France-Pologne : Griezmann replacé dans le cœur du jeu, le pari gagnant de Deschamps

Publié le 4 décembre 2022 à 8h00, mis à jour le 4 décembre 2022 à 18h23

Source : TF1 Info

Arrivée au Qatar avec plus d'interrogations que de certitudes, l'équipe de France a pourtant parfaitement négocié la phase de groupes de cette Coupe du monde.
Si Kylian Mbappé (3 buts, 1 passe décisive) a attiré la lumière des projecteurs, Antoine Griezmann a, lui aussi, enchaîné les prestations de haute volée.
Reconverti milieu de terrain, il rayonne par son activité et sa vision de jeu.

Un second souffle. En délicatesse en club ces derniers mois - au FC Barcelone puis à l'Atletico de Madrid -, Antoine Griezmann a vu sa confiance et son rendement en équipe de France s'effondrer. Le retour aux affaires d'un certain Karim Benzema n'a pas aidé le natif de Macon à retrouver ses repères, les deux joueurs affectionnant les mêmes zones sur le terrain. Mais depuis le coup d'envoi de ce Mondial, tout a changé. Et "Grizi" est redevenu la plaque tournante des Bleus, ce créateur si important dans le jeu tricolore. Une mue qui s'explique autant par le forfait de "KB9" que par le nouveau poste de celui qui occupe désormais la deuxième place du classement des meilleurs passeurs (26) avec le maillot tricolore. Explications. 

Griezmann l'infatigable

Orphelin de ses deux habituels patrons du milieu de terrain - Paul Pogba et Ngolo Kanté, tous deux sur le flanc -, Didier Deschamps a confié les clés de l'entrejeu tricolore à l'inexpérimenté Aurélien Tchouaméni (22 ans, 17 sélections). Adrien Rabiot (27 ans, 32 sélections) a aussi été davantage responsabilisé. Mais surtout, en complément de ce duo, efficace sans ballon mais parfois limité dans la créativité, le sélectionneur français a tenté un véritable coup de poker. Il a redescendu Antoine Griezmann, habituel attaquant, dans le cœur du jeu, à un poste de milieu relayeur. "Je lui demande sans doute des choses différentes, mais il n'y a pas de sacrifice de sa part", détaille "DD". "Il est tellement utile, intelligent, pour faire les compensations et permettre à l'équipe d'avoir un bon équilibre tout en ayant beaucoup de joueurs offensifs", ajoute-t-il. 

Plus aussi explosif que quelques années auparavant, mais toujours aussi intelligent dans ses choix et ses déplacements, l'ancien joueur de la Real Sociedad brille dans ses nouvelles fonctions. Sans ballon déjà, son activité incessante complète à merveille l'apport de ses deux compères. Multipliant les courses, il harcèle le porteur de balle adverse et coupe les lignes de passe. Extrêmement endurant, il fait partie des Bleus qui court le plus. Il a ainsi parcouru 11,7 kilomètres contre l'Australie (4-1) et 10,6 contre le Danemark (2-1), soit 22,3 kilomètres au total. Sur ces deux rencontres, seul Adrien Rabiot (23,8) a fait mieux.

Mais le stratège tricolore, qui a enchaîné contre la Pologne son 71e match consécutif en Bleus, ne fait pas que courir dans le vide, bien au contraire. À titre d'exemple, il s'est fendu de 5 tacles, a réalisé 2 interceptions et a remporté tous ses duels (6/6) contre le Danemark. Contre Lewandowski et compagnie, il a aussi (encore) été au four et au moulin. 

Caviars à gogo

En plus de cet abattage défensif, il brille à la création offensive. Ses courses tranchantes entre les lignes mettent au supplice les défenses adverses. Au même titre que son jeu de passe tranchant et sa vision de jeu acérée. Contre l'Australie, il a ainsi distillé 6 passes clés (dernière passe qui précède un tir d'un coéquipier). Quelques jours plus tard, contre le Danemark, il en a donné trois nouvelles, auxquelles s'ajoute une passe décisive pour le but de la victoire signé Kylian Mbappé. Ces neuf "chances" créées pour ses coéquipiers sont le meilleur total d'un Français après deux matchs de Coupe du monde depuis... Zinedine Zidane, en 1998. Sa transmission fouettée dans la profondeur, à destination du natif de Bondy, aurait également pu (dû ?) provoquer l'exclusion d'Andreas Christensen, en retard dans son intervention. 

J'ai plus de possibilités, de choix
Antoine Griezmann

Symbole de la révolte tricolore contre la Tunisie, après 75 minutes très pauvres, il a bien cru inscrire le but de l'égalisation au bout du temps additionnel (90'+8). C'était sans compter sur l'intervention peu compréhensible de la Var. Tant pis, le 43e but en Bleus attendra. "Je ne me prends pas la tête par rapport au but", confirme d'ailleurs le principal intéressé. 

Plus largement, son nouveau rôle n'est pas pour lui déplaire. "Maintenant, je suis en pleine confiance, je me sens très bien en club et en sélection. On a besoin de moi, on me fait confiance", a-t-il souligné en conférence de presse. "Je pense que l'équipe a besoin de moi plus dans le cœur du jeu. On a besoin de cet équilibre", estime-t-il encore. "(Mon rôle) est assez libre. Avec trois joueurs devant moi, j'ai plus de possibilités, de choix", déclare le Mâconnais. "Il me manque ce but", reconnaît-il, "mais je ne vais pas tirer 50 fois par match, [...] je dois essayer de mettre les attaquants dans les meilleures conditions. "Je suis plus dans cette vision que moi être à la finition", conclut-il. Signe d'une mue bien engagée pour le nouveau "maestro" du milieu de terrain. 


Maxence GEVIN

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