STARS EN PAGAILLE - Pour la toute première fois, la France accueille la Coupe du monde féminine, du 7 juin au 7 juillet. Parmi les 552 joueuses reparties dans les 24 équipes en lice, une dizaine d'entre elles vont porter sur leurs épaules les espoirs de tout un pays. Revue d'effectif.
Elles sont françaises, américaines ou japonaises. Légendes de leur sport, talents confirmées ou espoirs en devenir, ce sont actuellement les têtes de gondoles du football féminin à travers le monde. Sur et en dehors des terrains, elles vont être une dizaine de joueuses à animer la huitième Coupe du monde féminine de l'histoire, qui se joue pour la première fois sur le sol français du 7 juin au 7 juillet.
En l'absence de la première Ballon d'Or, Ada Hegerberg, en conflit avec la Fédération norvégienne dont elle dénonce l'amateurisme, LCI a sélectionné 10 joueuses stars qui vont éblouir la compétition.
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Saki Kumagai (28 ans, Japon)
Botter un tir au but en Coupe du monde est un défi ô combien périlleux. Surtout lorsque le tir détermine l'issue d'une compétition. Pourtant, c'est ainsi que Saki Kumagai a écrit sa légende, à 20 ans. En 2011, la Japonaise a transformé avec un sang froid épatant le dernier tir au but de la séance fatidique en finale du Mondial face aux États-Unis et sa légende Hope Solo (2-2, 3 t.a.b. à 1). Adulée depuis au pays du Soleil-Levant, la native de Sapporo est aujourd'hui la capitaine de l'équipe nationale (103 sélections), avec laquelle elle totalise quatre trophées et une médaille d'argent olympique à Londres en 2012.
Joueuse de l'Olympique lyonnais depuis 2013, où elle a remporté six championnat de France et quatre Ligue des champions, Kumagai s'est imposée comme un gage de sécurité à son poste. Polyvalente, puisqu'elle est capable de jouer en défense centrale ou en sentinelle, et dotée d'une vision du jeu acérée, l'ancienne joueuse de Francfort est aussi réputée dure sur l'adversaire. Autant de qualités et d'aptitudes qui lui ont valu, en 2018, d'être classée 12e du classement du premier Ballon d'Or féminin.
Dzsenifer Marozsán (27 ans, Allemagne)
"Les personnes qui me connaissent savent que je suis une combattante et que je reviendrai plus forte", avait promis Dzsenifer Marozsán, le 18 juillet 2018 dans un post Facebook, après sa grave embolie pulmonaire. Moins d'un an après avoir révélé le diagnostic médical, la meneuse allemande a tenu sa parole en réussissant un retour bluffant sur les terrains de football. En témoigne son deuxième titre d'affilée de meilleure joueuse de D1 décroché mi-avril. Une récompense on ne peut plus méritée et logique pour la milieu de l'Olympique lyonnais, considérée - à juste titre - comme l'une des meilleures joueuses au monde.
Troisième du Ballon d'Or féminin, Marozsán fait partie de ces joueuses d'exception qui respirent le football. La numéro 10 de la Mannschaft, triple championne de France et vainqueure de trois Ligue des champions avec l'OL, est un pur régal pour les yeux. Son sens du jeu, sa vista et sa qualité de dribble en font l'une des joueuses les plus spectaculaires au monde. Championne d'Europe 2013 et médaillée d'or à Rio en 2016, l'Allemande rêve de "ramener la Coupe à la maison" pour la première fois depuis 2007.
Alex Morgan (29 ans, États-Unis)
On dit d'Alex Morgan qu'elle est la première star du football. Porte-parole de son sport, sa notoriété dépasse le simple cadre sportif. Très influente sur les réseaux sociaux, où elle pèse plus de 13 millions de followers, l'attaquante américaine est une athlète avant-gardiste. En 2015, alors que le jeu FIFA introduit pour la première fois des joueuses, le privilège d'apparaître sur la jaquette internationale lui revient. Érigée au rang d'icône publicitaire, elle gère sa carrière en businesswoman avertie. Ses contrats avec les grandes marques (Coca-Cola, Nike, McDonald's) font d'elle l'une des sportives les mieux payées des Etats-Unis.
Sa renommée est aussi grande que sa vitrine à trophées. Morgan (161 sélections, 102 buts) a raflé toutes les distinctions possibles avec les Stars and Stripes et ses clubs aux États-Unis : une Coupe du monde, un Mondial U20, une médaille d'or olympique, deux titres nationaux et un autre continental. L'attaquante d'Orlando Pride, passée par Lyon à l'hiver 2017, le temps de remporter un championnat de France, une Coupe de France et une Ligue des champions, est la définition même du "clutch player", ces grandes joueuses en mesure de sublimer leurs partenaires et de définir l'issue d'une partie serrée.
