PLUS-VALUE - Titulaire, mardi 15 juin, contre l'Allemagne (1-0), pour son premier match dans un Euro avec les Bleus, Adrien Rabiot en a imposé, dans le jeu et dans le mental. "Le Duc", en concurrence avec Corentin Tolisso, a marqué son territoire parmi les champions du monde.
Il est l'autre grand "pardonné" de Didier Deschamps. Alors que la France n'a d'yeux que pour Karim Benzema, rappelé le 18 mai dernier, après cinq ans et demi d'absence, lui a fait un retour plus discret en Bleu, quelques mois plus tôt. Pourtant, mardi 15 juin à Munich, dans le sillage d'un Paul Pogba omniprésent et omnipotent, la lumière s'est braquée sur lui. Contre l'Allemagne (1-0), Adrien Rabiot a bluffé par sa propension à se mettre au service du collectif. L'ancien Parisien a dissipé les craintes, légitimes diront certains, qu'il pouvait susciter pour ses débuts dans une compétition internationale.
Dans l'Empire du milieu tricolore, où règne le duo Pogba-Kanté, le milieu de la Juve a su élever son niveau de jeu, sans dépareiller, pour gagner "ce combat de titans". Préféré à Tolisso, il a donné raison à Didier Deschamps, dans ce 4-4-2 en losange, modulable en 4-3-3 à la perte du ballon. "Paul et Adrien sont deux milieux complets, même si je ne peux pas les dissocier du petit 'NG' (N'Golo Kanté, ndlr). Ils ont cette capacité à bien défendre, à garder le ballon, à se projeter avec beaucoup de volume, ils ont de la complémentarité", a analysé le sélectionneur après coup. "Aujourd'hui, on l'a vu plus dans le domaine défensif, mais ça permet à l'équipe d'avoir un bon équilibre." Un triangle dont Rabiot est l'un des trois côtés.
Il fallait envoyer un message
Adrien Rabiot, milieu de l'équipe de France
À l'Allianz Arena, le joueur formé au PSG s'est démarqué par son engagement (9 ballons récupérés, 100% de duels gagnés), faisant penser à certains moments à Blaise Matuidi. "Le Duc" a aussi rayonné par sa précision dans les transmissions (93% de passes réussies). Toutefois, réduire sa performance à ces seuls chiffres seraient lui faire affront, tant il n'a pas retenu ses efforts, dépassant régulièrement sa fonction. Il a souvent offert la solution par ses projections dans le camp allemand. Cela lui a fait perdre un peu de sa lucidité, oubliant Griezmann sur son tir sur le poteau (52e). Difficile, malgré tout, de lui en vouloir.
Au moment de revenir sur la soirée, le milieu a surtout livré un satisfecit collectif : "On était attendus, on le savait. On a souffert parfois, mais on n'a rien concédé. On a eu de la solidité mentale et collective. On est très fiers de ce match. On n'a jamais baissé le pied, on a été une vraie équipe sur le terrain. On l'a ressenti sur le terrain, de la part de toutes les lignes. C'est ce que le coach voulait, on est vraiment très contents". Avant d'évoquer, aussi, sa performance au micro de RMC Sport : "Didier Deschamps nous transmet la rigueur tactique, je l'ai apprise durant les deux dernières saisons avec la Juventus. C'est de bon augure pour la suite. Il fallait répondre présent, on était la dernière équipe à jouer. Il fallait envoyer un message."
La grande différence, c'est qu'il fait tout avec plus de détermination
Didier Deschamps, sélectionneur de l'équipe de France
Une entrée en matière réussie pour les Bleus, dans laquelle Adrien Rabiot, sorti dans le temps additionnel, a joué sa partition à merveille. Une façon pour lui de rendre la confiance que lui témoigne Didier Deschamps depuis son retour en Bleu. Après avoir refusé son statut de réserviste à la Coupe du monde 2018, alors qu'il avait été convoqué dans toutes les listes avant le Mondial, il avait, vexé, refusé de se tenir à disposition du sélectionneur. Il avait ensuite argué dans une lettre ouverte, qui avait fait couler beaucoup d'encre, que ce choix ne répondait à "aucune logique sportive". Après un an et demi d'absence, et une discussion franche avec "DD", les yeux dans les yeux, il avait finalement remis les pieds à Clairefontaine à la fin de l'été 2020.
Un retour en grâce qui a coïncidé avec sa résurrection en sélection. Avant l'Euro, il a disputé 9 des 13 matchs des Bleus, avec notamment une grande prestation face au Portugal en novembre dernier (1-0). "Il a une vraie confiance en lui, il a la capacité technique, le volume et, en plus, il a un impact physique qu'il n'avait pas avant", s'était félicité le sélectionneur, à l'époque. "C'est un jeune joueur encore, mais il a gagné en maturité. La grande différence, c'est qu'il fait tout avec plus de détermination."
Libéré sous le maillot bleu, Adrien Rabiot a été logiquement convoqué pour l'Euro. "C'était une fierté de voir mon nom sur la liste. Il y avait bien sûr cette joie de se dire : 'Cette fois, j'y suis'. C'était quelque chose que j'attendais depuis longtemps, et aujourd'hui, c'est là, donc j'espère en profiter au maximum", a-t-il déclaré, le 5 juin, reconnaissant avoir "mûri" ces dernières années. Fini les caprices. Son expérience à la Juve, qu'il a rejoint à l'été 2019, l'a fait grandir. "Comme je l'ai déjà dit au coach, je pourrai maintenant jouer n'importe où pour le bien de l'équipe, du moment que je peux vraiment apporter le maximum", a-t-il expliqué, se sentant en mesure de "dire des choses". Mardi, à Munich, c'est sur le terrain qu'il s'est fait entendre.
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