Coupe du monde : comment Adrien Rabiot s’est rabiboché avec les Bleus

Publié le 7 décembre 2022 à 18h58, mis à jour le 8 décembre 2022 à 17h26
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Source : Football - Coupe du Monde de la FIFA 2022

Maître à jouer des Bleus depuis le début de la Coupe du monde, Adrien Rabiot revient de loin.
L’ancien Parisien de 27 ans s’est mis Didier Deschamps à dos il y a quatre ans en refusant d’être réserviste pour le Mondial en Russie.
"Aujourd’hui, on est beaucoup plus proches", assure-t-il, à trois jours d’un quart de finale décisif contre l’Angleterre.

Didier Deschamps parle d’une "pause pour différentes raisons". Lui de "ce qu’il s’est passé avant le Mondial en 2018". Il y a quatre ans, bien malins auraient été ceux qui auraient misé sur le rôle essentiel que tient actuellement Adrien Rabiot au Qatar. Depuis le début de la Coupe du monde, le joueur de 27 ans est indispensable au milieu de terrain de l’équipe de France, privé de Ngolo Kanté et Paul Pogba. Plus qu’un retour en grâce, une renaissance. "Il est en pleine possession de ses moyens. Il est dans la continuité de ce qu’il fait avec son club depuis plusieurs semaines. Je le connais bien", confirmait le sélectionneur à la veille du huitième de finale contre la Pologne.

C'est peu dire que l’histoire entre les deux hommes a été mouvementée. "On a toujours eu de bonnes relations, même avant" l’évènement qui a tout changé, raconte Adrien Rabiot en conférence de presse, ce mercredi 7 décembre. En 2018, en amont de la Coupe du monde en Russie, Didier Deschamps le place sur sa liste des réservistes. Sauf que le joueur refuse à travers une lettre ouverte dans laquelle il affirme que le choix du sélectionneur ne répond "à aucune logique sportive". "Après ça, il s’est passé deux ans pendant lesquels on n’a pas eu de contact du tout avant que je revienne en 2020", se souvient-il.

C’est sans doute la meilleure période de ma carrière
Adrien Rabiot

Deux ans compliqués pour l’international, qui quitte le PSG avec fracas après un bras de fer retentissant. De quoi lui donner une image d’enfant capricieux qui lui a longtemps collé à la peau. Puis ses prestations avec son club de la Juventus tapent dans l’œil de Didier Deschamps qui le rappelle à la rentrée 2020. Depuis, Adrien Rabiot n’a pas manqué une convocation. Il a même été titularisé 22 fois sur les 27 matches qu’il a disputés.

"Quand je suis revenu, on a tout de suite discuté (avec Didier Deschamps) et ça s’est très bien passé. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre au départ mais il y a eu une très bonne relation tout de suite. De sélection en sélection, elle s’est vraiment améliorée, on a appris à se connaître. Il me comprend mieux, il connaît mieux ma personnalité. Aujourd’hui, on est beaucoup plus proches", assure-t-il. Adrien Rabiot reconnaît être dans une bonne dynamique "depuis plusieurs mois". "Ça vient aussi avec le fait que j’ai mûri. Mon football a grandi aussi. Je dirais que c’est sans doute la meilleure période de ma carrière", glisse-t-il.

Je n'ai pas besoin de lui répéter trois, quatre fois. Il sait, il sent où il doit être
Didier Deschamps

Buteur face à l'Australie (4-1), Adrien Rabiot estime avoir progressé "dans quasi tous les secteurs", notamment sur sa concentration et sa capacité à "avoir moins de temps faibles sur la durée d’un match". Didier Deschamps admet que son joueur "a enlevé des choses qui le gênaient à une période". Comme son placement sur le terrain, qui pouvait "le limiter psychologiquement". "Dès que j’ai arrêté de me poser ces questions, je me suis beaucoup mieux senti. Je ne suis pas vraiment cantonné à un rôle de milieu. Je peux évoluer, je suis assez libre, je peux aussi me déporter sur le côté gauche. Le coach a confiance en moi et voit que je suis capable de faire ça sur 90 minutes", insiste le principal intéressé. "C’est un milieu de terrain complet, que ce soit plus bas, plus haut. Il se définit comme un joueur d’équilibre. Ce n’est pas réducteur. Je n’ai pas besoin de lui répéter trois, quatre fois. Il sait, il sent où il doit être. Tant mieux pour nous qu’il soit à ce niveau-là", souligne le sélectionneur.

France - Australie (1-1) : l'égalisation de Rabiot sous tous les anglesSource : Football - Coupe du Monde de la FIFA 2022
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Au sein du groupe, Adrien Rabiot semble aussi avoir trouvé sa place. Ibrahima Konaté, qui "ne le connaissait pas personnellement" avant le Mondial, dit de lui qu’il est "un bon vivant qui discute et rigole avec tout le monde". "On peut parler de tout avec lui", sourit-il. C’est aussi le cas avec les journalistes, à qui il n’a pas hésité à rappeler qu’ils l’avaient "souvent critiqué". "Parfois à tort selon moi (…). Je n’ai pas toujours été d’accord avec ce que j’ai entendu sur la qualité de mon jeu lors de mes prestations qui étaient jugées pas bonnes ou moins bonnes. Même si je suis assez objectif avec moi-même, j’ai trouvé que c’était parfois assez sévère. Ça me pousse aussi à donner plus", assène-t-il, notant "une amélioration" dans ses relations avec la presse.

Et avec le public ? "Si mon image est floue, c'est parce que je le désire. Je ne m'étale pas énormément, je ne me montre pas tellement en dehors du terrain", confessait-il au début de la compétition. Il avançait alors que son image "changerait certainement si la compétition se déroule bien".  Avoir manqué le Mondial 2018 a été "une grosse déception". "Je ne prends pas ça comme une revanche, je suis reconnaissant de tout ce qu'il s'est passé depuis mon retour, je prends ça comme une chance", expliquait-il au même moment. Alors qu’approche le quart de finale face à l’Angleterre, les supporteurs des Bleus céderont-ils à la Rabiot-mania en cas de prestation étincelante ?


Delphine DE FREITAS

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