Du 4 au 20 février 2022, Pékin accueille les Jeux olympiques d'hiver, sous huis clos sanitaire.Nathalie Péchalat, désignée cheffe de mission de la délégation tricolore, se rendra sur place.La présidente de la FFSG espère que le Covid ne jouera de mauvais tour aux 87 athlètes français.
Elle croise les doigts. À partir du 4 février, Pékin va accueillir les JO pour la deuxième fois de son histoire. Après avoir organisé les Jeux d'été en 2008, la capitale chinoise s'apprête à devenir la première ville doublement olympique. À l'inverse d'Athènes (1896, 2004), Paris (1900, 1924 puis 2024), Londres (1908, 1948, 2012), Los Angeles (1932, 1984 puis 2028) et Tokyo (1964, 2020), qui ont organisé la grand-messe estivale à plusieurs reprises, elle va héberger cette fois les Jeux d'hiver. Un événement à haut risque, dans un pays où des villes entières sont confinées dès l'apparition de nouveaux de cas de Covid.
Dans ce contexte sanitaire, les 87 athlètes français, qui feront le voyage jusqu'en Chine, n'ont plus le droit à l'erreur. Pour eux, "les Jeux de Pékin ont déjà commencé", nous indique Nathalie Péchalat. Une contamination de dernière minute les disqualifierait. Un mois sous haute tension que la présidente de la Fédération de sports de glace (FFSG) vit par procuration. Désignée cheffe de mission de la délégation tricolore, elle est au contact de l'équipe de France, qu'elle accompagnera sur place. Jointe par TF1info, l'ex-partenaire de danse de Fabian Bourzat compte sur une trêve olympique du Covid.
Le Covid me préoccupe et occupe mes pensées
Nathalie Péchalat, cheffe de mission de la délégation tricolore à Pékin
Vous avez été désignée cheffe de mission de la délégation tricolore pour les JO d'hiver de Pékin 2022, qui vont se tenir du 4 au 20 février. En quoi cette tâche consiste-t-elle ?
Je suis honorée que Brigitte Henriques (la présidente du Comité national olympique du sport français, ndlr) m'ait proposée d'endosser ce rôle. C'est une opportunité d'apporter mon aide, plutôt que de rester passive, dans mon coin, à regarder ce qu'il se passe. Mon rôle consiste à accompagner les athlètes, à être là pour eux, à les soutenir et les supporter. Je suis aussi là pour les représenter, pour porter leurs voix, dans une ambiance apaisée. Sur les Jeux d'hiver, on se connait toutes et tous, plus ou moins. C'est plus facile de créer du lien. Être cheffe de mission, c'est aussi un travail collectif. Je suis en lien permanent avec les équipes du CNOSF. On travaille, main dans la main, en étroite collaboration. À Pékin, elles m'épauleront pour concilier au mieux cette mission avec mes fonctions de présidente de la Fédération des sports de glace (FFSG). Je ne pourrai pas être partout. Elles vont m'aider à m'organiser pour que je puisse suivre un maximum de compétitions.
Vous avez concouru trois fois en tant qu'athlète. À Pékin, vous allez renouer avec les Jeux, en étant de l'autre côté de la barrière. Êtes-vous prête à les découvrir sous un autre jour ?
En 2018, j'étais à Pyeongchang pour les médias et quelques sponsors. J'avais accès à tous les athlètes neige et glace. Dans l'intervalle, j'ai fait plein de sujets pour la télévision sur les disciplines du ski. L'autre côté de la barrière, je l'ai déjà vu. Là, à Pékin, je vais vivre les Jeux depuis les coulisses. Ce sera un autre point de vue, mais je n'y pense pas. En tant qu'encadrante, à l'heure actuelle, c'est le Covid qui me préoccupe et occupe mes pensées. Je me dis : "Faites que les 87 athlètes sélectionnés arrivent sur le territoire chinois et soient en capacité de concourir, malgré tous les tests et le protocole." Croyez-moi, si on y arrive, ce sera une victoire, une vraie victoire. Cela vaudra plus qu'une médaille d'or.
