À un mois et demi du Mondial au Qatar, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra met la pression sur la Fédération française de football (FFF).Dans un courrier que l'AFP a pu consulter, elle demande à l'instance tricolore de lui fournir des preuves de son action concernant les droits de l'Homme au Qatar.Sur place, les ONG posent régulièrement la question des droits des travailleurs migrants dans l'Émirat.
La FFF va devoir montrer patte blanche. Dans un courrier que l'AFP a pu consulter, mercredi 5 octobre, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a demandé à la Fédération française de lui fournir des preuves de son action concernant les droits de l'Homme lors de la Coupe du monde, qui s'ouvrira le 20 novembre au Qatar. Le document, qui détaille les axes sur lesquels va se concentrer la mission d'audit visant l'instance après la parution de l'enquête de So Foot mettant en cause la "3F" et son président Noël Le Graët, accusé d'avoir adressé des SMS à caractère sexuel à des employés, aborde aussi le Mondial qatari.
Dans cette lettre, l'ancienne DG de la Fédération de tennis (FFT) rappelle qu'elle a a "insisté" lors d'une rencontre avec le vice-président délégué de la FFF, Philippe Diallo, pour que la Fédération française de football "prenne rapidement les mesures permettant de s'assurer que la participation de notre équipe de France à la Coupe du monde au Qatar puisse se faire dans le respect de nos valeurs relatives aux droits de l'Homme et à la transition écologique", écrit la ministre des Sports.
Un fonds d'indemnisation en cours de création
Si Amélie Oudéa-Castéra explique avoir bien "noté" le communiqué de presse du 23 septembre, dans lequel l'organe dirigeant du football français met "en avant" plusieurs démarches entreprises, elle demande à l'instance "de bien vouloir (lui) faire part de (ses) avancées" sur ces "enjeux". "Sur le point relatif à la vérification des conditions de travail sur le camp de base de l'équipe de France en particulier, je vous demande de me faire connaître, dès à présent, les initiatives concrètes que vous avez prises et vous me communiquerez également, le moment venu, le bilan des prochaines visites sur place", ajoute-t-elle.
Mardi 4 octobre, Philippe Diallo avait assuré que la Fédération française de football travaillait avec plusieurs autres organisations à la création d'un fonds d'indemnisation des victimes d'accidents du travail sur les chantiers du Mondial qatari.
Dans une lettre ouverte diffusée deux jours avant Danemark-France (2-0), le 25 septembre, à Copenhague, Amnesty International avait regretté le "silence assourdissant" des Bleus "face aux milliers de travailleurs migrants décédés sur les chantiers qataris, et aux milliers d’autres soumis au travail forcé". La question des droits des travailleurs migrants au Qatar est régulièrement posée par des ONG depuis l'attribution de la Coupe du monde 2022 au riche État gazier du Golfe, en 2010.