Pour son dernier match dans le Tournoi des Six Nations, la France s'est logiquement imposée contre le Pays de Galles (41-28), ce samedi.S'ils échouent à une frustrante deuxième place derrière l'Irlande, les Bleus apparaissent, plus que jamais, comme principaux favoris au titre mondial au printemps prochain.Voici pourquoi.
La France a fini par lâcher son trophée. Battus en Irlande en février dernier (32-19), les Bleus ont perdu leur titre dans le Tournoi des Six Nations ce samedi 18 mars. Une ultime victoire contre un pays de Galles en pleine déliquescence (41-28) n'aura pas suffi pour réaliser un doublé qu'ils n'ont plus réussi depuis plus de 15 ans. Malgré tout, au fil des rencontres, les tricolores ont donné de (très) solides garanties pour les mois à venir. L'écrasante démonstration à Twickenham contre l'ennemi anglais (10-53) représente indiscutablement une nouvelle étape dans la progression d'une équipe qui n'en finit plus de grandir. Quand bien même l'Irlande demeure, comptablement parlant, au sommet du rugby mondial, cette compétition a sans aucun doute consolidé le statut de favori de la France - qui impressionne depuis de longs mois désormais - au Graal suprême.
Une dynamique extraordinaire
Depuis l'arrivée de Fabien Galthié à sa tête, après plusieurs années de marasme et un Mondial 2019 décevant, l'équipe de France de rugby affiche un bilan exceptionnel. La première rencontre contre l'Angleterre (24-17), au sommet de son art et vice-championne du monde en titre, a donné d'entrée la couleur d'un mandat jusqu'ici exceptionnel. Depuis ce mois de février 2020, les Bleus affichent 80% de succès (29 victoires en 36 matchs). Pour la première fois de leur histoire, ils ont même terminé - en 2022 - une année invaincus. Depuis la tournée de l'été 2021 en Australie, disputée sans une grande partie des titulaires tricolores concernés par le Top 14, ils restent même sur 16 victoires en 17 confrontations (soit plus de 94% de réussite). "On a 80% de victoires, je crois que ce n'est jamais arrivé dans l'histoire du rugby français", s'est félicité le sélectionneur après le coup de sifflet final contre les Gallois. "J'espère qu'on nous craint", plaisante-t-il.
Grâce à cette dynamique exceptionnelle, les Français sont désormais solidement ancrés dans le gratin du rugby mondial (2e au classement World Rugby).
Des victoires références à la pelle
Au cours de ce cycle de quatre ans, et à plus forte raison ces derniers mois, le XV de France s'est offert le scalp de toutes les nations majeures de l'ovalie. Ainsi, Antoine Dupont et les siens ont triomphé, parfois même à plusieurs reprises, de l'Australie, de l'Argentine, de l'Angleterre, de l'Irlande, du pays de Galles, de l'Afrique du Sud - championne du monde en titre -, ou encore de l'Écosse. Le succès de prestige contre la Nouvelle-Zélande (40-25), en novembre 2021, reste également dans toutes les mémoires. Quelques équipes moins prestigieuses se sont, par ailleurs, inclinées face au rouleau compresseur bleu-blanc-rouge, à l'instar du Japon, de la Géorgie ou encore de l'Italie.
Au-delà du résultat, une réelle et tangible progression dans le contenu a été observée. Même au cours de ce Tournoi 2023, lors duquel les coéquipiers de Romain Ntamack n'ont cédé qu'en Irlande - première nation mondiale -, la montée en puissance est nette. Contre l'Angleterre et le pays de Galles, la France a, par exemple, marqué la bagatelle de... 94 points (soit une moyenne de 47 points par match).
Une forteresse maison
Pour bâtir leur confiance et faire tomber, les uns après les autres, les poids lourds de la scène internationale, les tricolores s'appuient sur leur douzième homme. Devant leur public, ils n'ont perdu qu'une seule fois depuis l'arrivée de Fabien Galthié aux commandes. Seule l'Écosse est parvenue à s'imposer dans l'Hexagone, en mars 2021 (23-27). Une petite défaite à domicile en quatre ans : la performance est suffisamment remarquable pour être soulignée. Le Stade de France, prompt à s'enflammer après l'accumulation de déceptions lors de la dernière décennie, a été transformé en véritable forteresse. "On a quand même un ratio de victoires impressionnant. Ici, on n'a qu'une seule défaite [...] alors que le match était déjà gagné (Brice Dulin avait, à l'époque, eu la possibilité de sortir le ballon dans les ultimes secondes, ndlr)", se félicite l'ancien entraîneur de Montpellier. De bon augure à quelques mois d'un tournoi à la maison qui pourrait, on l'espère, permettre de décrocher une première étoile.
Une ossature établie
Si la France fait (de nouveau) peur, c'est aussi et surtout parce qu'elle a trouvé, il y a de cela plusieurs mois, son ossature. Fabien Galthié et son staff s'appuient largement sur une colonne vertébrale issue du Stade Toulousain et du Stade Rochelais, les deux clubs français les plus performants de ces dernières années.
Là où de nombreux sélectionneurs ont privilégié la politique de l'homme en forme, n'hésitant pas à bouleverser leur XV au gré des méformes et des contre-performances, l'encadrement tricolore n'effectue que des retouches à la marge. Jusqu'ici indiscutable, Melvyn Jaminet a ainsi vu Thomas Ramos le dépasser à l'arrière pour ce Tournoi des Six Nations. À succès, le joueur passé par Colomiers s'étant montré particulièrement prolifique (84 points). Mais cela reste une exception. Que ce soit dans le pack, où la première et la troisième ligne n'ont bougé que du fait de blessures et d'indisponibilités, où sur les lignes arrières - où la charnière Antoine Dupont-Romain Ntamack enchaîne les titularisations -, le maître-mot a été continuité.
Plus largement, le réservoir individuel des Bleus impressionne. À chaque poste, les options sont aussi nombreuses que qualitatives. Surtout, le XV de France compte dans ses rangs plusieurs des références mondiales à leur position, d'Antoine Dupont à Julien Marchand en passant par Grégory Aldritt ou Cyril Baille.
Une attaque de feu et une bien défense rodée
Collectivement aussi, les joueurs à la tunique frappée du coq brillent. Dans le sillage de l'indispensable Gaël Fickou, véritable métronome, ils ont trouvé leur rythme en se basant sur un jeu de "dépossession". Le but est d'utiliser le pied pour jouer, le plus souvent possible, dans le camp adverse et de se nourrir des pertes de balle et imprécisions de l'opposant. Ce style de jeu, qui minimise les erreurs dans des zones critiques, n'empêche pas certaines prises de risque à la relance ni même d'avoir une attaque flamboyante. D'ailleurs, en 36 matchs, les Français ont marqué plus de 30 points à 19 reprises (soit 52%). Un chiffre d'autant plus impressionnant qu'ils ont souvent fini tout près de cette barre symbolique lorsqu'ils n'ont pas réussi à la dépasser. Lors de ce Tournoi, ils finissent d'ailleurs avec la meilleure attaque (174 points marqués, soit près de 35 par match), loin devant les Irlandais (151).
De l'autre côté du terrain, l'apport de Shaun Edwards - l'entraîneur de la défense du XV de France - est également palpable. À titre d'illustration, lors de leur Grand Chelem dans le Tournoi l'année passé, les pensionnaires de l'Hexagone n'ont concédé que 73 points en cinq rencontres, soit moins de 15 par match.
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