Avec la crise sanitaire, ça fait deux ans qu'ils vivent un calvaire. Tout est compliqué, tout tourne au casse-tête. Au bobsleigh, par exemple, c'est d'une complexité sans nom pour envoyer le matériel et le récupérer à temps. J'ai des athlètes qui se sont faits testés, tous les jours, pendant des mois et des mois. L'un d'eux m'a dit : "J'en suis à mon 136e test !". C'est épuisant, stressant pour eux. Même si certains ont pu tirer leur épingle du jeu et avoir de supers résultats, on en a perdu d'autres en route, qui ont fait des burn-out. Honnêtement, je trouverai de mauvaise augure d'être juste là, pour leur taper sur la tête, pour leur dire qu'ils n'ont pas gagné la médaille qu'il fallait. Je suis là avant tout pour les écouter, pour les aider au mieux. Mon objectif est que chacun soit fier de sa performance. Un gamin qui vise un Top 10 et qui fait un Top 7, c'est une victoire. Une victoire pour lui et pour la France, même si on ne retiendra que les médaillés. C'est l'état d'esprit dans lequel je suis.
Ce sera hyper strict, encore plus qu'à Tokyo
Nathalie Péchalat, cheffe de mission de la délégation tricolore à Pékin
En octobre 2021, vous disiez que l'organisation était "hyper floue". Y voyez-vous plus clair aujourd'hui ?
Il y a quelques mois en arrière, c'était effectivement le grand flou. On ne savait pas à quelle sauce on allait être mangé. On se demandait, par exemple, s'il y allait avoir du public ou pas. Aujourd'hui, on sait à quoi s'attendre. Ce sera hyper strict, encore plus qu'aux Jeux olympiques de Tokyo, l'été dernier. Ça a le mérite d'être très clair et ça nous permet de nous y préparer.
Les règles d'entrée en Chine sont draconiennes. Un test positif priverait un athlète de JO, s'il survient trop près de l'événement. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont, par exemple, fait l'impasse sur les championnats d'Europe de danse sur glace, par précaution. Ressentez-vous cette peur d'être "covidé" ?
Bien évidemment, la peur est là, elle existe. Il y a celles et ceux qui viennent à Pékin pour décrocher une médaille, qui sont déjà dans les starting-blocks. S'ils ne peuvent pas concourir, c'est un drame. C'est même un drame national. Je pense aussi à celle ou celui qui va découvrir les Jeux ou alors l'autre qui va y participer pour la dernière fois. C'est terrible. Ça me fout le bourdon. L'objectif numéro un, clairement, ce n'est pas de faire aussi bien qu'à Pyeongchang. Bien sûr, c'est ce qu'on se dit entre nous, mais on n'en est pas là. On n'est pas dans cette optique de résultats à tout prix. On en est, et je sais que c'est contraire au haut niveau et à la haute performance, juste à se demander si tout le monde va être en mesure de participer. Si on arrive à envoyer l'ensemble de nos athlètes sur place, on aura alors de réelles chances d'avoir des médailles. Mais il faut déjà pouvoir participer.
Avec le Covid, on en revient à l'esprit des Jeux de Pierre de Courbertin : "L'essentiel, c'est de participer"...
La citation de Pierre de Coubertin est incomplète, il y avait aussi une notion de performance. (L'important dans la vie ce n'est point le triomphe mais le combat ; l'essentiel, ce n'est pas d’avoir vaincu mais de s'être bien battu, ndlr). Mais, effectivement, faisons déjà entrer tous nos athlètes sur le territoire chinois et ensuite accompagnons-les jusqu'au moment où ils vont pouvoir délivrer leur performance. Ce sera déjà une victoire. Pour l'objectif de résultats, ce qui est notre rôle et ce qu'on souhaite toutes et tous, on y travaille depuis des années. Le suivi ne date pas d'il y a trois mois. Il a été initié au lendemain de Pyeongchang 2018 puis récupéré par l'Agence nationale du sport (ANS), avec l'appui des Fédérations et la mise à disposition de tous les cadres techniques. Si on zoome un peu plus, il y a les clubs, les coachs, les athlètes, eux-mêmes, qui sont les acteurs de leurs performances. Ils ont fait leur planification, ils ont pu avancer malgré la pandémie et deux ans pas vraiment linéaires. Ils ont dû tous se mettre en question et faire des choix compliqués. C'est l'histoire de Pékin 2022.
