Un an et demi après l'échec de l'Euro, l'équipe de France se retrouve en finale de Coupe du monde.Une réussite qu'elle doit en grande partie à Didier Deschamps, qui a renouvelé son groupe et sa tactique avant de débarquer au Qatar.
On avait laissé les Bleus effondrés d'avoir été battus par la Suisse en huitièmes de finale de l'Euro, aux tirs au but (3-3, t.a.b. 4-5), il y a un an et demi. On les retrouve le sourire aux lèvres, qualifiés pour une deuxième finale de Coupe du monde d'affilée, après leur victoire face au Maroc dans le dernier carré (2-0), mercredi. Entre temps ? Dix-huit mois de tâtonnement, de succès et d'échecs, mais surtout de réflexion pour Didier Deschamps, avant de constituer un nouveau groupe capable d'atteindre les étoiles.
Le sélectionneur des Bleus depuis 2012 aurait pu tout lâcher après la sortie de route de l'Euro, auréolé d'un titre de champion du monde trois ans plus tôt. Son président, Noël Le Graët, le reçoit dans son fief à Guingamp, quelques semaines après l'élimination contre la Suisse, et les deux hommes s'accordent pour poursuivre l'aventure ensemble, au moins un an et demi de plus, jusqu'au Qatar. Le début du renouveau.
Giroud (temporairement) écarté, déséquilibre offensif assumé
Lors de sa liste post-Euro, annoncée fin août 2021, Didier Deschamps procède à de premiers choix forts. Le sélectionneur écarte Olivier Giroud, appelle quatre nouveaux joueurs (dont Aurélien Tchouaméni, Jordan Veretout et Théo Hernandez, présents au Qatar), et relance certains espoirs en difficulté lors de leurs premières sélections, comme Dayot Upamecano.
Deux mois plus tard, portée par Karim Benzema, l'équipe de France remporte la Ligue des Nations face à l'Espagne (2-1). Avec un changement de taille : Deschamps aligne durablement quatre joueurs à vocation offensive sur le terrain, assumant un certain déséquilibre, ce qu'il s'interdisait jusqu'ici. Lors du Mondial 2018, il avait notamment placé Blaise Matuidi sur l'aile gauche pour amplifier le bloc défensif tricolore.
Les vieux démons de l'Euro ne sont pas totalement oubliés, car les Bleus retombent vite dans leurs travers. En juin dernier, alors qu'ils tentent de conserver leur titre en Ligue des Nations, les Tricolores s'inclinent à la maison face au Danemark (1-2) et à la Croatie (0-1), avant d'être tenus en échec (1-1) au Stade Poljud de Split, tout comme en Autriche (1-1). Ils frôlent même la relégation en deuxième division après leur défaite au Danemark, trois mois plus tard (1-2).
L'adaptation comme maître-mot
Une mésaventure à laquelle Didier Deschamps apporte une réponse tactique. Quelques minutes après l'annonce de sa liste pour la Coupe du monde, en novembre, le sélectionneur indique devant la presse que les Bleus évolueront avec une défense à quatre, contre cinq dans les mois précédents. "Le maître-mot, c'est s'adapter, répète-t-il régulièrement. S'adapter n'est pas se contredire, il faut tenir compte de la réalité du moment."
Sa liste, marquée par l'absence de nombreux cadres blessés, est, en outre, composée d'un choix fort : Olivier Giroud et Karim Benzema sont appelés conjointement, ce que Deschamps évitait depuis l'Euro, même si la blessure du Ballon d'Or quelques jours avant l'ouverture du Mondial propulsera le meilleur buteur de l'histoire des Bleus en tant que titulaire. Il n'hésite pas non plus à faire table rase du passé. Seuls dix champions du monde 2018 résistent et font le voyage au Qatar, quand trente novices ont été testés en Bleu dans la période. "Il sait exactement ce qu'il veut faire, commente son adjoint historique, Guy Stéphan. Il a très bien préparé cette compétition. Son expérience profite à l'équipe."
La suite est dans toutes les têtes. Les Bleus débarquent au Qatar avec une série noire d'une victoire en six rencontres, mais prennent confiance dès le succès inaugural face à l'Australie (4-1). Une fois encore, Didier Deschamps n'hésite pas à frapper fort. Il relègue Benjamin Pavard, en difficulté lors de sa seule rencontre du Mondial, en numéro trois dans la hiérarchie des latéraux droits, et installe Antoine Griezmann dans un poste inédit de milieu relayeur. Un choix payant, tant le meilleur passeur de l'histoire des Bleus a été important dans le repli défensif tricolore face au Maroc.
Capitaine lors du triomphe en 1998, Didier Deschamps peut, dimanche, devenir le deuxième sélectionneur de l'histoire à remporter deux fois consécutivement la Coupe du monde. L'homme au plus beau palmarès du football français décidera ensuite de son futur : tenter de remporter l'Euro 2024, seul titre qui lui échappe encore en tant que sélectionneur, ou se retirer après plus d'une décennie sur le banc des Bleus.
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