INSÉPARABLES - La disparition de Diego Maradona a plongé Naples dans un immense chagrin. Une ville qui voue un culte inégalé au génie argentin, dans le souvenir d'un amour fusionnel et tumultueux.
"Pour toujours. Ciao Diego". L'hommage du SSC Napoli est sobre, digne et solennel. À la hauteur du respect et de l'admiration que lui porte Naples. C'est, avec incrédulité et déchirement, que la "Phénix de l'Italie du Sud" a appris la mort de Diego Maradona, qui a succombé à un arrêt cardiaque, mercredi 25 novembre, à son domicile de la banlieue de Buenos Aires. "El Diez", l'éternel numéro 10, a laissé une trace unique, un souvenir vivace, dans cette ville, où l'adoration l'emporte souvent sur la raison.
L'histoire d'amour entre "El Pibe de Oro" et Naples remonte au milieu des années 80. Un autre temps, un autre football. Après un bref passage à Barcelone, "un désastre" selon l'Argentin, l'enfant du quartier déshérité de Villa Fiorito débarque dans la cité parthénopéenne à l'été 1984. Dans une ferveur à nulle autre pareille, il se présente, en chair et en os, au San Paolo devant 75.000 "tifosi" émerveillés. La connexion se fait en un claquement de doigt. "Je m'y suis tout de suite senti comme un poisson dans l'eau. J'ai tout de suite aimé cette ville, car elle me faisait penser à mes origines", racontait le champion du monde 1986 dans son autobiographie Ma Vérité, parue en 2016. "C'est chez moi ici", clamait le Napolitain d'adoption.
Une overdose de passion
De ces années passionnelles, Maradona tire deux "Scudetti" (1987 et 1990), les deux seuls titres de champion du Napoli, et une victoire en Coupe de l'UEFA en 1989. En symbiose avec "sa" ville, qu'il a placée sur la carte de la Botte, Diego l'est jusque dans ses vices. Dans son documentaire Diego Maradona, présenté hors compétition à Cannes en 2019, le réalisateur Asif Kapadia contait ses années tumultueuses à Naples, où le feu-follet argentin a perdu de vue le football. En dehors du terrain, il se noie dans une surdose de passion... et de cocaïne. "Je sortais boire, on prenait de la cocaïne, c'était du dimanche soir jusqu'au mercredi. Ensuite, j'éliminais tout ça jusqu'au dimanche, jour de match, et ça repartait derrière."
Son image déjà égratignée par la naissance d'un fils illégitime, issue d'une relation extra-conjugale, qu'il ne reconnaîtra que 29 ans plus tard en 2016, Diego Maradona ne contrôle plus rien. Ses relations avec la Camorra, la mafia locale qui le fournit en drogue, font de lui un paria. L'odeur de la poudre ne lâche plus "El Pibe de Oro". En 1991, un contrôle positif à la cocaïne lui vaut une suspension de 15 mois. Poursuivi par le fisc et rejeté par ceux qui l'ont adulé, il quitte cette union toxique dans un quasi-anonymat.

Un amour jamais égalé
Tout aurait pu s'arrêter là. Mais, dans une histoire d'amour, si on s'aime et on se déchire... on se pardonne aussi. En 2005, quatorze ans après son exil forcé, Maradona revient sur le terrain de ses exploits passés, à l'occasion du jubilé de son ex-coéquipier Ciro Ferrara. Ce jour-là, tout Naples se presse pour revoir "Dieguito". Car, la magie d'une histoire d'amour, c'est qu'une fois la séparation digérée, les souvenirs restent. Des souvenirs que sa réapparition soudaine ont ravivé. Et, avec Maradona et Naples, l'amour se confond souvent avec la vénération. Un fanatisme qui côtoie le culte d'un Dieu vivant.
Alors, mercredi, dès l'annonce de son décès, les rues du centre-ville se sont noircies de monde pour saluer la mémoire de ce génie éternel. Plusieurs centaines de supporters, émus, ont afflué dans les Quartiers Espagnols, où se trouve une grande fresque à l'image de l'Argentin et ont rendu hommage à cette "figure immortelle", la comparant à San Gennaro, le saint patron de la ville. Fumigènes à la main, maillots du Napoli sur les épaules, floqués au nom de la divinité disparue, les "tifosi" ont entonné des chants à la gloire de l'idole absolue de la cité. Celui qui fut à l'origine de l'âge d'or du club italien.
Preuve du culte que Naples voue à ce Dieu, le président napolitain Aurelio De Laurentiis a révélé que le Stadio San Paolo pourrait être renommé, en hommage au footballeur le plus emblématique de l'histoire du Napoli. "Cela pourrait être une idée de l'appeler San Paolo-Maradona, cela peut être une chose dont on peut parler", a-t-il confié à RMC Sport. Une idée qui a visiblement plu au maire Luigi de Magistris, qui a par ailleurs décrété une journée de deuil ce jeudi. "Diego a fait rêver notre peuple, il a libéré Naples par son génie. En 2017, il était devenu notre citoyen d'honneur. Diego, Napolitain et Argentin, tu nous as donné du bonheur et de la joie ! Naples t'aime !" a-t-il écrit sur Twitter. À Naples, la passion pour Diego est éternelle.
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