Coupe du monde 2019 : ce que les Bleues doivent absolument changer si elles veulent jouer les demi-finales

par Hamza HIZZIR
Publié le 24 juin 2019 à 14h06
Coupe du monde 2019 : ce que les Bleues doivent absolument changer si elles veulent jouer les demi-finales

MONDIAL 2019 – La victoire de l’équipe de France, dimanche soir face au Brésil (2-1 a.p) en 8es de finale du Mondial 2019, a un goût d’inachevé. La faute à des atermoiements récurrents, laissant craindre le pire dans la perspective d’un choc contre les États-Unis. Bonne nouvelle : les Bleues en ont parfaitement conscience.

Après les émotions brûlantes d’une qualification arrachée au forceps, la froideur de l’analyse. Oui, l’équipe de France, en remportant ses quatre premiers matchs dans cette Coupe du monde 2019 sur ses terres, dont le 8e de finale de dimanche soir au Havre face au Brésil (2-1 a.p), a fait le job et soulevé les foules. Mais le nécessaire, parfois, n’est pas suffisant.

Sur la route menant aux demi-finales, objectif minimal fixé par la Fédération française de football (FFF), se dressera en effet, selon toute vraisemblance, l’équipe la plus forte engagée dans le tournoi, ces États-Unis quatre fois finalistes et trois fois victorieuses en sept éditions mondiales, vendredi en quarts de finale au Parc des Princes. Une opposition dont la qualité laisse craindre le pire, si l’on imagine les Bleues reproduire les mêmes prestations que depuis le match d’ouverture.

Une statistique a de quoi interpeller : lors de leurs deux dernières rencontres, les filles de Corinne Diacre ne sont pas parvenues à cadrer une seule frappe avant le début de la seconde période. Sur le début de match face au Brésil, la sélectionneuse a ainsi reconnu, après coup : "Le groupe était très tendu. Je n'ai pas reconnu mon équipe. On n’a pas aligné trois passes. Mes joueuses se mettaient une telle pression qu'elles en oubliaient les fondamentaux. Je leur ai demandé d'être patientes, de conserver le ballon, de prendre le temps et d'être plus efficaces. Il nous fallait un peu plus de maîtrise."

On doit toutes se remettre en question, je pense, pour qu’au prochain match on fasse beaucoup mieux que ce qu’on a fait ce (dimanche) soir.
Amel Majri

Celle-ci ne s’est pourtant pas vue, ensuite. Au contraire, le savant pressing collectif brésilien, tout en agressivité et en lignes serrées à la perte du ballon, soulignait un contraste avec des Tricolores souvent éparpillées et contraintes à l’exploit individuel pour créer le danger ou, parfois, simplement récupérer un ballon. "De derrière, je trouve qu'on était trop loin les unes des autres, il n'y avait pas assez de mouvement, a confirmé la taulière de la défense, Wendie Renard. C'était compliqué de se trouver entre les lignes alors que c'était la consigne demandée."

Garder la tête froide et les rangs serrés : voilà donc les premières pistes, théoriques, à explorer pour atténuer les maux et faire durer le rêve bleu. D’un point de vue plus technique, l’attaquante star, Eugénie Le Sommer, insistait également sur un autre aspect : "Ce qui nous manque, c’est un peu plus de maîtrise dans le jeu, il nous faut avoir le ballon plus haut sur le terrain et le garder, pour essayer d’être plus dangereuses encore." Un constat qui se traduit en chiffres : alors que, dimanche soir, les Brésiliennes refusaient délibérément le jeu pour mieux répondre en contre-attaques, les Bleus ont péniblement conservé le ballon 51% du temps en tout et pour tout, et 46% en première période. Ce qui dit un gros déchet technique à la récupération.

Collectivement, on ne s'y retrouve pas parce qu'individuellement, certaines sont en-dessous de leur niveau.
Corinne Diacre

"L'important c'est de jouer, de se lâcher beaucoup plus, d’avoir plus de mouvement, d’être meilleures sur les coups de pieds arrêtés aussi. Il y a plein de trucs. On doit toutes se remettre en question, je pense, pour qu’au prochain match on fasse beaucoup mieux que ce qu’on a fait ce (dimanche) soir", a synthétisé Amel Majri, plus sévère que ses coéquipières dans l’analyse, mais qui en revient, elle aussi, au fameux état d’esprit, celui qui consiste précisément à "se lâcher beaucoup plus".

Problème : cette tension inhibante ne risque pas de décroître dans les prochains jours. "Oui, mais on est en quarts, plus en huitièmes, a répondu Corinne Diacre. On sait qu'il y a de la pression sur nos épaules. Ce n'est pas facile. Il faut avoir été sportif pour le savoir. Jouer devant un public aussi nombreux, même chez soi, ce n'est pas toujours évident. On peut accorder aux joueuses d'avoir un peu de pression et de jouer un peu moins bien. Elles ne sont pas à 100%, mais l'objectif est d'y arriver au prochain match. Je n'ai pas de baguette magique, mais on y travaille. On est peut-être à 80%, c'est dur à mesurer. Individuellement, certaines filles ne sont pas à 100% mais à 60, 70 ou 95. Donc collectivement, on ne s'y retrouve pas parce qu'individuellement certaines sont en-dessous de leur niveau."

La force de notre équipe, c'est de ne pas douter.
Griedge Mbock

Pour ce qui est de l’état d’esprit, du reste, Griedge Mbock, la défenseuse qui a maintenu son équipe en vie en sauvant sur sa ligne un ballon brûlant au cœur de la prolongation dimanche soir, a tenu à souligner : "On n'a jamais eu peur ce (dimanche) soir. La force de notre équipe, c'est de ne pas douter. Même dans les moments compliqués, on a montré qu'on arrivait à se relever, qu'on était solidaires, qu'on était un groupe, une équipe. Et c'est comme ça qu'on peut aller au bout." 


Hamza HIZZIR

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