France-Croatie : la défense bleue, un édifice encore en chantier

Publié le 6 juin 2022 à 8h22, mis à jour le 13 juin 2022 à 11h57

Source : JT 20h WE

Primordiale dans la conquête du titre mondial en 2018, la défense de l'équipe de France est devenue, depuis quelques mois, moins souveraine.
La défaite surprise contre le Danemark (1-2) puis les déconvenues en Croatie (1-1) et en Autriche (1-1) en sont les dernières démonstrations.
Une réaction est attendue lundi, au Stade de France, contre la Croatie (20h45).

À moins de six mois du Mondial au Qatar, faut-il commencer à s'inquiéter ? Ultra solide et pragmatique à l'été 2018, l'équipe de France est devenue - au fil des mois - beaucoup plus friable derrière. La défense, l'une des grandes forces des tricolores lors de la conquête de leur deuxième titre de champion du monde, s'est progressivement transformée en un véritable talon d'Achille.

La déroute lors du dernier Euro a, à ce titre, été particulièrement révélatrice. Au cours des quatre matchs disputés, les Bleus n'ont réussi qu'un seul "clean sheet", contre l'Allemagne (1-0), encaissant la bagatelle de 6 buts (1,5 but par match). Pire, les joueurs de Didier Deschamps ont totalement explosé lors des dix dernières minutes en huitièmes de finale, laissant la Suisse recoller au score malgré deux buts d'avance. Pour la suite que l'on connaît (3-3, 5-4 TAB). 

Une solidité qui s'est envolée depuis 2018

Dès lors, les Bleus ont changé de système tactique, adoptant sur la durée un 3-4-1-2 qui permet de mettre le trio offensif Griezmann-Mbappé-Benzema dans les meilleures dispositions. Mais de l'autre côté du terrain, la défense française n'a, elle, pas retrouvé de couleurs. Des difficultés dans la profondeur, quand le porteur de balle n'est pas suffisamment cadré, ont notamment été identifiées. Rotations et blessures obligent, l'inusable 4-2-3-1 a également été utilisé lors des dernières rencontres, ajoutant une nouvelle dose d'instabilité. 

Conséquence directe, les Français ont encaissé 10 buts en 12 matchs depuis la déception de Bucarest (soit 0,83 but par match), dont trois en deux matchs lors de la phase finale de la Ligue des nations (2 contre la Belgique, 1 contre l'Espagne). C'est beaucoup plus que la moyenne observée entre la fin de la Coupe du monde 2018 et l’avant-Euro (19 buts encaissés en 30 matches sur cette période, soit 0,63 but par match). 

C'est très loin d'être parfait
Hugo Lloris

Cette carence, parfois masquée par la faiblesse des adversaires affrontés par les partenaires de Ngolo Kanté, a été révélée au grand jour contre le Danemark, en ouverture de la 3e édition de la Ligue des nations. Devant au score grâce à une merveille de Karim Benzema, les tricolores se sont finalement inclinés, sur le fil, au Stade de France (1-2). La faute à un doublé (improbable) de l'ancien joueur des Girondins de Bordeaux, Andreas Cornelius. "Il me semble qu'on doit être capable d'élever le niveau en termes d’intensité, d'agressivité. C'est très loin d'être parfait, il nous reste encore six mois avant de trouver la formule idéale", avait reconnu Hugo Lloris, après le coup de sifflet final. 

Depuis, les Bleus ne sont pas (vraiment) parvenus à redresser à la tête, concédant des nuls frustrants en Croatie(1-1) - après avoir mené au score - et en Autriche (1-1). "On est toujours en vie mais, maintenant, on est dans l'obligation d'aller gagner les trois prochains matches. Si on veut rester tout en haut de la hiérarchie mondiale, il faut être capable d'être beaucoup plus solide", lancé le capitaine tricolore. 

Le remplaçant de Samuel Umtiti se fait attendre

Le problème est double. Tout d'abord, sur le plan individuel, c'est sans doute derrière que le réservoir est le plus "faible". Le déclin de Samuel Umtiti, au sommet de son art lors de la campagne de 2018, a laissé un vide terrible. L'ancien Lyonnais n'a jamais été véritablement remplacé. Plus précisément, aucun de ses successeurs de la charnière centrale n'a atteint son niveau ni apporté sa sérénité. Jeune et talentueux, Jules Koundé s'est rarement montré irréprochable. Même chose pour Dayot Upamecano, carrément évincé du groupe France, William Saliba, Presnel Kimpembe ou encore Kurt Zouma. Lucas Hernandez tarde, lui, à retrouver sa grinta passée sous le maillot frappé du coq. 

Le constat n'a pas beaucoup plus reluisant pour l'ancien compère de "Big Sam", Raphaël Varane, qui réalise une saison en demi-teinte à Manchester United et peine à s'imposer - sur la durée - comme le taulier que beaucoup le pensent capable d'être. Le capitaine Hugo Lloris, lui-même, semble aussi de moins en moins souverain. 

Une animation collective encore en rodage

Surtout, des réponses semblent encore à trouver dans l'animation collective. Le 3-4-1-2, s'il fait la part belle à l'attaque, rend parfois plus fragile l'édifice défensif. Ce constat est d'autant plus vrai que les joueurs de côté - Théo Hernandez et Kingsley Coman - évoluent très haut sur le terrain. Pour ne rien arranger, les deux pistons sont moins à l'aise dans les tâches défensives. Ce n'est pas un hasard si le Danois Joakim Mæhle a insisté le 3 juin dernier sur le côté de l'ancien Parisien.

On a eu un problème avec l'alignement
Lucas Hernandez

Le Milanais a, lui, été impliqué sur les deux buts scandinaves, couvrant, à chaque fois, les départs de Cornélius dans la profondeur. "On a eu ce problème d'alignement. Voilà, ce sont des petits trucs qu'il va falloir continuer à travailler", admet Lucas Hernandez. "Notre défaite vient, à mon avis, de ne pas avoir suffisamment cadré les porteurs de balle. Dans notre système, c'est cet équilibre-là qu'il faut trouver, on l'a partiellement fait", a nuancé, de son côté, Guy Stéphan, qui a remplacé pour l'occasion Didier Deschamps, endeuillé. 

À moins de six mois du Mondial au Qatar (21 novembre-18 décembre 2022), cette mauvaise série de résultats fait figure d'avertissement sans frais. Particulièrement sur le plan défensif. Les tricolores vont rapidement devoir s'ajuster et trouver des réponses. Le tout sans Raphaël Varane, Lucas Hernandez ou encore Ngolo Kanté, forfaits pour le reste de la fenêtre internationale. La lumière pourrait venir d'Ibrahima Konaté, appelé en renfort et intéressant lors de sa première sortie vendredi à Vienne. Mais c'est surtout collectivement que les Bleus vont devoir monter en puissance. 

Malgré tout, ce n'est pas encore l'heure de tirer sur le signal d'alarme. Pour rappel, avant leur trois derniers mauvais résultats, les champions du monde en titre restaient sur sept victoires consécutives. 


Maxence GEVIN

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