EQUIPE DE FRANCE – L’Euro 2016 a pris fin dimanche soir sur le modèle de la tragédie grecque de 2004, c’est-à-dire par une cruelle défaite du pays hôte. La France a succédé au Portugal dans le rôle du perdant, mais cette désillusion ne doit pas faire oublier ce que les Bleus ont gagné, par ailleurs, sur la route cahoteuse qui les a menés à la finale. On fait le bilan, calmement.
Dans la fournaise de la zone mixte du Stade de France, cet espace dévolu aux échanges entre joueurs et journalistes après les matchs, les Bleus ont eu du mal à réagir à chaud. Dimitri Payet, par exemple, ne s’est pas attardé, évoquant "une sensation horrible". D’autres, comme le capitaine, Hugo Lloris, sont tout de même arrivés à prendre un peu de recul : "Quand vous êtes compétiteur, vous n’avez qu’une chose en tête, c’est de gagner. Ça n’atténue pas notre déception, mais le bilan est quand même très positif. On a réalisé de très belles choses. On a vécu une grande aventure humaine. A l’image de ce qu’on a fait à la Coupe du monde au Brésil, on peut… On peut… Enfin, on a créé des bases. Pour l’avenir, c’est important. On reste une équipe jeune." Passage en revue de ces nouvelles bases.
►Un sélectionneur qui a donné vie à idée folle
On confesse qu’à la mi-temps du 8e de finale face à l’Irlande, quand les Bleus étaient menés 0-1, après une phase de poules pour le moins laborieuse, l’hypothèse d’une démission de Didier Deschamps nous a traversé l’esprit. Deux semaines plus tard, on en est loin. Grand classique paradoxal du foot : les Bleus ont perdu en finale après avoir réalisé leur meilleur match du tournoi, se procurant six occasions nettes (plus que dans n’importe quel autre match). Avec, toujours, cette folie, cette énergie dans les mouvements collectifs, mais de façon moins désordonnée.
On parle ici de contenu. De jeu. Loin des improvisations longtemps constatées, on a ainsi vu de belles séquences, à travers des circuits de possession établis, et un pressing élaboré dans le camp adverse. Comme une forme de maturité. Comme si, après une longue fermentation, on avait enfin pu servir le vin. C’est peut-être là la plus grande victoire d’un sélectionneur qui a dû faire sans la moitié de son équipe type, et souvent réduit à un rôle de meneur d’hommes opportuniste. Pour qui se souvient de la grève de Knysna en 2010 et des bisbilles de l’Euro 2012, les larmes des joueurs, dimanche soir, ont de quoi faire chaud au cœur. Ces joueurs-là ne considèrent plus la sélection comme un instrument de promotion personnelle. Ils font corps avec le maillot, comme leur coach. C’est, aussi, à mettre à son crédit.
►Un capitaine d’envergure
Pour l’heure, nul ne sait si Patrice Evra (35 ans) poursuivra ou non sa carrière internationale. Mais le taulier du vestiaire ne manquera peut-être pas autant qu’on pourrait le croire. Si personne n’a jamais remis en cause le talent d’Hugo Lloris, nombreux étaient ceux qui pointaient un déficit de charisme chez le capitaine. Pourtant, juste avant la prolongation de dimanche soir, qui se trouvait au centre du cercle de joueurs pour haranguer ses partenaires ? Hugo Lloris qui, par ailleurs, a souvent levé la voix à la mi-temps des rencontres mal engagées durant le tournoi, tout en multipliant les parades de classe. Car oui, on est aussi leaders par l’exemple, sur le terrain. Et oui, Hugo Lloris sort de cet Euro avec une aura, symbolisée par le hashtag
#MerciLloris
, l’un des plus utilisés sur Twitter ce lundi.
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►Une nouvelle ère qui s’ouvre en défense
"Il y a des joueurs qui ne seront jamais matures, même après 30 ans, et d’autres qui le sont à 20 ans." Didier Deschamps l’a toujours su, puisqu’il appartient lui-même à la seconde catégorie, dans laquelle il situait, par cette phrase, Samuel Umtiti, à la veille de la finale. Mais il lui a tout de même fallu du temps pour s’en rendre compte concernant le Lyonnais, convoqué comme réserviste, et qui l’est resté quand le sélectionneur a fait appel à Adil Rami, un élément extérieur au groupe, pour suppléer Raphaël Varane. Il aura donc fallu un autre forfait, celui de Jérémy Mathieu, puis la suspension de Rami en quarts, pour qu’Umtiti soit lancé dans le grand bain.
