VIOLENCES GYNÉCOLOGIQUES - Sujet polémique s'il en est, les violences gynécologiques et obstétricales reviennent dans le débat public alors que le Haut conseil à l'égalité entre femmes et hommes (HCEfh) rend ses recommandations ce vendredi 29 juin.
Le dossier est épineux. Souvenez-vous : en juillet 2017 la secrétaire d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa réveille l'ire des gynécologues et obstétriciens. En cause ? Les deux pieds qu'elle vient de poser dans le plat des "violences obstétricales", commises par des praticiens sur leurs patientes. Cette phrase, surtout, fait bondir une profession entière : "En France, on a un taux d'épisiotomies à 75%" assure-t-elle devant une commission du Sénat.
Cette statistique qui n'a rien d'officiel - elle est tirée d'une consultation sur le blog de la ministre, la réalité tourne davantage autour de 27% d'épisiotomies pratiquées en France - est rapidement démontée. Malgré tout, elle a le mérite de mettre le sujet sur la table. De très nombreux témoignages de patientes voient le jour : épisiotomie abusive, humiliations, touchers vaginaux non consentis, gestes violents... la liste des griefs est longue. A tel point que le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) est saisi par Marlène Schiappa. Ce vendredi 29 juin, il rend ses conclusions dans un climat un peu plus apaisé.
0 femmes au Conseil d'administration de l'Académie nationale de médecine
L'observation du Haut Conseil ne laisse pas de place au doute : "L'ampleur [des témoignages] atteste du fait qu'il ne s'agit pas de faits isolés et appelle une prise de conscience et une action publique ambitieuse pour les combattre". Les rapporteures font le constat que "les actes sexistes sont courants dans le suivi gynécologique et obstétrical des femmes". Parmi ceux-ci, les violences gynécologiques et obstétricales se déclinent en une multitude de réalités, comme la "non prise en compte de la gêne de la patiente", des "propos porteurs de jugements sur la sexualité, la tenue, le poids" de la patiente, des "injures sexistes", des actes réalisés sans consentement ou non justifiés médicalement ou encore du harcèlement sexuel, des agressions ou des viols. À titre d'exemple, le HCE rappelle qu'une femme sur deux ayant subi une épisiotomie (acte de découper le périnée pour éviter une déchirure) pendant son accouchement déplore "le manque ou l'absence totale d'explication".
Ces actes sexistes, le HCE les expliquent par un "défaut d'empathie plus particulièrement affirmé vis-à-vis des femmes", d'autant plus malvenu qu'il a lieu dans le cadre de consultations intimes. Les rapporteures mettent également en cause le manque de modules dédiés au consentement et aux relations humaines dans la formation initiale et continue des médecins. Et puis, ce rapport tente une explication un peu plus globale : "Aujourd'hui, et en dépit de l'augmentation importante de la part des femmes dans le secteur médical, le sexisme y est encore très présent". Exemples : des postes de décision qui incombent majoritairement aux hommes et un Conseil d'administration de l'Académie nationale de médecine 100% masculin.
Des recommandations concrètes
Le HCE appelle à une forte mobilisation des pouvoirs publics sur le sujet. Alors que faire pour transformer les pratiques en matière de gynécologie et d'obstétrique ? Au total, 26 recommandations sont formulées dans ce rapport. Il s'agit avant tout de reconnaître l'existence et l'ampleur des actes sexistes dans le suivi gynécologique, à travers la réalisation d'une première enquête de santé publique sur le sujet, d'une mesure de satisfaction des femmes quant à l'ensemble de leur suivi ainsi que la publication de données, maternité par maternité, relatives aux actes médicaux qui y sont pratiqués.
À partir de là, le HCE préconise de prévenir ces violences obstétricales en renforçant la formation des médecins et en faisant reconnaître, dans le Code de déontologie médicale, l'interdit des actes sexistes. Il est important aussi, toujours selon ce rapport, d'appliquer les bonnes pratiques diffusées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en matière d'accouchement et d'attribuer davantage de moyens au secteur de la maternité, dans le projet de loi finances pour 2019.
Enfin, partant du constat que ces actes sexistes restent majoritairement impunis, le Haut Conseil demande à ce que la transmission à la justice des plaintes formulées auprès de l'Ordre des médecins et des sages-femmes soit rendue automatique, si la victime est d'accord. Entretien pré-natal précoce, carnet de maternité et séances de préparation à l'accouchement comprenant des précisions sur les droits des patientes... les conseils pratiques du HCE sont nombreux. Par ailleurs, il n'a de cesse de demander la mise en place d'une éducation à la sexualité dans les écoles, obligatoire depuis 2001 mais peu appliquée dans les faits, sur laquelle se sont toutefois récemment penchés Marlène Schiappa et Jean-Michel Blanquer.
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