Coronavirus : deux maires réclament l'interdiction de la venue des 3000 supporters de la Juventus à Lyon

par Hamza HIZZIR
Publié le 25 février 2020 à 17h55, mis à jour le 25 février 2020 à 19h03

Source : TF1 Info

DÉPLACEMENT À RISQUE - En pleine épidémie de coronavirus en Italie, près de 3.000 supporters de la Juventus sont attendus à Lyon pour le match de Ligue des champions de mercredi soir. Deux maires de communes limitrophes réclament l'interdiction de la venue des supporters... en vain pour l'instant.

Le dernier bilan officiel fait état près de 300 cas en Italie où 10 personnes sont décédées de la maladie. Turin est située dans la région du Piémont, où six cas ont été recensés. Et le club phare de la ville, la Juventus, débarque à Lyon pour y affronter l'OL, mercredi soir, en 8e de finale aller de la Ligue des champions. Alors que les institutions italiennes de football ont soit reporté, soit imposé un huis-clos pour les matchs du week-end à venir, environ 3.000 supporters de l'équipe turinoise vont arriver dans la capitale des Gaules afin d'assister au choc européen de ce mercredi soir. Comme si de rien n'était ?

"Pas de consigne particulière"

A ce stade, chacun semble se renvoyer la balle. "Nous n'avons aucun élément à vous donner au niveau de la Ville de Lyon, nous ne sommes pas décisionnaires, nous dit ainsi la municipalité. Nous attendons que des décisions soient prises et, le cas échéant, la Ville s'insérerait dans le dispositif mis en place par les autorités. Il y a une réunion des ministres de la Santé en Italie mais elle ne concerne pas que le match de football. Nous, nous n'avons pas reçu de consigne particulière. Ce qui veut dire que, sauf changement dans les prochaines heures, les supporters italiens pourront se rendre en ville normalement."

Tandis que l'Agence régionale de santé (ARS) nous renvoie vers "un numéro vert pour répondre à vos questions sur le coronavirus" dont le standard est saturé depuis de longues heures, la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, elle, nous explique : "Réglementairement, le préfet peut prendre des mesures d'interdiction d'événements sportifs ou culturels, comme l'interdiction de déplacement de supporters, mais seulement sur des motifs de risques de trouble à l'ordre public. Là, on parle d'une crise sanitaire, donc légalement, seul le ministre de la Santé peut prendre une mesure administrative, par voie d'arrêté, que le préfet mettrait ensuite à exécution. Ce n'est pas le cas pour l'instant."

L'Italie peut laisser voyager tranquillement ses citoyens parce que nous sommes un pays qui a pris des mesures efficaces.
Le Premier ministre italien Giuseppe Conte

Dans sa dernière déclaration publique, ce mardi matin sur RTL, le ministre de la Santé, Olivier Véran, tout en reconnaissant que l'épidémie était "à nos portes", s'est montré catégorique : "Il n’y a aucun argument scientifique et médical, aujourd’hui, qui nous conduisent à arrêter les événements collectifs, un, car le virus ne circule pas en France, et deux, parce que les cas sont circonscrits en Italie." De son côté, la Juventus a publié, ce mardi après-midi, un communiqué indiquant :"Les autorités françaises et l'OL font savoir que demain (mercredi), aucune restriction particulière n'est prévue pour les tifosi bianconeri". 

Le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, a ajouté, depuis Rome : "Des limitations  à la libre circulation des Italiens de la part d'Etats étrangers seraient injustes et inacceptables. L'Italie peut laisser voyager tranquillement ses citoyens parce que nous sommes un pays qui a pris des mesures efficaces et qui dispose d'un système de santé excellent."

On n'est pas tout à fait tranquilles. On se demande comment assurer la sécurité de nos clients et des collaborateurs.
Une employée d'un hôtel proche du Groupama Stadium

N'en déplaise au autorités italiennes, l'inquiétude existe pourtant bel et bien côté français. Les maires des communes de Meyzieu et Décines, où se situe le Groupama Stadium, théâtre du match, réclament eux d'interdire la venue des supporters italiens dans l'agglomération lyonnaise. Ils estiment que "la perspective de cette rencontre fait naître des craintes, légitimes" chez leurs administrés, "immédiatement concernés par l’accueil et les flux de supporters", les deux élus ajoutant qu'ils sont "en lien depuis plusieurs jours avec la préfecture de région mais aussi l’Agence régionale de santé" à ce sujet... En vain, donc.

Du côté des établissements hôteliers proches du stade, on préfère, dans l'immense majorité des cas, ne pas répondre aux questions à cet épineux sujet. A l'hôtel Ibis Styles Lyon Meyzieu Stadium, situé à cinq minutes de marche de l'enceinte, une employée nous confie toutefois : "On n'est pas tout à fait tranquilles. On se demande comment assurer la sécurité de nos clients et des collaborateurs. Il y a un conflit entre la volonté de se protéger et celle d'offrir un service de qualité aux clients. Par exemple, si on porte des masques, ce ne serait pas rassurant pour eux, en plus de ne pas servir à grand-chose pour les personnes non contaminées... Ce ne serait pas un bon signal. Donc on ne sait pas ce qu'on va faire, en fait. On attend qu'on nous en dise un peu plus, et on avisera."

Dans les faits, on n'en reste, pour l'heure, qu'à de fausses alertes. Comme ce car en provenance de Milan, resté longtemps bloqué à la gare routière de Lyon-Perrache lundi matin, pour que l'on découvre finalement que les quintes de toux du chauffeur et d'une passagère n'avaient rien à voir avec le coronavirus. Ou encore la décision annoncée par l'OL d'entourer le parcage visiteurs du stade d'un filet de sécurité mercredi soir... mais pour éviter des jets de projectiles qui seraient sanctionnés par une amende. Fin janvier, six Britanniques avaient bien été contaminés lors d’un séjour en Haute-Savoie, mais le dernier patient atteint du coronavirus, hospitalisé à Lyon, a pu rentrer chez lui, comme l'a précisé le ministre de la Santé lundi : "Il n’y a plus aucun malade hospitalisé en France, le dernier hospitalisé à Lyon est guéri, il n’est plus contagieux." Pour la psychose, il faudra donc peut-être plutôt repasser au match retour, prévu le 17 mars dans le Piémont.


Hamza HIZZIR

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