Blatter, Diack... "Tous ces gens ont profité du sport depuis 30 ans"

Publié le 9 novembre 2015 à 15h10
Blatter, Diack... "Tous ces gens ont profité du sport depuis 30 ans"

INTERVIEW - Blatter il y a peu, Diack maintenant : les affaires de corruption éclatent ces dernières semaines dans le monde du sport. Dernièrement, c'est la fédération internationale d'athlétisme (IAAF) qui est incriminée dans un rapport de l'Agence Mondiale Antidopage, dévoilé ce lundi. ”Pas étonnant”, répond le journaliste François Thomazeau, qui a étudié la question.

”L'imposture du sport”. Voilà le titre de l'ouvrage de François Thomazeau (Editions First), publié il y a un peu plus d'un an. L'imposture, on est en plein dedans alors qu'un rapport d'enquête accuse Lamine Diack, ancien président de la fédération internationale d'athlétisme, d'avoir couvert des affaires de dopage en échange de grosses sommes empochées par lui et ses proches. Une affaire de plus après les scandales à répétition au sein de la Fifa. Le résultat du passage d'un sport amateur à un sport professionnel, explique l'auteur, spécialisé dans la question.

Ces révélations vous étonnent-elles ?
Non, et ça m'étonne d'autant moins que lors de l'écriture de mon livre , il y a plus d'un an, les affaires sur la Fifa ou sur Diack couvaient déjà là. Blatter, Diack, Warner et d'autres étaient cités dans d'autres cas, notamment dans la faillite d'ISL (en 2001, un scandale impliquant l'entreprise de marketing qui gérait les droits médias de la Fifa, ndlr), dont ils se sont sortis par une pirouette juridique. Là, tous les vieux démons sont ressortis. Tous ces gens qui ont profité du sport depuis trente ans tombent les uns après les autres, et c'est un peu normal.

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Comment expliquez-vous ces scandales qui s'enchaînent ?
Les mis en cause ont tous le même âge. Ils ont vécu assez difficilement la transition de l'amateurisme du sport au professionnalisme. On est passé d'un monde associatif et légèrement politique au monde du business. Quand Blatter devient secrétaire général de la Fifa (1981), c'est une petite maison à Zurich avec 2-3 employés et un budget rikiki. Aujourd'hui, elle brasse des milliards. C'est pareil pour Diack. Le business sportif est devenu lucratif et cela peut expliquer que ces gens-là se soient laissés tenter. Le sport pensait garder une spécificité, en ne se soumettant pas aux règles du business. Maintenant, il doit les respecter pour éviter les collusions d'intérêt ou l'abus de bien social.

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Comment faire pour lutter contre la corruption ?
Un petit cataclysme, comme ceux que l'on vit actuellement, peut remettre le système en cause. On voit une amélioration de la gouvernance du sport. Les gens perméables à la corruption vont quitter leur place. Il faudrait donner du pouvoir à des institutions supranationales, comme l'Agence mondiale antidopage (AMA, qui a enquêté sur le système Diack) ou le Tribunal administratif du sport (TAS), pour exercer à l'abri des pressions. Il faut commencer par là.

D'autres scandales sont-ils à prévoir ?
Il y a sans doute des choses à venir sur le tennis, le rugby... Mais la principale bombe à retardement, c'est les paris truqués. Lamine Diack avait sa société à Singapour, une plaque tournante pour tout un tas de trafics relatifs au sport. Dont celui des paris. Il y a beaucoup de blanchiment d'argent avec des paris sur des matchs truqués, cela représente des milliards de dollars. On a découvert quelques affaires minimes, mais c'est un fléau loin d'être éradiqué.


La rédaction de TF1info

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