MAUVAISE PASSE - Elle a été, pendant des décennies, l'étendard à porter au bureau. Mais aujourd'hui, avec des ventes divisées par deux en moins de dix ans, la cravate se fait de plus en plus discrète.
Portées au cou des hommes d'affaires ou des caciques politiques, telle une marque de prestige, force est de constater que la cravate ne fait plus recette. Les chiffres sont d'ailleurs sans appel : de trois millions de cravates achetées en France, en 2012, le chiffre est tombé à 1,42 million, en 2019.
Pour en avoir le cœur net, direction le quartier d'affaires de La Défense (Hauts-de-Seine) où le 20H de TF1 a mené son enquête. Et le petit bout de tissu semble avoir disparu. "C'est dérangeant, il faut quand même être un minimum à l'aise quand on travaille. La cravate, c'est has been", lance ainsi un salarié. "Je n'ai même pas besoin de cravate parce que les clients que je rencontre sont habitués à un style vestimentaire normal et décontracté", renchérit un autre.
Les géants du numérique ont bousculé les codes
La cravate était pourtant omniprésente il y a quelques années, mais aujourd'hui, la jeune génération a du mal à la nouer correctement. Rien d'étonnant pour Marc Sabatier, co-fondateur du cabinet Julhiet-Sterwen. Il explique dans la vidéo en tête de cet article que si les entreprises sont plus souples, c'est parce que les géants du numérique ont bousculé les codes. L'ancien patron d'Apple était par exemple célèbre pour ses cols roulés. Le fondateur de Facebook, lui, ne jure que par les T-shirts.
"Ces gens-là ont montré qu'on pouvait être bon, compétent, entrepreneur et réussir sans porter de cravate ni de costard. Résultat : tout le monde se dit 'moi aussi, je peux travailler de cette façon-là'", explique-t-il. Dans les magasins, même constat : la cravate est désormais reléguée au fond dans un tout petit espace. "Il y a un peu plus de 20 ans, le rayon cravates aurait pu faire tout le mur", indique Erika Joffrin-Cadix, directrice de l'offre chez Jules.
Le nœud papillon, davantage à la mode ?
Autre temps, autres mœurs, mais il y a tout de même quelques irréductibles. Louis, à peine majeur, en fait partie. Il compte bien dépenser 25 euros pour s'acheter une nouvelle cravate. "En ce moment, je fais beaucoup de concours et d'entretiens pour rentrer dans une école de commerce. Donc, je mets une cravate, je trouve que ça peut faire la différence", dit-il.
La cravate résiste aussi pour certaines occasions, comme les mariages. C'est ce que constate Roxane, qui en filme une vingtaine chaque année, même si récemment, elle avoue que le nœud papillon a changé la donne. "Je dirais que c'est une question de génération. Parce qu'à chaque fois, dans les mariages plus jeunes où les mariés ont entre 25 et 30 ans, c'est généralement le nœud papillon qui prime", souligne-t-elle.
Reste néanmoins un secteur où la cravate demeure incontournable : la politique. À l'Assemblée nationale, même si elle n'est plus obligatoire depuis 2017, elle demeure ultra-majoritaire. Quant au président, sur sa photo officielle, il porte une cravate de marque française, fabriquée dans le loir-et-Cher.
La marque s'est spécialisée dans la création de modèles avec des motifs insolites. La bonne solution pour perdurer ? "Notre idée, c'est d'apporter quelque chose de moins conformiste, de ne plus être un marqueur d'uniformité, mais au contraire un marqueur d'originalité", avance Alexandre Chapelier, fondateur de Cinabre. En tout cas, le principe a l'air de fonctionner. "Chaque année, nos ventes de cravates augmentent de 30%, voire plus", précise-t-il, convaincu que la mode étant un éternel recommencement, la cravate reprendra bientôt toute la lumière.
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