Coupe du monde 2022 : que risquaient les joueurs en portant le brassard inclusif "One Love" ?

Publié le 21 novembre 2022 à 12h27, mis à jour le 21 novembre 2022 à 12h46
Coupe du monde 2022 : que risquaient les joueurs en portant le brassard inclusif "One Love" ?

Les dernières Fédérations européennes, qui avaient manifesté leur volonté de porter le brassard "One Love", ont finalement renoncé.
La faute à la menace de "sanctions sportives" brandie par la Fifa.
Les joueurs, arborant le brassard arc-en-ciel, auraient pu être avertis.

C'est à contrecœur qu'elles ont renoncé. Alors que plusieurs sélections, à l'image l'Angleterre, qui fera ses débuts, lundi 21 novembre, dans le Mondial qatari, face à l'Iran (14h), avaient pris l'engagement de faire porter à leur capitaine un brassard arc-en-ciel "One Love", la menace des "sanctions sportives" infligées par la Fifa les a fait reculer. L'initiative, lancée par les Pays-Bas, avait pourtant une vocation humaine, en faveur de l'inclusion et contre les discriminations. En ligne de mire, notamment, les lois anti-LGBTQ+ au Qatar, où les minorités sont persécutées. 

"La Fifa a été très claire, elle imposera des sanctions sportives si nos capitaines portent les brassards sur le terrain", ont écrit dans un communiqué commun les sept dernières Fédérations européennes - l'Angleterre, le pays de Galles, la Belgique, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse - qui avaient prévu d'arborer le bandeau inclusif. "En tant que fédérations nationales, nous ne pouvons pas demander à nos joueurs de risquer des sanctions sportives, y compris des cartons jaunes", ont-elles expliqué pour justifier, à regret, leur décision, tout en se disant "frustrées" par l'inflexibilité de l'instance internationale.

Engagée dans l'initiative "One Love", comme lors du rassemblement en septembre, l'équipe de France avait annoncé, quelques instants plus tôt, par la voix d'Hugo Lloris, qu'elle délaisserait ce brassard pour le Mondial qatari. "La Fifa organise la compétition et définit un cadre, des règles", avait indiqué le capitaine des Bleus. "Nous, joueurs, ce qu'on nous demande, c'est de jouer au foot, de représenter au mieux nos pays sportivement. Je préfère rester dans mon cadre, celui de joueur et de compétiteur."

Un carton jaune qui peut valoir cher

Un avis que ne partageait pas les autres sélections. "Nous étions prêts à payer des amendes applicables en cas de non-respect des règles sur les équipements et étions très engagés autour de ce brassard. Mais nous ne pouvons pas mettre nos joueurs dans la situation où ils pourraient être avertis, voire devoir quitter le terrain", dans le cas d'un second avertissement, ont fait valoir les sept sélections européennes. 

"Aller sur le terrain et prendre un jaune, ce n'est pas possible", avait le sélectionneur danois Kasper Hjulmand. "On ne peut pas demander aux joueurs d'assumer ça." Selon le règlement de la Fifa sur les équipements, les capitaines doivent porter "les brassards fournis" par l'instance internationale. S'ils ne le font pas, l'arbitre est en capacité de demander au joueur de sortir du terrain pour "corriger sa tenue". Il peut être averti, à l'appréciation de l'officiel, en cas non-respect de cette consigne. 

Longtemps silencieuse, la Fifa a rétorqué, à la veille de l'ouverture de la compétition, en dégainant ses propres brassards, défendant des campagnes "officielles", avec des messages moins ciblés, à l'instar de "Non aux discriminations" ou "Sauvez la planète". Cela ne devrait pas suffire à éteindre la polémique, puisque les Anglais prévoient de protester autrement. "Nous avons discuté de poser un genou au sol", a révélé le sélectionneur Gareth Southgate. "Nous pensons que nous devrions. C'est ce que nous représentons et que nous faisons depuis longtemps."


Yohan ROBLIN

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