Coupe du monde 2022 : le Qatar refuse de créer un fonds d'indemnisation pour les ouvriers

M.G avec AFP
Publié le 2 novembre 2022 à 16h55

Source : JT 20h WE

Doha ne mettra pas en place de fonds d'indemnisation pour les migrants tués ou blessés sur les chantiers de la Coupe du monde.
Le ministre du Travail a qualifié mardi de "coup de communication" les appels de pied répétés des ONG à ce sujet.
Il accuse également ces mêmes organisations de "racisme".

Il n’y aura pas de geste financier en faveur des familles des ouvriers morts sur les chantiers de la Coupe du monde. Le ministre qatari du Travail, Ali ben Samikh Al-Marri, a annoncé que le gouvernement ne mettrait ainsi pas en place de fonds d'indemnisation. "Chaque mort est une tragédie (mais) il n'y a pas de critères pour établir" ce mécanisme, affirme-t-il. "Où sont les victimes ? Avez-vous les noms ?", demande-t-il. 

En revanche, le ministre a souligné que son pays avait mis en place, en 2018, un fonds d'indemnisation pour les travailleurs ne percevant pas leur salaire, avançant le chiffre de 320 millions d'euros versés rien qu'en 2022. "Si une personne ayant droit à une indemnisation ne l'a pas reçue, qu'elle se manifeste et nous l'aiderons", a-t-il martelé, se disant prêt à examiner des cas remontant à plus de dix ans. 

Des critiques "trompeuses" et "motivées par le racisme"

Ces derniers mois, Human Rights Watch et Amnesty International mènent une campagne visant à obtenir des compensations pour les migrants victimes d'"abus" (décès, blessures, salaires impayés et frais de recrutement illégaux) de la part de la Fifa et du pays hôte du Mondial 2022 (20 novembre-18 décembre). L'instance dirigeante du football mondial devrait réserver un montant minimum d'environ 420 millions d'euros (le montant total versé aux équipes participant au Mondial, ndlr) afin de fournir des réparations aux centaines de milliers de travailleurs ayant subi des violations des droits humains au Qatar lors des préparatifs pour la Coupe du monde 2022, avait notamment réclamé en mai dernier Amnesty International.

Si la Fifa avait fait état, mi-octobre, d'un "dialogue en cours" pour des mesures en faveur de ces constructeurs, Ali ben Samikh Al-Marri a, lui, soutenu que ce projet n'était pas réalisable. Surtout, alors que les critiques s'intensifient à l'approche de l'événement, des organisations et des pays tentent de "discréditer le Qatar avec des affirmations délibérément trompeuses", a-t-il fustigé. Selon lui, certains hommes politiques étrangers font de son pays "une arène pour résoudre leurs propres problèmes politiques". Ces critiques sont parfois "motivées par le racisme", tance-t-il. "Ils ne veulent pas permettre à un petit pays, un pays arabe, un pays musulman, d'organiser la Coupe du monde. Ils savent très bien les réformes qui ont été faites, mais ils ne veulent pas le reconnaître", ajoute-t-il encore.

Nous sommes désormais en avance dans la région
Ali ben Samikh Al-Marri

Selon le gouvernement, le Qatar a largement réformé sa législation ces dernières années. Les travailleurs peuvent désormais changer d'emploi (ce que 420.000 personnes auraient fait), quitter le pays sans l'autorisation de leur employeur, toucher un salaire mensuel minimum de 1000 riyals (275 euros), énumère Ali ben Samikh Al-Marri. 

Pour ce qui concerne les salaires impayés, certaines entreprises n'ayant pas respecté leurs obligations ont dû verser de "lourdes amendes". Certains propriétaires de ces firmes ont même été emprisonnés, soutient-il. Quelque 42 agences de recrutement accusées d'exploiter les travailleurs ont été fermées et les autorités ont ordonné des inspections du travail supplémentaires, notamment dans les hôtels, pendant le Mondial, indique-t-il. "Nous sommes désormais en avance dans la région", conclut le ministre. 


M.G avec AFP

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