Marta Vieira da Silva (33 ans, Brésil)
Au Brésil, elle est l'équivalent féminin de Pelé. Marta est considérée par beaucoup, et à juste titre, comme la meilleure footballeuse de tous les temps. Elle a été nommée six fois joueuse FIFA de l'année, c'est plus que Zinedine Zidane et Cristiano Ronaldo, trois fois chacun. Quatrième de la première édition du Ballon d'Or, l'attaquante et capitaine de la Seleção, qu'elle a rejoint à l'âge de 17 ans, a été introduite fin 2018 au "Hall of Fame", le Temple de la renommée du football brésilien, au mythique Maracana de Rio de Janeiro. Un honneur jusque-là uniquement réservé au roi Pelé, Garricha, Zico ou Ronaldo, tous des hommes.
Virtuose sans frontières, réputée pour la rapidité et la précision de ses passes, Marta demeure à ce jour la footballeuse en activité la plus titrée individuellement et collectivement. En club, elle a triomphé en Scandinavie, où elle a remporté une Ligue des champions, au Brésil avec une Copa Libertadores et, enfin, du côté des États-Unis. En revanche, en équipe nationale, la meilleure buteuse de l'histoire du Brésil (110 buts en 133 sélections) n'a remporté aucune grande compétition internationale en dehors de l'Amérique du Sud. Elle a perdu les trois finales qu'elle a jouées, aux JO 2004, 2008 et à la Coupe du monde 2007.
Eugénie Le Sommer (30 ans, France)
En voilà une qui s'est fait pour spécialité de crever l'écran. Fer de lance de l'attaque tricolore, Eugénie Le Sommer est le cauchemar des gardiennes. L'attaquante de l'Olympique lyonnais, référence mondiale à son poste, tranche avec le reste des joueuses par sa facilité déconcertante à marquer à chaque match. Imperturbable dans les un-contre-un et dotée d'une exceptionnelle science du placement, c'est une attaquante complète. Pied droit, pied gauche et jeu de tête, avec elle, le danger est permanent.
Meilleure buteuse en activité des Bleues (74 buts en 159 sélections), la native de Grasse pointe à sept unités de Marinette Pichon, meilleure marqueuse de l'histoire de l'équipe de France (81 buts), tout sexe confondu. Un record à sa portée pendant le tournoi. Mais Le Sommer ne fait pas de cette "chasse au record" une priorité. Elle, ce qu'elle souhaite, c'est soulever la Coupe du monde après être allée en demi-finale en 2011 et avoir vécu la déception d'une sortie en quarts en 2015. Neuf fois championne de France en titre, elle a un palmarès bien garni avec sept Coupe de France et, surtout, six Ligue des champions avec l'OL. En revanche, à 30 ans, la Lyonnaise court toujours après un premier trophée majeur avec les Bleues.
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Samantha Kerr (25 ans, Australie)
Sam Kerr est du genre à faire tout plus vite que tout le monde. Bercée par ses parents dans le sport de haut niveau, la capitaine des "Matildas", le surnom de la sélection australienne, est une joueuse d'exception à la précocité rare. En 2008, alors qu'elle n'a que 15 ans, l'attaquante fait ses débuts professionnels au Perth Glory FC. Elle ne tarde pas à mettre l'Australie à ses pieds. Elle est nommée joueuse de l'année de W-League, le championnat local, et remporte le prix du beau but de l'année. Quelques semaines plus tard, face à l'ampleur du phénomène, l'équipe nationale lui ouvre ses portes pour ne plus jamais les refermer.
Animée par l'obsession de marquer, à l'image de son idole Cristiano Ronaldo, Kerr partage aujourd'hui son temps entre Perth Glory en Australie et les Chicago Red Stars aux États-Unis. À 25 ans, elle est la meilleure buteuse des deux championnats. Pourtant, au niveau mondial, il lui manque encore un acte fondateur. Quarts de finaliste du Mondial 2015 et aux JO l'année suivante, la 5e du Ballon d'Or 2018, qui approche les 100 sélections, vise pour la première fois le dernier carré. En France, dans un groupe abordable, elle sait que la plus grande chance de qualification de son pays passe par elle... et ses buts.
Christine Sinclair (35 ans, Canada)
Dans le Grand Nord canadien, Christine Sinclair est le visage du soccer féminin. Joueuse des Thorns de Portland, club ami de l'Olympique Lyonnais aux États-Unis, la capitaine de l'équipe nationale du Canada est, à ce jour, la meilleure buteuse mondiale en activité avec 180 buts en 280 matches internationaux. La 15e du Ballon d'Or 2018 a distancé la légendaire américaine Mia Hamm (158 buts) et se rapproche d'Abby Wambach, détentrice du record mondial, femmes et hommes confondus, avec 184 buts en 256 sélections. Une marque référence qu'elle va avoir l'occasion d'effacer pendant cette Coupe du monde en France.