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Immense contre l’Allemagne et contre le Portugal, le jeune (22 ans) défenseur, tout juste recruté par le FC Barcelone, pourrait bien ne plus sortir de la charnière. A moins qu’il ne prenne plutôt la place laissée vacante par Patrice Evra sur le flanc gauche, pour permettre à Varane de reprendre la sienne. Quoi qu’il en soit, voici les Bleus dotés d’une nouvelle force, dans un secteur qui constituait son point faible avant le tournoi. Bacary Sagna, de son côté, a répondu présent. Et quand Mamadou Sakho ou Kurt Zouma reviendront, même le banc aura un peu plus fière allure.
►Des cartes rebattues au milieu de terrain
Initialement, les Bleus devaient disputer l’Euro avec un inamovible milieu à trois : Pogba-Diarra-Matuidi. Aujourd’hui, plus rien n’est figé, et c’est une bonne nouvelle. C’est avec un binôme Pogba-Matuidi que Didier Deschamps a débuté les trois derniers matchs du tournoi, mais Moussa Sissoko, depuis son aile droite, est souvent venu prêter main-forte dans l'axe quand le bateau tanguait. L’ex-Toulousain, meilleur joueur de la finale (avec Pepe), n’est plus ce bouche-trou qu’il a longtemps été. Il représente désormais, en fonction des contraintes tactiques, une alternative crédible, comme N’Golo Kanté, novice avant la compétition et à présent rompu au niveau international. Ce qu’on appelle une abondance de biens.
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►Une attaque qui vit très bien sans Benzema
Il y en a qui diront, si Karim Benzema ne revient plus en équipe de France, qu’il aura payé ses déclarations polémiques sur "la pression d’une partie raciste de la France". Ce serait un peu vite oublier que le sélectionneur peut aujourd’hui s’appuyer sur un trio complémentaire, très en vue durant cet Euro : Payet-Griezmann-Giroud. "Les statistiques parlent d’elles-mêmes, a dit l’attaquant des Gunners à ce sujet. On a beaucoup d’efficacité aujourd’hui sur le plan offensif. On a envie de continuer dans ce sens-là. C’est un projet collectif, une animation offensive. Il y a une certaine alchimie entre nous trois devant. On ne va pas dire le contraire, ça marche bien." Et il n’y a pas de raison que ça marche moins bien ces deux prochaines années.
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►Un pays qui aime de nouveau son équipe de France
De Biarritz à Saint-Denis, en passant par Nantes, Metz, Marseille, Lille et Lyon, on aura pris la vague bleue en pleine face depuis le début de la préparation, et pendant tout cet Euro 2016. Des maillots et des drapeaux partout, des familles entières faisant le pied de grue devant les hôtels ou les centres d’entraînement, un enthousiasme débordant autour et dans les stades.
"On a connu des moments difficiles cette année, des événements dramatiques, des histoires extra-sportives. Le fait d’avoir répondu présent sur le terrain nous donne un peu plus de fierté encore. De sentir tout le public français derrière nous, de sentir cette joie partagée entre les joueurs et le public, ça renforce les liens. Je pense que les Français ont eu vraiment besoin de s’évader à travers cette compétition. Le sport a cette force de rassembler, et on peut bien le voir dans ce qu’on est en train de vivre. Ça vaut le coup de finir sur les rotules", lâchait Hugo Lloris samedi.
Avant que Blaise Matuidi, encore marqué par l’abattement, ne souligne tard dimanche soir : "Avec ces regrets, on peut aussi avoir de la fierté. On a quand même fait un très bon tournoi. Et puis on a réussi à réunir le peuple français, à créer un engouement autour de nous et à donner de la joie, du bonheur, à des gens qui aiment le foot, mais aussi à d’autres qui aimaient peut-être moins ça avant. Ils se sont mis à aimer et c’est un peu grâce à notre travail." Gageons, du reste, que dans le pays de Raymond Poulidor, cette défaite poignante en finale ne les fera que d'autant plus entrer dans les cœurs de leurs compatriotes.
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