FLÉAU - Les violences conjugales ont augmenté l'année dernière en France : 130 femmes sont tombées sous les coups de leur compagnon, de leur ex-conjoint ou petit ami, contre 123 en 2016, a annoncé le ministre de l'Intérieur. Dans le même temps, le lancement d'un portail internet dévolu au recueil des signalements est prévu ce mardi.
Une femme meurt tous les trois jours en France du fait de la violence de son compagnon ou de son ex-compagnon, un chiffre ahurissant... et qui ne diminue pas. L'année dernière le nombre de femmes tuées a même progressé. On dénombre 109 victimes, tuées au sein de ce que l'on considère des "couples officiels". Si on ajoute à ces chiffres macabres ceux des femmes tuées par un petit ami, un amant ou une relation épisodique, le nombre de féminicides grimpe à 130, selon des données communiquées par le ministère de l'Intérieur.
"Une forme de régularité glaçante depuis des années", a souligné Marlène Schiappa dans un communiqué publié lundi 26 novembre. Si la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes/hommes met en avant les mesures gouvernementales mises en place pour limiter ce fléau, elle estime également que le gouvernement "ne pourra pas tout, tout seul". "Quand on est témoin d'un cambriolage, on appelle la police. Il faut que le réflexe soit le même lorsqu'on est témoin de violences envers une femme", a-t-elle ainsi martelé.
Pour Françoise Brié, présidente de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) qui gère la ligne téléphonique 3919, dédiée aux femmes victimes de violences, et dont le nombre d'appels a explosé ces derniers mois suite à la vague #MeToo, "il faut aller plus loin dans le repérage des violences, par un travail commun entre les associations et la police". "Plus les femmes sortent tôt des violences, moins les conséquences sont graves", a-t-elle ajouté.
Bannir les expressions "drame passionnel" ou "dispute conjugale"
Annick Gauthier, mère d'une femme tuée par son ex-compagnon en 2017, estime également que les mentalités doivent changer. Elle aimerait qu'on bannisse les termes "dispute conjugale, drame passionnel ou familial" lors du traitement médiatique et judiciaire de ces faits, confie-t-elle à nos confrères de l'AFP, organe de presse qui a de son côté demandé à ses agenciers de cesser d'utiliser ces expressions dans leurs articles et dépêches.
Pour cette Rémoise de 56 ans, le sort de sa fille aurait pu être tout autre dans un autre cadre. Quinze jours avant sa mort, la femme de 30 ans avait déposé plainte pour violation de domicile car l'homme qu'elle avait quitté s'était introduit chez elle en brisant une vitre. "Cela n'a pas vraiment été pris au sérieux", regrette aujourd'hui Annick Gauthier. "Les gendarmes y ont vu 'une petite bagarre d'amoureux'". "Une femme qui vient déposer plainte, c'est toujours parce qu'elle se sent en danger. Il ne faut plus qu'on la laisse repartir chez elle sans que quelque chose soit enclenché", plaide-t-elle, en appelant "à une action concertée des politiques, des magistrats et des forces de l'ordre".
Si elle témoigne, c'est pour que derrière les chiffres publiés chaque année, les victimes ne soient pas oubliées. Un féminicide "n'est pas qu'un chiffre annuel, c'est beaucoup de victimes, y compris collatérales, qu'on oublie", plaide-t-elle. "Quand est-ce qu'on va réagir au fait que 130 femmes sont tuées chaque année, l'équivalent de la tuerie du 13-Novembre?", s'indigne-t-elle. A ces victimes de l'an dernier, il faut ajouter 25 enfants tués dans le cadre de violences conjugales, et 151 tentatives d'homicides au sein du couple. En incluant les 21 hommes tués, les auteurs qui se sont suicidés après le meurtre, et les victimes collatérales, les violences conjugales ont fait au total 247 morts l'an dernier.
Des forces de l'ordre spécifiquement formées à cette question
Ces données tombent à la veille du lancement d'un nouveau portail de signalement en ligne des violences sexuelles et sexistes. Celui-ci sera disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 via le site www.service-public.fr. Il permettra aux victimes d'entrer en contact par chat avec des policiers ou des gendarmes spécifiquement formés, un autre point régulièrement soulevé par les associations de défense des droits des femmes. Ce dispositif "est le premier des jalons, technique et politique, pour éradiquer" ces violences, a fait valoir ce dimanche Edouard Philippe sur Facebook.
Emmanuel Macron avait fait de la lutte contre les violences faites aux femmes l'une des grandes causes de son quinquennat. Plusieurs mesures ont déjà été mises en place notamment début octobre : une dotation supplémentaire pour le numéro d'accueil des victimes, le 3919, un outil de géolocalisation des places d'hébergement d'urgence pour encourager les victimes à quitter leur domicile, ou encore la création de postes pour faciliter le lien entre les associations, les victimes et les professionnels. Marlène Schiappa a aussi annoncé le fléchage de 400.000 euros non dépensés et initialement inscrits à son budget communication vers cinq associations qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles.
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