INTERVIEW - Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français publie pour la première fois ce jeudi 21 octobre une charte rappelant aux patientes leurs droits lors d'une consultation, destinée à être affichée en salle d'attente. Le secrétaire général de ce collège nous rappelle comment doit se passer une consultation.
"Redonner confiance aux patientes" : tel est le mot d’ordre du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, qui publie ce jeudi 21 octobre une charte des bonnes pratiques en consultation. Un protocole rédigé alors que des voix s'élèvent contre les actes violents subis au cours d'une consultation gynécologique et obstétricale. Depuis septembre, un gynécologue de l’hôpital parisien Tenon, le spécialiste de l’endométriose Emile Daraï, est visé par une enquête préliminaire pour viols.
Dès 2018, un rapport du Haut conseil à l’égalité signalait déjà que les violences subies par des patientes dans le cadre de consultation obstétricale et gynécologique ne relevaient pas de "faits isolés", et qu’une "prise de conscience" des pouvoirs publics était désormais incontournable. Les langues s’étaient déjà déliées à ce sujet en novembre 2014, lorsque quelque 7000 témoignages avaient été recueillis sur Twitter en 24 heures à peine sous le hasthag #PayeTonUtérus.
"Nous prenons les plaintes très au sérieux, mais nous voulons rappeler que l’immense majorité des professionnels adopte déjà des pratiques respectueuses, estime le Dr Geoffroy Robin, secrétaire général du Collège et gynécologue praticien au CHRU de Lille. Cette charte permet d’ancrer ces pratiques, en établissant très clairement un standard à respecter." Tous les praticiens sont encouragés à l’afficher dans leur salle d’attente, pour permettre à chaque patiente de la lire avant consultation.
"La femme ne subit pas, chaque geste doit être fait de son plein gré"
Point central de ce standard : "Le consentement de la patiente est fondamental", insiste le spécialiste. La charte stipule en premier lieu que la consultation en gynécologie ou en obstétrique "n’est pas une consultation comme les autres puisqu’elle touche à l’intimité des patientes", précise le texte. Un rendez-vous nécessitant donc "une écoute, une attitude, un dialogue", "dans un esprit de bienveillance et de respect mutuel". "La médecine paternaliste, c’est fini, lance Geoffroy Robin. On est maintenant tous formés à une médecine où les patients doivent avoir une autonomie dans le dépistage et le traitement. La femme ne subit pas, chaque geste doit être fait de son plein gré."
La patiente doit ainsi donner son accord oral avant tout examen clinique, comme un frottis ou une palpation des seins, qui doit être justifié et décrit précisément par le gynécologue ou l’obstétricien. "Si au cours de celui-ci, la patiente ressent un inconfort quelconque, elle peut bien sûr demander à l’arrêter, explique le gynécologue. Le professionnel ne peut pas imposer l’examen." Il doit en revanche expliquer à la patiente ce que cette observation ou ce diagnostic aurait pu apporter.
À noter également : ces examens ne sont pas systématiques. "Certaines jeunes filles qui consultent pour une première contraception par exemple sont souvent très anxieuses, on leur dit qu’elles vont avoir mal et 'passer à la casserole', déplore le spécialiste. Alors qu'il y a plein de situations dans lesquelles l'examen pelvien (gynécologique, ndlr) n'est pas nécessaire."
L’examen est nécessaire uniquement si "il y a une indication" : en cas de dépistage du cancer par exemple, mais aussi si la patiente présente des douleurs pelviennes, notamment lors de rapports sexuels, des risques d’infection, etc. Dans tous les cas, elle peut être accompagnée de la personne de son choix et refuser que plusieurs professionnels y assistent, notamment des soignants en formation.
Respecter l'intimité et la pudeur de la patiente
Quant aux questions personnelles et intimes, elles ne sont autorisées que si elles sont justifiées. "Je pose souvent la question sous une forme large du type : 'Avez-vous des soucis particuliers liés à votre sexualité ?', indique Geoffroy Robin. Dans le cas de soupçon d’infertilité par exemple, on peut demander à la patiente sa fréquence de rapports sexuels, sinon il n’y a pas lieu de le faire."
La pudeur de la patiente doit aussi être respectée, en lui permettant notamment de se dévêtir "à l’abri des regards". Et il n’est pas obligatoire de retirer tous ses vêtements d’un coup. "C’est très difficile d’être en confiance quand on est complètement nue sur la table d’examen, signale le spécialiste. Je propose toujours à mes patientes d’enlever le haut et de le remettre pour une palpation des seins, avant d’enlever le bas pour l’examen pelvien."
"Pour les patientes, c’est aussi l’occasion d’avoir un support établi sur lequel s’appuyer, pour évaluer si une consultation s’est bien déroulée dans le respect de leurs droits ou non", ajoute Geoffroy Robin. Signée par plusieurs sociétés savantes, cette charte a également été envoyée aux collèges d’enseignants, et devrait arriver entre les mains de tous les internes dans ces spécialités. L'objectif : leur permettre d’avoir un "recul critique sur ce qui est bien ou mal fait" dès le début de leur vie professionnelle, au cours de leurs stages.
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