Violences faites aux femmes : 14% des Françaises se disent victimes de violences conjugales

par Maëlane LOAËC
Publié le 24 novembre 2022 à 18h30, mis à jour le 25 novembre 2022 à 6h22

Source : JT 20h WE

La part de femmes victimes de violences au sein de leur couple a progressé depuis deux ans, d'après un sondage Ifop pour la Fédération nationale Solidarité Femmes.
Près d'une femme sur dix dit subir des violences physiques ou sexuelles, mais aussi des violences psychologiques et verbales.

Le fléau touche de plus en plus de femmes. La Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), qui accompagne des femmes victimes de violences et leurs enfants, tire la sonnette d'alarme. À l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, ce vendredi, l'association a commandé un sondage à l'institut Ifop, dont il ressort un constat inquiétant : 14% des Françaises déclarent avoir été victimes de violences conjugales au cours de l'année écoulée. Un chiffre en progression, puisque 9% d'entre elles se disaient concernées en novembre 2020, au sortir du deuxième confinement. 

Autres chiffres marquants sur 2022 : 9% des femmes se disent victimes de violences conjugales physiques ou sexuelles, et 11% d'injures, insultes ou dénigrement de la part de leur conjoint, autant de violences psychologiques et verbales. Sans compter 5% des femmes qui affirment avoir subi des violences économiques, comme le contrôle de leurs dépenses ou la confiscation de leur salaire. Ces violences "ne diminuent pas, pire, elles semblent concerner un plus grand nombre de femmes", s'inquiète dans un communiqué l'association, qui réunit 78 associations spécialisées dans l’accompagnement des victimes. 

4 femmes sur 10 connaissent dans leur entourage une femme victime

Quant aux conjoints eux-mêmes, une proportion non négligeable d'hommes interrogés dans le cadre de cette enquête d'opinion minimisent voire nient certaines violences au sein du couple : 12% des hommes français estiment que donner une gifle à son ou sa conjointe, et le ou la forcer à avoir un rapport sexuel n'est pas une violence conjugale. Sur le volet économique, un sur cinq considère que confisquer ses moyens de paiement n'est pas une violence économique, ni même l'empêcher d'avoir accès à ses revenus et comptes bancaires, pour 26% d'entre eux. Les femmes, elles, sont moins nombreuses à partager chacune de ces opinions.

"Ces données éclairent à nouveau le fléau des violences sexistes contre lequel nous luttons, et sont accablantes", déclare dans le communiqué Françoise Brié, directrice générale de l'association. Les dispositifs d'accompagnement de Solidarités Femmes sont en effet de plus en plus sollicités. Parmi eux, des centres d'hébergement et d'accueil, mais aussi la ligne d'écoute du 3919, un numéro d'urgence pour les femmes victimes de violences : le nombre d'appels a augmenté de 14% par rapport à 2019, révélait la fédération mardi.

"Ce sondage nous montre que le chemin à parcourir sera encore long, même si nous mesurons des évolutions positives accomplies depuis quelques années. Des efforts accrus sont encore nécessaires", plaide sa représentante. Pour lutter contre ce fléau, les femmes sondées appellent à faire de la rapidité du traitement judiciaire une priorité, ainsi que de l'accueil des victimes dans les commissariats et la proposition d'un hébergement éloigné de leur domicile. "Elles adhèrent également à la mise en place de juridictions spécialisées", souligne le communiqué. 

Par ailleurs, 43% des Françaises connaissent dans leur entourage familial, amical ou professionnel une femme victime de violences conjugales, un "résultat glaçant" aux yeux de Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop. "Il explique largement le degré d'exigence des personnes interrogées à l'égard de l’institution judiciaire, notamment en termes de priorisation et de rapidité du traitement de ces affaires", abonde-t-il.

Enquête menée auprès d'un échantillon de 4017 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, par des interviews réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 8 au 21 novembre 2022.


Maëlane LOAËC

Tout
TF1 Info