BRAS DE FER - Face au refus de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie de reprendre la plupart de leurs ressortissants en situation irrégulière, la France va réduire drastiquement le nombre de visas accordés à ces trois pays.
Le porte-parole du gouvernement a annoncé une réduction substantielle du nombre de visas accordés aux pays du Maghreb, arguant de leur refus de permettre l'expulsion effective de leurs ressortissants en situation irrégulière en France. "D’ici à quelques semaines", a expliqué Gabriel Attal, le nombre de visas accordés aux Marocains et aux Algériens sera diminué de moitié, et d'un tiers pour les Tunisiens. Au cœur de la colère affichée par Paris, les "laissez-passer consulaires" délivrés au compte-gouttes par ces pays, alors qu'ils sont nécessaires à toute expulsion.
Entre les mois de janvier et juillet cette année, 14.456 ressortissants d'Algérie, du Maroc ou de Tunisie, ont reçu une obligation de quitter le territoire français. Mais seuls 233 d'entre eux sont retournés dans leur pays, soit 1,6% d'expulsion effective. Car pour que la France puisse expulser quelqu'un, il faut que le pays d'origine accepte son ressortissant. Or dans la plupart des cas, il refuse en utilisant le levier des "laissez-passer consulaires" : sans ce document, l'ordre d'expulsion ne peut pas être appliqué. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, l'Algérie n'en aurait délivré entre janvier et juillet que 31 pour 7731 obligations de quitter la France (OQTF) prononcées. 22 expulsions ont effectivement été réalisées, soit un taux d'exécution de 0,2%. Ce taux est légèrement supérieur pour les OQTF concernant les ressortissants marocains (2,4%), et tunisiens (4%).
🔴🗣️ "Madame #LePen ( @MLP_officiel ) fait semblant d'avoir l'impression qu'elle a été entendue, mais ce n'est pas une nouveauté" : @CCastaner , sur le durcissement des conditions d'obtention des #visas avec le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, dans #RuthElkrief2022 | @ruthelkrief . pic.twitter.com/hUHXTEnVAL — LCI (@LCI) September 28, 2021
Selon Matthieu Tardis, chercheur à l’IFRI interviewé dans le sujet de TF1 en tête de cet article, c'est avant tout pour des raisons financières que les pays visés traînent les pieds. "Les étrangers qui se trouvent dans les pays du Nord, travaillent et envoient une partie de leur argent dans leur famille, dans le pays d'origine", explique-t-il : "Ces transferts de fonds sont des flux financiers qui sont extrêmement importants".
Cette décision est une répression contre les Marocains et contre la liberté de voyager
Un habitant de Rabat
La diminution du nombre de visas accordé sera assortie d'une priorisation : les travailleurs qualifiés et les étudiants en cursus avancés seront privilégiés, au détriment des autres demandes comme les regroupements familiaux. Devant l'ambassade de France à Rabat, des habitants disent leur amertume : "Ici au Maroc", explique l'un d'eux, "nous considérons que cette décision est une répression contre les Marocains et contre la liberté de voyager". La mesure constitue en effet un changement majeur, puisque la France avait approuvé cette année les trois quarts des demandes émises depuis le Maghreb.
Emmanuel Macron avait promis au début de son mandat un taux d'exécution des reconduites à la frontière de 100%, et le porte-parole du gouvernement affirme que des discussions sont en cours avec les pays concernés depuis 2018, que le président avait demandé d'accélérer en juin dernier. Avec la diminution drastique des visas, l'exécutif tape du poing sur la table alors que le débat en vue des présidentielles semble se polariser sur la question migratoire : l'annonce est d'ailleurs intervenue le jour même où la candidate Marine Le Pen promettait un "référendum sur l'immigration".
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