Coupe du monde 2022 : le barrage Écosse-Ukraine, bien plus qu'un match de football

Publié le 1 juin 2022 à 9h52

Source : JT 20h Semaine

L'Ukraine défie l'Écosse, mercredi 1er juin, en demi-finale de barrages pour la Coupe du monde au Qatar.
Prévue en mars, cette rencontre qualificative avait été reportée après le début de l'invasion russe.
La "Zbirna", au chevet du pays, se sent investie d'une mission à la portée patriotique.

Il n'a pas pu contenir son émotion. Mercredi 1er juin, à Glasgow, face à l'Écosse, l'Ukraine va jouer bien plus qu'une demi-finale de barrages qualificatifs pour la Coupe du monde. L'ombre de la guerre, lancée par les troupes russes le 24 février dernier, rôdera inévitablement sur cette rencontre, programmée en mars avant d'être reportée en juin, justement à cause de l'invasion russe. Malgré le contexte pesant, où l'issue du conflit s'avère plus incertaine que jamais, la Zbirna n'a pas abandonné l'objectif de participer au prochain Mondial, qui aura lieu du 21 novembre au 18 décembre, au Qatar. À Kiev, ce match est d'ailleurs qualifié, par la presse locale, comme étant "le match de plus important de l'histoire" de la sélection ukrainienne. 

"Tous les Ukrainiens ont le même rêve, que cette guerre s'arrête", a assuré Oleksandr Zinchenko, mardi 31 mai, à la veille du premier match officiel des Jaunes et Bleus depuis un succès en Bosnie-Herzégovine (2-0), le 6 novembre 2021. "J'ai parlé avec de jeunes enfants ukrainiens, ils ne comprennent pas tout, mais ils disent tous la même chose : 'Je rêve que la guerre soit terminée'", s'est désolé le joueur de Manchester City, les yeux embués et rougis. "L'équipe d'Ukraine aussi a un rêve. Ce rêve, c'est d'aller à la Coupe du monde pour donner des émotions incroyables aux Ukrainiens parce qu'ils le méritent en ce moment."

"C'est impossible de décrire ce que nous ressentons. Ce qui se passe dans notre pays est inacceptable. Nous devons arrêter cette agression, tous ensemble. L'Ukraine est un pays de liberté, je n'abandonnerai jamais", a affirmé Oleksandr Zinchenko, qui a rejoint, à l'instar de Ruslan Malinovskyi (Atalanta Bergame) et Andriy Yarmolenko (West Ham), le reste de la sélection ukrainienne en Slovénie. C'est là, à Brdo pri Kranju, à une vingtaine de kilomètres au nord de la capitale Ljubljana, que le groupe de Oleksandr Petrakov se prépare, avec la tête et le cœur au pays, depuis le début du mois de mai en vue de ce barrage.

Leurs pensées sont toujours entraînées ailleurs
Oleksandr Petrakov, sélectionneur de l'Ukraine

"C'est crucial de rester concentré" sur le football et d'essayer d'oublier la guerre pendant 90 ou 120 minutes, a expliqué au quotidien slovène Delo le sélectionneur, qui a vu sa demande de s'enrôler dans la défense de l'Ukraine rejetée. Les joueurs, a-t-il reconnu, "pourraient être emportés très rapidement", car "leurs pensées sont toujours entraînées ailleurs et il faut les calmer encore et encore, leurs familles sont en Ukraine, leurs amis sur le champ de bataille". Pour cette raison, "pendant les entraînements, l'usage des téléphones portables est strictement interdit", a ajouté le successeur d'Andryi Shevchenko. 

"C'est difficile d'être tous ensemble", a avoué le défenseur Mykola Matvienko, qui évolue à l'année au Shakhtar Donetsk, le plus grand club ukrainien, exilé loin du Donbass. "Je suis l'actualité tous les matins et c'est mauvais. Ensuite, je dois me consacrer à l'entraînement. Cela demande un effort psychologique particulier." "Avant ce match contre l'Écosse, nous devons rejeter toute pensée parasite", a indiqué l'expérimenté gardien Andriy Pyatov sur le site de la Fédération ukrainienne (UAF);

Si l'Ukraine l'emporte à Glasgow, elle aura une finale à jouer au pays de Galles, quatre jours plus tard à Cardiff, dont le vainqueur intégrera la poule B de la prochaine Coupe du monde, où ont été versés l'Angleterre, l'Iran et les États-Unis. 

"Je suis sûr que toute l'Ukraine nous observera. Nous sentirons son soutien. Nous pouvons parler beaucoup, mais nous devons tout prouver sur le terrain. Nous essaierons de rendre notre peuple heureux et fier", a lancé le milieu ukrainien Oleksandr Zinchenko. "Il y a beaucoup de stress, mais nous allons faire le maximum pour réussir. (...) On aborde la rencontre dans une ambiance combative", a promis le sélectionneur Oleksandr Petrakov. "À ce stade de ma vie, ce sera le match le plus important."


Yohan ROBLIN

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