RENAISSANCE - Traumatisée par son absence à la dernière Coupe du monde, une première depuis 1958, la "Squadra Azzurra" est remontée sur le toit de l'Europe, trois ans plus tard. Le sélectionneur Roberto Mancini, appelé à la rescousse après la débâcle, a redonné des couleurs et une cohérence à l'Italie.
Rome ne s'est pas faite en un jour. Le 14 novembre 2017, au lendemain de la gifle reçue par la Suède, l'Italie s'était réveillée devant un champ de ruines. "C'est ça l'apocalypse, on est hors du Mondial", titrait La Gazzetta dello Sport. "Il n'y aura pas de nuits magiques" l'été prochain, "l'Italie ne participera pas au Mondial, cela n'était pas arrivé depuis 1958", ajoutait le quotidien. "L'Italie hors du Mondial !", mettait en Une le Corriere dello Sport, avec des photos des joueurs italiens en larmes. En chœur, la presse transalpine évoquait "une défaite historique, un désastre annoncé", que Tuttosport résumait ainsi "Tous à la maison".
Pour sauver un monument en péril, délesté par le départ en retraite de ses champions du monde 2006 (Gianluigi Buffon, Daniele De Rossi et Andrea Barzagli), la Fédération italienne avait approché Carlo Ancelotti pour prendre la succession de Gian Piero Ventura. Il avait poliment décliné l'offre au profit d'un grand club européen. Le choix de l'instance s'était alors déporté sur Roberto Mancini. Motivé par ce challenge, l'entraîneur, alors en poste au Zénith Saint-Pétersbourg, avait rompu par consentement mutuel son lucratif contrat, le 13 mai 2018, pour être intronisé, le lendemain, sur le banc de la Nazionale.
Un peu moins de trois ans, c'est le temps qu'il a fallu à l'ancien international (36 sélections de 1984 à 1994) pour faire renaître l'Italie. Trois ans, entrecoupés par le Covid-19, durant lesquels il s'est attaqué, avec envie, au chantier qui lui avait été confié. S'entourant ses inoxydables trentenaires, Leonardo Bonucci et Giorgio Chiellini (34 et 36 ans, plus de 200 capes à eux deux), l'ex-entraîneur de l'Inter Milan (2004-2008 puis 2014-2016) et de Manchester City (2009-2013) a participé l'émergence d'une nouvelle génération symbolisée par la classe "biberon" Nicolò Barella, Federico Chiesa et Gianluigi Donnarumma, héros de la finale contre l'Angleterre (1-1, 3-2 t.a.b), en repoussant deux tentatives anglaises.
Avec lui, la pression ne se fait pas sentir
Leonardo Bonucci, défenseur de l'équipe d'Italie
Plutôt que tout construire autour d'une grande star, il a créé un collectif homogène, en s'appuyant sur les forces existantes, mais mal employées jusqu'ici. Mancini s'est détourné du catenaccio. Il s'est libéré de ce système de jeu, visant à asseoir son équipe sur une solide base défensive, qui était l'ADN des Azzurri, pour rendre son équipe attractive, plaisante à regarder et prompte à jouer vers l'avant. Une vision moderne du football à laquelle il a fait adhérer tout son groupe puis toute l'Italie.
"C'est un homme qui parle peu, mais il a créé un beau groupe. Il a relancé une équipe au plus bas depuis 60 ans. Avec une grande sérénité, il transmet du calme et de la confiance", a confié le défenseur Giorgio Chiellini. "Il a réussi à entrer dans le cœur de tout le monde en peu de temps". "Il est le meilleur entraineur pour apporter de l'enthousiasme au sein du groupe. Avec lui, la pression ne se fait pas sentir", a assuré Leonardo Bonucci. Du caractère et l'enthousiasme, la griffe Roberto Mancini.
Gagner des matchs n'était pas notre priorité
Roberto Mancini, sélectionneur de l'équipe d'Italie
Après avoir procédé une large revue d'effectif des joueurs (plus de 70 joueurs), allant puiser dans le réservoir des Espoirs, il a pu leur insuffler une mentalité de vainqueur. "Gagner des matchs n'était pas notre priorité au début", avait expliqué le sélectionneur azzurro, après avoir validé la qualification pour l'Euro, finalement reporté d'un an à cause du coronavirus. "Notre tâche principale était de faire quelque chose de nouveau et de différent pour rendre nos fans heureux et passionnés à nouveau. Ensuite, nous voulions donner à nos joueurs une mentalité gagnante. Parce que c'est la meilleure façon d'atteindre le succès."
Une mise en confiance en douceur récompensée par les résultats. Avec Roberto Mancini à sa tête, la Squadra azzurra a retrouvé sa place parmi les cadors européens. Les champions du monde 2006 sont remontés de la 20e - au moment de son intronisation - à la 7e place au classement Fifa, après s'être qualifiés, avec la manière, pour l'Euro (dix victoires en dix matchs) et le prochain "Final 4" de la Ligue des Nations, qui aura lieu en octobre 2021. Sous sa direction, avant l'Euro, l'Italie avait disputé 32 rencontres pour seulement deux revers concédés. Sa dernière défaite remonte au 10 septembre 2018 au Portugal (1-0).
Une série d'invincibilité de 34 matchs
Une invincibilité qu'il a portée à 34 rencontres, grâce à un Euro maîtrisé malgré des adversaires comme la Belgique en quarts, l'Espagne en demie et l'Angleterre en finale. Même si ce n'était pas l'objectif prioritaire, le technicien de 56 ans est allé cueillir le record suprême de 30 rencontres sans défaite de Vittorio Pozzo, sélectionneur champion du monde en 1934 et 1938. Les Azzurri ne sont plus qu'à un match d'égaler l'Espagne, restée invaincue 35 rencontres, entre son revers contre la Roumanie (0-1), le 15 novembre 2006, et celui face aux États-Unis (0-2) en demi-finales de la Coupe des Confédérations, le 24 juin 2009.
Cet Euro n'est pas une fin en soi. Roberto Mancini, prolongé jusqu'en 2026, signe du crédit que lui accorde ses dirigeants, attendait que ses joueurs fassent honneur au maillot de la Nazionale. "Nous irons sur le terrain étant conscients de l'importance du maillot bleu. Nous l'honorerons chaque minute", avait-il écrit dans une lettre au peuple italien avant le tournoi. Au fil du tournoi, il a imprégné ses joueurs de l'idée que le trophée Henri Delaunay est accessible. "Quand il nous a dit de garder en tête l'idée de remporter l'Euro, on pensait qu'il était fou", a confié Leonardo Bonucci sur le site de l'UEFA. "C'est un rêve qu'il a lentement instillé dans nos esprits, jusqu'à ce que ça devienne vrai", trois jours plus tard à Wembley. Ce sacre continental inattendu, le deuxième pour l'Italie, le premier depuis 1968, va asseoir le projet de Roberto Mancini, lui qui est là pour bâtir sur la durée. Nul doute que son Italie sera l'une des attractions de la Coupe du monde au Qatar, dans un an et demi.
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