Que les JO soient maintenus, c'est une victoire
Nathalie Péchalat, cheffe de mission de la délégation tricolore à Pékin
A Pékin, qui applique une politique "zéro Covid", vous serez tous dans une bulle étroitement contrôlée, avec l'obligation de se soumettre à des tests quotidiens et porter un masque en permanence. Vous qui avez connu les Jeux d'avant, ne perdent-ils pas de leur sens dans ces conditions ?
Au moins, on sera focus, même si ce sera tristounet. Les souvenirs d'athlète que j'en ai gardés, c'est que je faisais ma performance, qu'elle soit bonne ou mauvaise, que le résultat escompté soit là ou pas, je savais que derrière il y avait l'esprit olympique, l'esprit équipe de France. J'ai toujours adoré ça. Le lendemain, je me disais : "On va arrêter de se regarder le nombril, on va prendre un petit peu de hauteur et on va aller encourager les copains." Un copain qui gagne, ça fait plaisir, ça fait du bien. Et s'il se plante, on est là pour lui, pour le soutenir. Ça compte énormément. À Pékin, ça va aussi être possible, les athlètes vont pouvoir se déplacer, même si ça va être contraignant, en raison aussi de l'éloignement des sites.
Qu'on aille à Shanghai, Oslo ou New-York pour prendre part à une compétition, l'intérêt c'est de se mettre dans le bain de la culture qui nous accueille, de rencontrer les habitants, d'aller visiter quelques musées, de se balader ou de flâner. Ce n'est pas pour ça qu'on fait du sport de haut niveau, mais ça va avec. C'est ce qui nous enrichit. Cela va nous manquer là-bas. Il y a quelques jours, j'étais en interview. On me disait : "Vous connaissez bien la Chine, vous y allez tout le temps". Oui, c'est vrai, mais cette fois ce ne sera pas du tout pareil. Moi, à chaque fois que je vais là-bas, je me fais au moins une visite culturelle obligatoire et un passage au zoo pour aller filmer les pandas. J'adore aller voir les pandas. Là, je peux oublier.
Ce sont des souvenirs que les athlètes ne pourront pas avoir à Pékin, mais ils auront ceux de l'équipe de France et du village olympique. J'espère qu'il y aura des échanges avec les autres délégations. On sait que les Slovaques sont dans l'immeuble d'en face, ce serait bien qu'on puisse aller les voir. C'est important de pouvoir se retrouver. Je ne sais pas comment les temps sociaux vont se passer, je n'ai pas du tout eu de retour sur la vie au village. On est focalisé à 100% sur le départ, sur le fait de respecter les règles. D'habitude, on a un espace pour être tous ensemble. À mon époque, on se réunissait tous devant les matchs de hockey, ça cartonnait. Il y avait aussi un photobooth, où on se faisait des petits souvenirs. Je ne sais pas du tout comment ça va se passer là-bas. On m'a juste dit que c'était beaucoup plus strict qu'à Tokyo.
Mieux vaut des JO sous bulle que pas de Jeux du tout ?
Oui, sans conteste. Au lendemain de Pyeongchang, les athlètes se sont mobilisés afin d'être prêts à ce moment-là. Qu'ils soient maintenus, c'est une victoire. Qu'ils ne soient pas décalés, ça l'est aussi. Le doute, la gestion du temps d'attente, c'est ce qu'il y a de plus dur pour un athlète. À Tokyo, ça a été extrêmement compliqué à vivre, m'a-t-on dit. Là, le fait que ça se passe au bon moment, au bon endroit, malgré tout, c'est génial pour eux.
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