Violences, débordements : les taxis font-ils la grève de trop ?

Publié le 25 juin 2015 à 14h10
Violences, débordements :  les taxis font-ils la grève de trop ?

JE RENVERSE TA VOITURE - Les chauffeurs de taxis en grève organisent depuis jeudi matin des blocages à Paris et dans plusieurs villes de province pour dénoncer le service UberPOP, illégal mais en plein boom. Un mouvement qui donne lieu à des débordements, y compris contre les chauffeurs privés ayant le droit de circuler.

Aéroports et périphérique bloqués, barrages filtrants à Marseille, voitures incendiées, chauffeurs et journalistes agressés à la porte Maillot, à l'ouest de Paris… Le mouvement des chauffeurs de taxi contre le service UberPOP, accusé de concurrence déloyale, a pris des allures de bataille rangée ce jeudi. Face à ces flambées de violences, Bernard Cazeneuve, appelait à la mi-journée "chacun à garder son calme". Une formule plutôt sobre, le ministre de l’Intérieur ayant préféré annoncer aux grévistes l'interdiction prochaine du service décrié par un arrêté du préfet de police de Paris.

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Si les politiques se montraient plutôt mesurés sur la tournure prise par le mouvement, les utilisateurs, eux, semblaient particulièrement remontés contre les agissements des taxis. Les taxis viendraient-ils d'écorner brutalement leur image ? C'est le cas chez certains ressortissants étrangers en visite dans la capitale. En transit à l'aéroport de Roissy, la chanteuse Courtney Love s'en prenait ainsi vertement, jeudi, à François Hollande après avoir subi en direct la colère des chauffeurs de taxi.

Même montée de tension pour les anonymes en provenance de l'aéroport. "Nous souhaitions prendre le taxi depuis Roissy, mais c'était totalement bloqué. Nous avons dû nous rabattre sur le train, qui circulait heureusement", raconte Merilin, une Estonienne tout juste débarquée à Paris avec son mari et sa fille de 4 ans. Son époux, qui connaît déjà la polémique autour d'UberPOP, se demande en souriant combien de temps durera la grève, une "tradition" française selon lui.

Sur les réseaux sociaux, l'image des taxis brûlant des pneus et renversant des voitures n'a franchement pas la cote.

"Les taxis mettent Paris à feu et à sang", jugeait pour sa part @Juliette_scs , tandis que @pagondorf estimait que "la violence des chauffeurs de taxi renvoie vraiment une image exécrable de la France". "Les taxis caillassent une voiture Uber avec un bébé de touristes à l'intérieur, belle communication", concluait pour sa part V_Citizen .

"Ils auraient mieux fait d'organiser une manifestation bon enfant"

Le mouvement des taxis serait-il totalement contre-productif ? "Depuis ce matin, vous entendez le nom UberPOP trois fois par minute à la télé et à la radio", observe Yves Weisselberger, fondateur de SnapCar, une société de chauffeurs privés (VTC, autorisés, à la différence d'UberPOP). "Les taxis auraient mieux fait d'organiser une manifestation bon enfant." Tout en condamnant "avec fermeté" les actions menées par certains chauffeurs de taxi, le patron de la société de VTC n'est pas surpris par la tournure des événements. "Cela faisait plusieurs jours que la tension montait. Le gouvernement a joué avec le feu en promettant aux taxis qu'il interdirait UberPOP, alors que dans les faits ce n'est pas le cas."

"Nous condamnons ces violences, assure également à metronews Serge Metz, PDG des taxis G7, qui compte près de 8000 chauffeurs. Nous envoyons des appels au calme. La grande majorité des taxis sont des professionnels, il ne faut pas faire l'amalgame avec certains extrémistes." Pour le patron de la société de taxis, "ce sont les provocations permanentes d'UberPOP qui attisent la haine". Les chauffeurs de taxis ont un gros travail de pédagogie en perspective. Car en attendant, une pétition de soutien à UberPOP avait déjà recueilli plus de 66000 signatures jeudi après-midi.


Vincent MICHELON

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