Pourquoi autant de réacteurs nucléaires français sont-ils actuellement à l'arrêt ?

Maxence GEVIN | Reportage TF1 : Pierre Gallaccio, Bertrand Lachat
Publié le 29 mars 2022 à 10h30
JT Perso
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Source : JT 20h WE

Près de la moitié des réacteurs nucléaires français sont à l'arrêt en ce début de printemps.
Un nombre historiquement élevé qui a plusieurs causes.

Le sens du (mauvais) timing. Une large partie des centrales nucléaires françaises se retrouvent, de manière simultanée, à l'arrêt. 24 des 56 des réacteurs du parc hexagonal, soit près de la moitié, ne produisent ainsi pas d'électricité. Un nombre historiquement élevé en ce début de printemps. Mais comment l'expliquer ? 

Des travaux programmés, parfois repoussés par le Covid-19

Ces suspensions ont, pour la plupart, été programmées. "On passe, sur un certain nombre de réacteurs, les 40 ans. Lesdits réacteurs font l'objet d'un programme de mise à niveau massive", explique Régis Clément, directeur adjoint du parc nucléaire français, dans le reportage de TF1 en tête de cet article. En d'autres termes, nombre de ces arrêts provisoires étaient programmés. Durant ce laps de temps, des travaux d'entretien, indispensables pour éviter tout risque de catastrophe, sont effectués. À Chinon par exemple, qui produit en temps normal l'électricité pour près de 4 millions de foyers, deux mois d'arrêt sont nécessaires pour des travaux de maintenance de l'enveloppe thermique du réacteur 4. Cette opération n'a lieu qu'une fois tous les dix ans. Pour cela, 40 personnes sont mobilisées six jours sur sept, 24 heures sur 24.

Pour ne rien arranger, certaines de ces opérations ont été reportées avec les confinements successifs liés à la crise du Covid-19. Plusieurs d'entre elles sont donc effectuées de manière simultanée alors qu'elles devaient, initialement, être échelonnées dans le temps. 

De petites anomalies

En outre, de potentielles anomalies ont été détectées dans certaines infrastructures, en entraînant l'arrêt provisoire. Il s'agit notamment de traces de corrosion sur la tuyauterie. "On cherche à voir s'il y a des microfissures, d'éventuelles imperfections dans l'assemblage", note  Olivier Szwedek, chef du pôle d'analyse des matériaux du laboratoire Lidec. Dans le pire des cas, si ces microfissures progressent fortement, cela peut créer une fuite. Par conséquent, si une pièce est défectueuse, il faut immédiatement la remplacer. Outre le réacteur 3 de Chinon - où le circuit affecté est celui de refroidissement en cas d'urgence -, deux de la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes), un de Penly (Seine-Maritime) et deux de la centrale de Civaux (Vienne) sont concernés par ce soucis. 

En parallèle, d'autres dysfonctionnements interviennent ponctuellement, comme à Gravelines en décembre dernier. Le réacteur n°1 s'était alors arrêté en urgence, en raison d'une anomalie électrique sur une ligne à très haute-tension du site. Il n'avait pas être redémarré immédiatement, un autre problème ayant été détecté dans la foulée, cette fois sur un capteur de niveau d’eau d’un générateur de vapeur.

Un défi industriel historique pour la filière

Régis Clément, directeur adjoint du parc nucléaire français

Tous ces facteurs fragilisent nettement la production d'électricité en France, largement dépendante du nucléaire (pour plus de 70%). Cela explique que, depuis le mois de novembre dernier, la France se trouve fréquemment en situation d’import d’électricité alors qu’elle est traditionnellement exportatrice. "On est en situation d’importateur, on a besoin de l’électricité de nos voisins et on fait tourner à fond nos centrales au gaz et au charbon, ce qui est un problème pour le climat puisque l’on émet beaucoup plus de gaz à effet de serre en ce moment", souligne ainsi, sur France-Inter, François-Marie Bréon, climatologue et physicien. Le tout dans un contexte inflationniste, notamment pour le secteur des énergies, et géopolitique tendu. 

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Dans l'état actuel des choses, ces perturbations pourraient entraîner des tensions à l'hiver 2022, a prévenu lundi Commission de régulation de l'énergie (CRE). "Il y a urgence et chacun doit s'y mettre", martèle Jean-François Carenco, son président, dans les colonnes des Échos. "Il faut économiser du gaz et de l'électricité en France dès maintenant sinon cela pourrait mal se passer l'hiver prochain", estime-t-il, invitant chacun à faire des efforts, "les industriels, le tertiaire, les bâtiments publics mais aussi chacun d'entre nous, que ce soit en baissant le chauffage, la climatisation, les lumières". "On a un défi industriel historique pour la filière", conclut Régis Clément. 


Maxence GEVIN | Reportage TF1 : Pierre Gallaccio, Bertrand Lachat

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