ACCRO AU BOULOT - Vous consultez vos mails pro sans arrêt, vous n’arrivez pas à faire de vraies coupures quand vous êtes en congés ? Vous êtes peut-être un accro du travail ou ce qu’on appelle plus communément aujourd’hui un "work addict". Explications.
Aussi bizarre que cela puisse paraître pour certains, on peut être dépendant au travail comme on peut l’être au tabac ou l’alcool. Être work addict, c’est avant tout avoir une difficulté à décrocher. On pense au travail sans arrêt, on y passe une très large partie de son temps ou quand on est en repos, on culpabilise, on ne lâche pas son portable et on saute sur le premier mail qu’on reçoit...
Comment devient-on work addict ? Pourquoi ? Quelles sont les conséquences sur la vie sociale et professionnelle ? Quelles sont les solutions pour s'en sortir et ne pas craquer ? Eléments de réponse.
Le travail, une drogue ?
La difficulté est de savoir quand on bascule du plaisir à la souffrance, car par ailleurs, le fait d'être work addict est bien vu par la société. En effet, contrairement à l’alcool ou encore les jeux d’argent, être accro au travail est plutôt valorisé dans l’entreprise, si vous restez efficace dans votre démarche.
Ceux qui sont le plus souvent touchés sont des personnes qui ont des vulnérabilités d'ordre psychologique ou biologique. Comme nous l'explique le professeur Amine Benyamina, pyschiatre et addictologue : "A la faveur d'une activité professionnelle, ces individus qui arrivaient à s'équilibrer au départ, deviennent ensuite dépendants et l'arrêt du travail devient alors une souffrance."
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Vie sociale en berne et inefficacité
Si vous laissez votre dépendance prendre le dessus, les conséquences peuvent être pénalisantes pour vous-même comme pour les autres. Cela se reflète le plus souvent sur votre vie sociale. On vous reproche de ne plus vous voir aussi bien du côté de votre famille que de vos amis. Le risque principal à long terme est donc l'isolement. Cette conduite peut parfois même mener au divorce ou encore au chômage car vous êtes moins productif. Vous négligez tous les aspects de votre vie comme la santé, l'environnement, les loisirs...
La solution ? S'il n'existe pas de traitements médicamenteux, il y a "une attitude à avoir, une thérapie comportementale" à mener, comme le suggère le professeur Benyamina. Il faut "se donner un cadre, respecter un nombre d'heures", en d'autres termes "se fixer une véritable hygiène de vie".
Enfin, si vous êtes manager, c'est aussi à vous d'identifier les personnes concernées, de les accompagner et de fixer un cadre dans votre équipe pour empêcher une telle situation de s'installer.