédiatement", prévient le militant, tout en restant encourageant. "Le vélo est un engin, qui, si on sait bien en faire, est sans danger", certifie-t-il. 

"C'est une question d'attitude, c'est une question de responsabilité", résume David Juillard, interrogé par TF1 sur la question dans la vidéo en tête de cet article. Par ailleurs, sans même d'obligation, le port du casque progresserait spontanément chez les usagers, et notamment chez les plus jeunes, selon la Fédération française des usagers de la bicyclette.


Aurélie LOEK

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