L'Iran est en proie à de gigantesques manifestations, après le décès de Mahsa Amini, morte en détention pour un voile mal ajusté.Dans ce contexte, des footballeurs de l'équipe nationale, dont la star Sardar Azmoun, ont pris position en faveur du mouvement de protestation.Au point de risquer d'être exclus de la "Team Melli" pour la prochaine Coupe du monde, qui se déroulera au Qatar.
C'est une posture qui pourrait les priver du Mondial. Depuis le 16 septembre, l'Iran réprime dans le sang la mobilisation historique, portée par la jeunesse, en riposte à la mort de Mahsa Amini. Interpellée par la police des mœurs, pour non-respect du port du voile, la jeune Iranienne de 22 ans est décédée en détention. Une morte suspecte qui a embrasé la République islamique. En une dizaine de jours, "au moins 76 personnes ont été tuées dans les manifestations" dont "six femmes et quatre enfants", dans 14 provinces du pays, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR). Un bilan humain plus important que celui-ci fournit par les autorités iraniennes qui ne font état "que" de 41 morts, dont des forces de l'ordre, et plus de 1200 arrestations.
Ce soulèvement, le plus important depuis novembre 2019, alors provoqué par la hausse des prix de l'essence, a trouvé un écho dans les hautes sphères. À l'instar du réalisateur Asghar Farhadi, lauréat de deux Oscars du meilleur film étranger, qui a apporté son soutien au mouvement contestataire, l'équipe nationale iranienne a pris ouvertement parti pour les femmes de son pays. "Les cheveux de nos filles sont recouverts d'un linceul", ont posté plusieurs joueurs de la Team Melli dans une story Instagram. Un message repris par plusieurs cadres, parmi lesquels Vahid Amiri, Karim Ansarifard et Mehdi Taremi.
Vive les femmes d'Iran
Sardar Azmoun, attaquant de l'équipe d'Iran
Une prise de position ferme et courageuse, qui n'a pas suffi à Sardar Azmoun. Actuellement en stage en Autriche avec l'équipe d'Iran, l'attaquant du club allemand du Bayer Leverkusen s'est mis en faute avec le règlement de sa Fédération, lui interdisant de prendre la parole. En colère, le "Messi iranien" est sorti de ses gonds pour exprimer publiquement son soutien au mouvement de protestation des femmes iraniennes, qui agissent sous le slogan "Femme, Vie, Liberté".
Une déclaration qui pourrait lui valoir, comme ses coéquipiers, d'être banni de la sélection, à moins de deux mois de la Coupe du monde au Qatar, qui verra l'Iran, versé dans le groupe B, affronter les États-Unis, l'Angleterre et le pays de Galles.
Sardar Azmoun, who plays for @bayer04_en & is now in Austria with Iran's national team for a friendly match against Senegal, says he couldn't remain silent despite the team's rules. "I don't care if I'm sacked. Shame on you for killing people so easily. Viva Iranian women." pic.twitter.com/z3c0Et699g — Iran International English (@IranIntl_En) September 25, 2022
"La (punition) ultime est d'être expulsé de l'équipe nationale, ce qui est un petit prix à payer pour même une seule mèche de cheveux d'une femme iranienne", a-t-il écrit. "Ça ne sera jamais effacé de notre conscience. Je n'ai pas peur d'être évincé. Honte à vous d'avoir si facilement tué le peuple et vive les femmes d'Iran. Si ce sont des musulmans, que Dieu fasse de moi un infidèle."
Ce message a depuis disparu de son compte Instagram, lui vidé de tout son contenu, sans que l'on sache s'il a été forcé ou non de le retirer. De quoi installer un climat de tension, au point où une partie de l'équipe envisagerait de boycotter le Mondial.