En 2029, l'Arabie saoudite sera le pays hôte des Jeux asiatiques d'hiver, qui se dérouleront dans la mégalopole futuriste de Neom.Dans ce méga-territoire, actuellement en construction, la région montagneuse de "Trojena" captera tous les regards.C'est là, dans cet écrin désertique, qu'auront les compétitions de ski, de snowboard, de hockey sur glace et de patinage artistique.
Futuriste, connecté, écologique. Fou, hors du temps, antihumaniste. Deux visions s'opposent lorsqu'il s'agit de parler de Neom, la mégapole d'un nouveau type conçue de A à Z par l'Arabie saoudite. Le chantier aux dimensions colossales de 500 milliards d'euros, situé à l'extrême nord-ouest du royaume désertique, aux frontières avec l'Égypte et la Jordanie, dans une région très peu peuplée, bordée par la mer Rouge et le golfe d'Aqaba, faisait déjà grand bruit. Avec sa désignation, mardi 4 octobre, pour accueillir les Jeux asiatiques d'hiver de 2029, ce mirage de plus de 26.500 km² - ce qui équivaut à 33 fois la superficie totale de New York - va bénéficier d'une exposition mondiale, pour ne pas dire planétaire.
Ce projet faramineux, qui s'inscrit dans le cadre du plan du prince héritier Mohammed ben Salmane "Saudi Vision 2030", visant à transformer l'économie par le sport, se décompose en trois régions. La première se nomme "The Line", une cité unique en son genre, toute en longueur, sans route ni voiture, où tout fonctionnera "à 100% d'énergie renouvelable". Cette ville "zéro carbone" est voulue pour être le berceau d'une "révolution civilisationnelle". "95% des terres seront préservées pour la nature", prétendent les promoteurs sur leur site internet. La suivante, "Oxagon", est une île usine octogonale de 7 kilomètres de diamètre, destinée à être "le catalyseur de la croissance économique et de la diversité".
Une station de ski... au milieu du désert
Vient enfin "Trojena", le secteur le plus ambitieux de cette utopie, qui doit être achevée en 2026. C'est là, dans cette région montagneuse et aride, où la neige ne tombe pas en abondance, que vont skier les athlètes des Jeux asiatiques d'hiver de 2029. Sur les pentes des monts de Madian, où "les températures descendent en dessous de zéro degré en hiver et sont généralement inférieurs de 10 degrés tout au long de l'année", assurent les promoteurs, est en train d'être construite la toute première station de ski en plein air de la région du Golfe. Décrite comme haut de gamme, elle offrira des pistes ouvertes toute l'année, à plus de 2000 mètres d'altitude, aux 700.000 visiteurs et 7000 résidents permanents attendus d'ici à 2030.
Le complexe pharaonique fera la part belle à la technologie, en mettant l'accent sur l'intelligence artificielle et l'automatisation. L'ensemble, qui accueillera des événements sportifs, des concerts, des festivals et des expositions d'art, sera "connecté" et "expérimental". "Trojena" se composera de six quartiers distincts, tous centrés sur des expériences sur mesure, en fonction de l'époque de l'année. Il comprendra un village vertical, de complexes de bien-être et familiaux - chalets, manoirs, hôtels... - ultra-luxueux, un lac artificiel d'eau douce (le plus grand de la région) ou encore un observatoire avec vue sur la mer Rouge.
Avec ce dessein "avant-gardiste", "MBS" ambitionne de "redéfinir le tourisme de montagne à l'échelle planétaire", tout en vantant "les principes de l'éco-tourisme". À l'instar des régions voisines de "The Line" et "Oxagon", "Trojena" sera à 100% alimenté par des sources d'énergies renouvelables et utilisera des matériaux durables.
Si le projet Neom se veut tourné vers les combats écologiques du XXIe siècle, ces détracteurs, qui pointent une aberration écologique à l'heure où les Jeux asiatiques d'hiver y feront escale en 2029, s'interrogent sur sa faisabilité. Il lui reste un peu moins de sept ans pour sortir de terre.