Timide et réservée dans la vie, Sinclair en impose par sa présence et son impact sur les terrains. Recordwoman du nombre de buts marqués dans une saison NCAA (39 en 2005), la Canadienne a fait évoluer son jeu avec l'âge. Moins rapide, elle s'appuie davantage sur sa technique phénoménale. Et malgré son sens inné du but, elle préfère servir une coéquipière sur un plateau plutôt que d'aller marquer en solitaire. À 35 ans, 36 ans le 12 juin, la médaillée de bronze aux JO de Londres vise le dernier carré pour son Mondial, histoire d'égaler le meilleur résultat historique de la sélection canadienne en 2003.
Lieke Martens (26 ans, Pays-Bas)
Lieke Martens est un pur produit du football. Il ne pouvait en être autrement puisque du sang oranje et blaugrana coule dans ses veines. Internationale depuis 2011, elle est l'héritière du "football total" cher à Johan Cruyff et son mentor Rinus Michels. La jeune attaquante des Pays-Bas récite à merveille ce principe de jeu, introduit dans les années 70, basé sur le mouvement et la permutation des postes et pratiqué par la sélection masculine, l'Ajax Amsterdam puis le FC Barcelone. À la fois puissante et technique, la 11e au Ballon d'Or 2018 rayonne dans son couloir gauche avec ses dribbles chaloupés et sa rapidité d'exécution.
Passée par les Pays-Bas, la Belgique, l'Allemagne puis la Suède, Martens a suivi, en club, le chemin de ses illustres prédécesseurs masculins en rejoignant le Barça en 2017. Une année riche pour la pépite néerlandaise puisqu'elle a glané plus de titres que n'importe quelle joueuse en cinq mois, de juillet jusqu'à décembre. Championne d'Europe à domicile avec les Oranje, elle a notamment été désignée meilleure joueuse de l'année par l'UEFA et la Fifa. Elle a tout pour nous refaire le coup en 2019.
Wang Shuang (24 ans, Chine)
Dire que Wang Shuang est une star dans son pays est un euphémisme. Le PSG, son club, lui consacre depuis son arrivée à Paris l'été dernier une série documentaire dans laquelle elle raconte sa vie quotidienne dans la capitale. Diffusée sur les plateformes, la web-série connaît une immense succès en Chine, où les trois premiers épisodes cumulent déjà plus de 8 millions de vues. Humble et disponible, la jeune femme de 24 ans interagit beaucoup via les réseaux sociaux pour échanger et partager son expérience avec ses supporters. Une communauté de fans qui la suit depuis ses coups de pied dans le ballon.
Identifiée comme une joueuse à fort potentiel, Shuang intègre les U17 à 12 ans. En 2013, juste avant ses 18 ans, elle revêt le maillot de l'équipe première. Double championne de Chine, la meneuse de jeu signe au PSG en août 2018, où elle devient la première joueuse chinoise à marquer un but en Ligue des champions. Pièce-maîtresse de l'animation offensive, la meilleure joueuse asiatique 2017 et 2018 (93 sélections) s'est étoffée physiquement et a rendu son jeu plus fluide pour sa première année en Europe. Remplaçante au Canada en 2015, où sa sélection avait déçu, éliminée en quarts, elle a pour ambition de briller dans son jardin français en faisant aussi bien que ses aînées, finalistes de l'édition 1999.
Asisat Oshoala (24 ans, Nigeria)
Si jeune et déjà si talentueuse. À seulement 24 ans, Asisat Oshoala est une icône au Nigeria. Internationale depuis 2011 et élevée au rang de membre de l'Ordre du Niger en 2014 par le président Goodluck Jonathan, la buteuse polyvalente dispose d'une armoire à trophées bien fournie. Surnommée "Seedorf", en référence à Clarence Seedorf, l'ancien milieu des Pays-Bas aujourd'hui sélectionneur de l'équipe du Cameroun, duquel elle tire son style de jeu et sa force, la finaliste de la Coupe du monde U20 en 2014 a remporté trois CAN avec les Super Falcons et décroché le titre de meilleure joueuse africaine en 2014, 2016 et 2017.
Championne du Nigeria en 2014 avec les Rivers Angels, elle fait le grand saut en 2015 en devenant la première Africaine à jouer pour la Women's Super League, la Premier League féminine. Elle peine toutefois à s'imposer à Liverpool puis à Arsenal, mais repart tout de même avec une Coupe d'Angleterre. En 2017, la Nigériane rejoint le Dalian Quanjian, avec qui elle est sacrée championne de Chine. De retour en Europe l'hiver dernier, prêtée six mois au Barça, elle a continué à faire trembler les filets. Une bonne préparation pour le Mondial, où elle souhaite bien figurer après s'être arrêtée au premier tour en 2015.