France-Allemagne : pourquoi les Bleus n'ont finalement pas mis de genou à terre

Publié le 16 juin 2021 à 10h51, mis à jour le 16 juin 2021 à 16h35
En préparation, les Bleus avaient déjà posé le genou à terre lors de France-Pays de Galles.
En préparation, les Bleus avaient déjà posé le genou à terre lors de France-Pays de Galles. - Source : FRANCK FIFE / AFP

POLÉMIQUE - Les joueurs de l'équipe de France ont renoncé à poser un genou à terre avant le coup d'avant de leur premier match de l'Euro face à l'Allemagne (1-0) mardi. La veille, ils avaient pourtant annoncé vouloir faire ce geste pour dénoncer les discriminations et les violences policières.

L'annonce avait mis le feu aux poudres. Lundi 14 juin, veille de l'entrée en lice des Bleus à l'Euro, Hugo Lloris avait indiqué que les Bleus mettraient un genou au sol avant le coup d'envoi du match contre l'Allemagne. Ce geste, rendu célèbre par le joueur de NFL Colin Kaepernick, s'est démocratisé avec le mouvement Black Lives Matter après le meurtre de George Floyd par le policier Derek Chauvin, en mai 2020 aux États-Unis. Tout naturellement, cette posture s’est invitée dans la foulée sur les terrains de football. Les déclarations du capitaine tricolore ont pourtant immédiatement enflammé le débat, déchirant l'échiquier politique. À gauche et au sein du gouvernement, l'initiative a rapidement été saluée. À droite et à l'extrême droite, elle a été vivement critiquée. 

Finalement, les joueurs de l'équipe de France ont décidé de renoncer à faire ce geste, symbole de la lutte contre les discriminations et les violences policières. Plusieurs raisons sont évoquées, à commencer par l'atterrissage chaotique (et presque dramatique) d'un parachutiste de Greenpeace sur la pelouse de l'Allianz Arena qui a bouleversé le protocole d'avant-match. D'aucuns avancent aussi le rétropédalage de la Mannschaft. Les Allemands qui avaient, eux aussi, prévu de poser un genou à terre, ont finalement choisi de s'abstenir. 

UEFA et classe politique dans le viseur

Ce ne sont pourtant pas les deux explications livrées par les Bleus à l'issue du match. Le capitaine Hugo Lloris explique : "Le genou par terre, c'était une décision collective. On part du principe que si on doit le faire, toutes les nations doivent le faire avec l'appui de l'UEFA. C'est le cas en Premier League, où le mouvement a été ensemble et solidaire. Sur cette compétition, c'est moins le cas". "Cela ne veut pas dire qu'on ne soutient pas la cause, on ne veut surtout pas de racisme dans notre sport et dans la société", a toutefois assuré le portier tricolore au micro de RMC Sport

Même son de cloche du côté de Raphaël Varane, en conférence de presse ce mercredi. "C'est une décision qui a été prise par l'ensemble des joueurs. Aujourd'hui ce n'est pas le même symbole qu'au début. C'est plus une source de tension, de crispation", indique le défenseur, impérial contre la Mannschaft. Le Madrilène a aussi déploré l'absence d'un "élan collectif avec un message unanime clair et fort". "Le groupe France, ça représente 26 joueurs avec des origines, couleurs de peau et des catégories sociales différentes. Notre façon de lutter contre les discriminations, c'est de montrer qu'ensemble, en étant unis, on peut porter haut des valeurs", ajoute-t-il, ambitionnant "d'unir des millions de Français, des millions de fans dans le monde"

Parallèlement, le sélectionneur Didier Deschamps a fustigé l'emballement médiatique et politique de ces dernières heures. "L'espace de l'Euro, c'est le centre d'intérêt de tout le monde, donc la moindre petite chose va susciter des réactions. Il y a toujours de la récupération, dans un sens ou dans l’autre. Forcément, ce n’est pas quelque chose de bien. Il y a un tel climat où ça part dans tous les sens", se désole-t-il. "Je vous le dis depuis un moment : je trouve qu’il y a une montée en puissance de l’agressivité, de la haine, qu’elles soient verbales ou physiques, qui est très dangereuse", pointe encore "DD". "Quand on donne la parole à certaines personnes qui sont forcément dans l’excès… Ce sont surtout ces personnes-là qu’on entend. Ça serait bien de baisser un peu le volume pour retrouver la raison de part et d’autre", conclut-il.

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Maxence GEVIN

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