Equipe de France : dans les coulisses du "chaos" de Knysna

Publié le 18 juin 2014 à 10h25
Equipe de France : dans les coulisses du "chaos" de Knysna

COUPE DU MONDE - Il y a quatre ans, les Bleus n'offraient pas du tout la même image qu'aujourd'hui au Brésil. C'était le Mondial 2010 en Afrique du Sud et la célèbre grève de Knysna. Un homme, François Manardo, chef de presse de l'équipe de France à l'époque, a vécu ce scandale de l'intérieur. Des moments qu'il décrit dans l'ouvrage "Knysna, au cœur du désastre" et sur lesquels il revient pour l'AFP.

Avant Knysna, du côté des joueurs, il y a des signes négatifs, comme après la défaite 3 à 1 en Autriche en qualification du Mondial...
Il est 2 heures, 2 h 30 du matin, on arrive à Clairefontaine, je m'aperçois que tous les joueurs sont réunis dans la grande salle à manger. Vu la façon dont ils se parlent, je pense qu'ils parlent du match, j'en parle à un collègue en disant 'super, ils sont responsables, ils doivent se dire leurs quatre vérités'. Le regard qu'on me jette alors me fait comprendre que je suis vraiment le perdreau de l'année. Ils sont en train de parler de l'horaire du petit-déjeuner qui ne leur convient pas. Pour moi, c'est 'bienvenue au club'.

"Raymond Domenech est le premier responsable"

Et du côté de l'encadrement, pendant la préparation du Mondial-2010, le message c'est "23 hommes en colère"...
Vingt-trois hommes en colère, c'est tout ce qui va traduire la pathologie des Bleus de cette époque-là. C'est le message du sélectionneur, Raymond Domenech, il est le premier responsable de ce message-là. Cela lui convenait comme joueur, il était parfaitement galvanisé de l'hostilité autour de lui qu'il s'évertuait à provoquer. Vingt-trois hommes en colère : on sait comment ça va se finir, ils vont se mettre en colère mais pas contre ceux espérés, les adversaires. Ils vont se mettre en colère contre les médias, la FFF. Ils vont penser 'tout le monde est contre nous, personne ne nous aime'. Il aurait peut-être suffi de dire 'on nous trouve antipathique, essayons de trouver un remède'. Avec l'encadrement des Bleus aujourd'hui, mené par Didier Deschamps, et le travail de Laurent Blanc auparavant, on est revenu vers une dynamique positive.

Que gardez-vous du 20 juin 2010 ?
Il y a d'abord l'altercation entre Patrice Evra et Robert Duverne (préparateur physique), avec Raymond Domenech qui s'interpose. C'est la déflagration. Je sais que tout a explosé. Patrice Evra me demande de lire le communiqué des joueurs qui s'opposent à l'exclusion de Nicolas Anelka (qui avait insulté Domenech quelques jours plus tôt à la mi-temps d'un match) et décident de boycotter l'entraînement. Il me quitte en me laissant le papier. Je refuse de lire ce document qui s'oppose à mon employeur. Je monte dans le bus où les joueurs se sont enfermés : c'est comme si on arrivait à rentrer au cœur d'une bombe. Il n'y a pas un bruit mais il y a une telle tension nerveuse. Je n'ai pas entendu le sélectionneur arriver dans mon dos. Il lance : 'il est où ce papier ?'. Je lui donne. Il le lira. Ce qui arrive là, c'est tout sauf le hasard. Les ingrédients malsains étaient rassemblés avant. Le chaos, c'est ça.


La rédaction de TF1info

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