Coupe du monde 2022 : comment l'Équateur a failli manquer le Mondial qatari

Une grosse frayeur. Globalement solide en défense (19 buts encaissés en 18 matchs de qualification), l'Équateur a arraché sur le gong sa place pour la Coupe du monde 2022. Les joueurs de Gustavo Alfaro ont terminé à la quatrième place de la zone AmSud (26 points), devançant d'une courte tête le Pérou (24 points, finalement éliminé par l'Australie en barrages inter-continentaux) et la Colombie (23). 

S'appuyant sur un groupe rajeuni, avec les prometteurs Piero Hincapie (20 ans), Moises Caicedo (21 ans), Jackson Porozo (22 ans) et Pervis Estupinan (24 ans) - qui évoluent tous en Europe -, la Tri s'est notamment offerte le scalp de l'Uruguay (4-2), de la Colombie (6-1) et du Chili (0-2), tout en tenant tête à ce même Chili (0-0) et à l'Argentine (1-1). Les coéquipiers de l'expérimenté Enner Valencia ont ainsi pu fêter leur participation à leur quatrième Mondial (après 2002, 2006 et 2014). 

Oui mais voilà, tout a failli se briser... pour une formalité administrative. Battu à la régulière par l'Équateur, le Chili a déposé une plainte, preuves à l'appui, concernant Byron Castillo. Les instances de la Roja estimaient que leur adversaire avait aligné un joueur non éligible, Byron Castillo, au cours de plusieurs de leurs rencontres. Pour être exact, le latéral - qui a disputé huit matchs au cours de la campagne de qualification - serait né en Colombie, dans la ville de Tumaco le 25 juillet 1995, et non le 10 novembre 1998, dans la ville équatorienne de Playas.

Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) a jugé que le défenseur était bien né en Colombie, en 1995. Il a condamné sa sélection à s'acquitter de 100.000 francs suisses (100.650 euros) d'amende car "la date et le lieu de naissance" figurant sur son passeport pour son enregistrement à la Fifa étaient "incorrects". La sélection nationale entamera également "avec 3 points de pénalité" la campagne qualificative pour le Mondial-2026. En revanche, la juridiction a estimé que le joueur pouvait bien être aligné, au motif que les autorités équatoriennes "ont reconnu" le défenseur "comme un citoyen équatorien". Elle a donc, de facto, validé la participation de l'Équateur à la Coupe du monde. 

Si l'histoire aurait pu en rester là, et alors que rien ne l'y obligeait, Gustavo Alfaro a décidé de se passer de Byron Castillo au Qatar. 

Un choix probablement décidé en plus haut lieu, la fédération équatorienne (FEF) ayant fustigé la décision du TAS, considérée comme "arbitraire" et "sans base légale". Elle "sème illégitimement le doute sur le contenu" du passeport du joueur évoluant au Club León FC, fustige-t-elle. Cela "pourrait non seulement compromettre le parcours de l'équipe nationale dans cette Coupe du monde, mais compromettre également sa participation à la prochaine édition", ajoute la FEF. 

Le principal intéressé, lui, tente de faire contre mauvaise fortune bon cœur après ce coup du sort. "Allons-y avec foi. Je mise sur vous. Mon rêve ne s'arrête pas là, je me tiens vent debout contre tout", a-t-il exhorté ses coéquipiers sur les réseaux sociaux. Reste désormais à voir comment ses compatriotes s'en sortiront dans ce Mondial, eux qui ont été versés dans une poule relevée comptant le Qatar, le Sénégal et les Pays-Bas.