Islande-France : pourquoi les noms des joueuses islandaises se terminent tous par "dóttir"

Publié le 17 juillet 2022 à 15h40

Source : Sujet TF1 Info

Vilhjálmsdóttir, Gunnarsdóttir, Arnardóttir... et ce n'est qu'un échantillon des noms des joueuses islandaises.
En Islande, le nom de famille est composé en partie du prénom du père, suivi du suffixe "-dóttir".
Avant Islande-France, lundi 18 juillet (à 21h, à suivre en direct sur TF1), TF1info vous en explique la raison.

On a l'habitude de l'appeler "le pays des sans noms". À raison. Lundi 18 juillet, au coup d'envoi d'Islande-France (dès 20h50, en direct sur TF1 et en live commenté sur TF1info), la dernière répétition des Bleues de Corinne Diacre avant leur quart de finale, ne vous étonnez pas des noms, souvent imprononçables, des Islandaises. Au côté de la capitaine Sara Björk Gunnarsdóttir, passée par l'Olympique lyonnais, il y aura, entres autres, Karólína Lea Vilhjálmsdóttir, Gudrún Arnardóttir et Sandra Sigurdardóttir. Comme elles, toutes les joueuses (sans exception) portent un nom qui a la terminaison "-dóttir". 

Vous vous posez sûrement cette question : pourquoi ? C'est une spécificité islandaise, tout simplement. Contrairement à nous, celles et ceux qui sont nés et habitent la "terre de glace" n'ont pas, à proprement parler, de noms de famille. À la place d'un patronyme qui se transmet de génération en génération, en Islande, un suffixe est rattaché au prénom du père et/ou de la mère, si le géniteur n'a pas reconnu l'enfant ou pour des raisons esthétiques avec le prénom du nouveau-né. 

Le sexe détermine le suffixe

Ainsi, chez les filles, l'ajout "-dóttir" (signifiant "fille de") est accolé au prénom du père. Par exemple, Sara Björk Gunnarsdóttir est la fille de Gunnar, Karólína Lea Vilhjálmsdóttir celle de Vilhjálm, et ainsi de suite. Pour les garçons, la même consigne est appliquée. Le suffixe "-dóttir" est toutefois remplacé par "-son", c'est-à-dire "fils de". Par conséquent, le capitaine de l'équipe nationale, fils de l'ex-footballeur Bjarni Sveinbjörnsson, ne s'appelle pas Birkir Sveinbjörnsson, mais Birkir Bjarnason. 

Autrement dit, une fille, que l'on prénommera Freyja, et un garçon, Arnór, deux prénoms à piocher obligatoirement parmi un répertoire de 3500 approuvés par le Mannanafnanefnd, le Comité islandais des prénoms, nés du même père, Harald, n'auront pas le même "nom". Freyja aura pour identité complète Freya Haraldsdóttir tandis que son frère sera Arnór Haraldsson.

Autrefois commun aux pays scandinaves, ce système de patronyme, qui rend hommage à la lignée familiale, fait la fierté de l'Islande. En 2016, à l'occasion de l'Euro disputé en France, l'ambassade islandaise, pas peu fière du parcours de sa sélection nationale masculine, avait mis en ligne un générateur (que vous pouvez tester ici) permettant à chacune et chacun de découvrir son nom en version islandaise. Pour cela, il suffisait d'entrer son prénom, celui de son père et de préciser votre sexe.

Un générateur permet d'imaginer son nom en islandais.
Un générateur permet d'imaginer son nom en islandais.

Tout le monde s'appelle par son prénom

Il existe néanmoins des exceptions à cette règle immuable. Prenons le patronyme d'un des Islandais les plus célèbres, l'icône du football viking, Eidur Gudjohnsen. Comme environ 10% des familles islandaises, le fils d'Arnór Gudjohnsen, lui-même footballeur, a eu le droit de conserver son patronyme d'origine étrangère. Si ses ancêtres n'avaient pas bénéficié de cette dérogation, l'ancien attaquant de Chelsea et du Barça aurait dû, théoriquement, hériter du prénom de son père. Eidur Gudjohnsen, dont le nom d'origine scandinave signifie "le fils de" Gudjohn, se serait ainsi appelé Eidur Arnórsson.

D'autres codes régissent cette coutume patronymique. Par exemple, lors d'un mariage entre locaux, aucun des deux conjoints n'adopte le nom de l'autre. Chacun garde le sien, en souvenir de son ascendance. Toutefois, si un Français venait à épouser une Islandaise, il peut, s'il le souhaite, de se construire une nouvelle identité, à partir du prénom de ses beaux-parents. Léo, époux d'Amanda Magnusdóttir, elle-même fille de Magnus et Gudny, pourrait se renommer Iór Magnússon, selon son beau-père, ou Iór Gudnason, selon sa belle-mère. Qu'importe finalement puisque dans la rue comme au travail, les Islandais ont pour habitude de s'interpeller par leur prénom. Personne ne l'appellera monsieur Magnússon ou Gudnason, mais simplement Iór.


Yohan ROBLIN

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