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Zones blanches : les territoires ruraux sont-ils vraiment "laissés à l'abandon" ?

Publié le 16 mars 2022 à 16h04

Source : JT 13h Semaine

Devant un parterre d'élu, Nicolas Dupont-Aignan a déploré que de nombreux territoires soient aujourd'hui laissés à l'abandon par les opérateurs.
Le chef de file de Debout la France déplore un téléphone qui "coupe à tout moment" et le nombre d'endroits "sans réseau" dans notre pays.
Un constat excessif, comme en témoignent les analyses opérées par l'Arcep, l'autorité en charge des télécoms.

À l'initiative de plusieurs associations d'élus, des candidats à l'élection présidentielle se sont succédé mardi à Montrouge (Hauts-de-Seine) pour s'exprimer dans le cadre de "rencontres des libertés locales". Un événement auquel a pris part le candidat de Debout la France à l'élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan. Au cours de sa prise de parole, le député a évoqué les aléas des réseaux téléphoniques et de la couverture opérée par les opérateurs. Les fameuses "zones blanches", telles qu'on les surnomme souvent.

"C'est quand même incroyable que nous soyons au XXIe siècle, dans un pays où quand vous vous déplacez, votre téléphone coupe à tout moment", a-t-il lancé. "Oui, on ne peut pas téléphoner, je l'ai ressenti moi-même", pointant du doigt "le nombre d'endroits de France où vous ne pouvez pas téléphoner" et où "il n'y a pas de réseau". N'est-on pas capable, interroge-t-il, "dans notre pays d'avoir une politique de l'État qui tord le bras des opérateurs téléphoniques pour à un moment dire 'stop' ? Quel est l'intérêt de laisser à l'abandon nos territoires ?"

Un maillage de plus en plus dense

Lorsque l'on évoque les "zones blanches", il est nécessaire de préciser si l'on se réfère à la couverture du territoire pour les appels et les SMS, ou si l'on évoque le réseau mobile, qui permet de se connecter à Internet. Dans son intervention, si Nicolas Dupont-Aignan évoque l'installation de lignes haut débit dans des immeubles (et fait donc référence aux réseaux mobiles), il concentre son propos sur les appels téléphoniques. 

En France, ces questions sont gérées par une instance administrative indépendante : l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (l'Arcep). Celle-ci propose à travers un site dédié de visualiser la couverture globale du territoire en fonction des différents opérateurs. Que ce soit pour les appels et SMS ou pour l'accès à l'Internet mobile. Des données qui viennent relativiser très largement le discours de Nicolas Dupont-Aignan.

En ce qui concerne les liaisons téléphoniques, l'Arcep distingue trois niveaux de réception. Une "très bonne couverture", une "bonne couverture", ainsi qu'une "couverture limitée". Cette dernière est à observer en détails, puisque cette dénomination s'applique partout où "vous devriez pouvoir téléphoner et échanger des SMS à l’extérieur des bâtiments dans la plupart des cas, mais probablement pas à l’intérieur des bâtiments". À cela, il faut enfin ajouter les zones qui ne bénéficient tout bonnement d'aucune liaison, particulièrement rares, mais que l'on peut notamment trouver dans les régions montagneuses ou très difficile d'accès. 

En France métropolitaine, on observe que plus de 99% de la population habite dans des zones où la couverture est jugée bonne, voire très bonne. Ce qui ne signifie pas pour autant que 99% du territoire peut compter sur des liaisons de qualité. Les zones couvertes de manière bonne ou très bonne oscillent : entre 93 et 97% de la France selon les opérateurs. Si dans les zones très denses et/ou touristiques, les opérateurs ont déployé des réseaux performants, l'Arcep a mis en place des protocoles pour évaluer la qualité des liaisons y compris en zone rurale. Les résultats des tests menés nous indiquent que les communications y sont jugées d'une qualité correcte pour 80 à 85% des mesures effectuées. Là encore, de légères variations s'observent en fonction des opérateurs. 

Des engagements contractuels

Dans son intervention, Nicolas Dupont-Aignan appelait à "tordre le bras" des opérateurs pour assurer une meilleure couverture du territoire. Une sortie surprenante, sachant que ces derniers sont d'ores et déjà tenus de réaliser des investissements. Les attributions de fréquences, renouvelées tous les dix ans, fixent des engagements en matière d'aménagement des infrastructures, en contrepartie d'une exclusivité d'exploitation. Divers objectifs sont ainsi fixés, avec une réévaluation au fil des ans jusqu'à 2031.

L'Arcep rappelle sur son site qu'en janvier 2018, elle annonçait avec le gouvernement "des engagements des opérateurs pour accélérer la couverture mobile des territoires métropolitains", un plan surnommé le "New Deal mobile". Ces engagements, indique l'autorité, "ont été retranscrits dans leurs licences actuelles en juillet 2018 afin de les rendre juridiquement opposables". Citons parmi les nouvelles obligations des opérateurs un "dispositif de couverture ciblée" mis en place pour "améliorer de manière localisée et significative la couverture de zones dans lesquelles un besoin d'aménagement numérique du territoire a été identifié par les collectivités et le gouvernement".

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Thomas DESZPOT

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