La Coupe du monde, qui se joue au Qatar, a provoqué de nombreuses polémiques avant même son démarrage.Au sein de la cellule de fact-checking, nous nous sommes penchés sur les critiques et rumeurs qui ont agité le débat public.
Douze ans après son attribution, la Coupe du monde du football va se dérouler dans les stades du Qatar, construits pour l’occasion, du 20 novembre au 18 décembre. La compétition fait l’objet de nombreuses polémiques, tant sur le respect des droits humains que sur son empreinte environnementale, mais aussi de rumeurs parfois infondées. Du nombre de morts sur les chantiers au bilan carbone présenté comme neutre, voici le vrai du faux autour de ce Mondial.
Que sait-on des "6500 morts" sur les chantiers ?
Parmi les accusations répétées, celle des "6500 travailleurs" qui seraient morts sur les chantiers des stades ou des hôtels ayant précédé l’événement. Ce chiffre, qui remonte à février 2021, a été publié par le Guardian à partir des données des ambassades du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka sur leurs ressortissants morts au Qatar depuis 2010. Un bilan pas forcément en lien avec les chantiers de la Coupe du monde, mais surtout sous-évalué puisqu’il se focalise sur les travailleurs asiatiques, excluant les travailleurs africains.
À ce jour, il parait impossible de communiquer un bilan fiable sur les morts du Mondial, tant il existe des "lacunes dans la collecte de données sur les décès et les blessures liés au travail", sur lesquelles nous revenons dans notre enquête. Un seul chiffre permet de savoir combien de personnes sont mortes sur leur lieu de travail : celui de "50 travailleurs décédés en 2020", d'après une "analyse approfondie" de l'Organisation internationale du travail.
Comment fonctionne la climatisation dans les stades ?
Sur les huit stades du Qatar, où se disputeront les matchs de la compétition, sept sont équipés de climatisation. Un dispositif qui fait polémique, malgré sa promotion par le comité d’organisation qatari. Si l’Émirat promettait au départ de ne pas utiliser le dispositif grâce à des températures hivernales plus favorables, il est finalement revenu dessus. Mais la climatisation des infrastructures, dont le système varie selon les stades comme nous le développons ici, ne pèsera pas bien lourd dans le bilan carbone du Mondial, selon l’ONG Carbon Market Watch, comparée à "la construction de stades ou à l'impact du transport aérien".
Quelles conditions d'accueil pour les supportrices ?
Se rendant au Qatar, émirat ultra-conservateur, les femmes auront-elles accès aux mêmes endroits, et de la même manière, que les hommes au cours de la compétition ? Malgré des rumeurs qui se sont propagées sur les réseaux sociaux, les femmes pourront bien assister aux matchs et ne pas porter de voile. Aussi, plusieurs règles de bonne conduite, comme sur la manière de s’habiller, ont circulé fin octobre sans qu’aucun guide officiel n’ait encore été publié, nous avait confirmé le comité d’organisation qatari.
Depuis, des règles de "communication inclusive" ont été rendues publiques, aucune ne concernant spécifiquement les femmes. Dans un guide à l’intention de ses compatriotes, l’ambassade de France au Qatar rappelle également que "les marques d’affection entre adultes sont à proscrire en public" et que "dans certains lieux publics, notamment les musées, les tenues au-dessus des genoux ne sont pas autorisées".
Les personnes séropositives interdites d’entrée au Qatar ?
Le Qatar se trouve aussi dans le viseur des associations pour sa politique discriminante envers les minorités. D’après des publications sur Twitter, Doha interdirait l’entrée sur son territoire aux personnes séropositives. Ce n’est pas tout à fait le cas, détaillons-nous ici : un test de dépistage du VIH est bien demandé, mais seulement au bout d’un mois de séjour. S’agissant des footballeurs, aucune consigne n’a été donnée en ce sens. Cela étant, l’émirat reste l’un des pays les plus restrictifs au monde à l’égard des séropositifs, comme le documente l’ONUSIDA, le programme de l’ONU sur le VIH.
Le bilan carbone du Mondial vraiment neutre ?
Les organisateurs promettent la première Coupe du monde neutre en carbone. Pour ce faire, le Qatar prévoit des projets compensatoires en émissions de CO2. Mais des rapports avertissent déjà que le compte n’y est pas. D’un côté, la startup Greenly indique que le bilan carbone de la compétition pourrait être deux fois plus élevé que celui apporté officiellement par la Fifa. De l’autre, l’ONG Carbon Market Watch rapporte aussi un calcul sous-estimé des émissions générées pendant le Mondial. Et notamment à cause de l’empreinte carbone des nouveaux stades qui pourraient ne servir qu’aux matchs de la Coupe du monde. Ajoutés à cela, les crédits carbone, investis dans des projets verts et servant à compenser le dioxyde de carbone émis, n’auront "probablement pas un impact suffisamment positif sur le climat". Pour plus de détails sur cette empreinte carbone, vous pouvez retrouver notre article ici.
Des "fans du monde entier"ont-ils défilé à Doha ?
Sur les réseaux sociaux, des images de supporters étrangers défilant aux couleurs de leur équipe ont beaucoup circulé à une semaine de la compétition. Il s'agit pour la plupart de fans de foot faisant partie de groupes locaux de soutien aux équipes nationales et ayant pris part à un vaste défilé organisé à Doha, le 11 novembre. Nous avons pu retrouver de nombreux comptes Instagram ou Facebook aux couleurs de la France, du Brésil ou du Portugal, comme la "Ronaldo Fans and Welfare association (Kerala, India)", un comité de soutien originaire de l’État indien du Kerala. Le Mexique, lui, a été célébré par sa communauté d’expatriés à Doha, sur l'initiative de l’ambassade. Sous le feu des critiques, le Qatar dément avoir engagé des faux supporters et évoque des fans "des quatre coins du globe - dont beaucoup ont élu domicile" dans le pays.
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