Mercato : Neymar à Manchester United, vraiment le meilleur choix pour tout le monde ?

Vers la fin de l'idylle entre le PSG et son génie brésilien ? Arrivé en grande pompe à l'été 2017 en provenance du FC Barcelone, où il s'est affirmé comme l'un des meilleurs joueurs du monde après son départ de Santos, Neymar n'a jamais véritablement brillé à la hauteur du prix astronomique de son transfert (222 millions d'euros). Entre blessures récurrentes, notamment dans les gros matchs de Ligue des champions, et performances sur courant alternatif, il n'est pas parvenu à changer le destin du club de la capitale, toujours dominant sur la scène nationale mais trop juste dans les joutes continentales. Ses 118 buts et 77 passes décisives en 173 rencontres n'auront rien changé à ce constat. 

Logiquement, après une saison éreinte sur le terrain et en coulisse - et marquée par une deuxième élimination de rang lors des huitièmes de finale de la C1 -, le Paris Saint-Germain et le natif de Mogi das Cruzes pourraient se séparer. Un départ cet été n'est ainsi écarté par aucune des deux parties, malgré un (juteux) contrat courant jusqu'en juin 2027. Mais son salaire mensuel d'environ 3,6 M€ brut devrait limiter le nombre de prétendants... en dehors de la puissante Premier League anglaise. Cela tombe bien puisque, selon les informations de L'Équipe, Manchester United se serait positionné sur le dossier. Et les échanges seraient nourris entre les différents acteurs, avec en toile de fond le forcing de Casemiro auprès de son compatriote. Si rien n'est encore fait et qu'un accord total n'est pas d'actualité, la piste menant aux Red Devils est intéressante, bien que pavée de plusieurs points d'interrogation. 

De toutes les parties impliquées dans ce deal pour l'heure hypothétique, le PSG est sans doute celle qui s'en sortirait le mieux. Le contrat longue durée du dribbleur auriverde peut permettre à Paris de récolter une indemnité significative, et bienvenue, en cas de transfert. Quand bien même il s'agirait d'un prêt - une hypothèse qui n'est pas écartée même si elle n'a pas les faveurs des dirigeants qataris -, ces derniers pourraient y trouver leur compte, à condition que l'ensemble du salaire du N.10 soit pris en charge. Le cas échéant, le club retrouverait de la flexibilité sur le plan financier - d'autant plus que le départ de Lionel Messi semble acté - et une capacité à peser sur le marché des transferts estival. 

Sur le plan sportif, un tel départ permettrait de bâtir une équipe plus équilibrée autour de Kylian Mbappé, en renforçant les carences à certains postes (par exemple, au milieu de terrain) et en ajoutant des joueurs offensifs plus travailleurs (pour compenser le manque d'efforts du Français sur le plan défensif). Cela permettrait aussi de se délester d'un poids lourd du vestiaire et de donner pleinement les clés à l'international français.

Malgré tout, l'hypothèse d'un affaiblissement de l'équipe, à court terme du moins, n'est pas à écarter. Un attaquant de la trempe de Neymar reste très difficilement remplaçable et sa production chiffrée (encore 18 buts et 17 passes décisives en 29 matchs cette saison) pourrait manquer. Même si son physique semble de plus en plus fragile, "Ney" reste capable de dynamiter n'importe quelle défense et de débloquer n'importe quelle situation. Des garanties que seul un cercle très fermé de joueurs sont capables d'apporter. Le Paris Saint-Germain aura sans doute toutes les peines du monde à trouver une individualité aussi brillante. Reste désormais à compenser ce déficit par une plus-value sur le plan collectif. 

Du côté d'Old Trafford, nul doute que Neymar bonifierait l'attaque de Manchester United. Les Red Devils, qui n'ont trouvé le chemin des filets qu'à 52 reprises en 36 rencontres cette saison en championnat (soit moins de 2 buts par match), manquent d'un véritable créateur capable de faire la différence autant par la passe que par le dribble. Des problématiques que Neymar résoudrait dès son arrivée. Il viendrait, par ailleurs, muscler un secteur offensif sur courant alternatif, à l'instar de Jadon Sancho, Antony, Anthony Martial, Wout Weghorst (mais à l'exception de Marcus Rashford). Un fait loin d'être négligeable dans un contexte où "MU" devrait retrouver la Ligue des champions l'année prochaine. 

Pour autant, le récent départ de Cristiano Ronaldo - après une fin d'histoire en eau de boudin - a laissé des traces dans le nord de l'Angleterre. Le Portugais a progressivement été mis à l'écart en raison de son déclin et d'une capacité de moins en moins prégnante à se montrer décisif. Également parce qu'il ne s'inscrivait pas vraiment dans le collectif mis en place par Erik Ten Hag depuis son arrivée. Son manque d'implication, à la défensive et dans le jeu, aura été rédhibitoire dans la quête du football total que défend le Néerlandais. 

Or, un problème similaire pourrait se présenter avec Neymar. Si on a parfois vu le Brésilien consentir à certains efforts sans ballon, ils restent irréguliers et souvent insuffisants. Sans parler de son salaire, qui pourrait plomber les finances de l'institution mancunienne. Des inquiétudes qui posent la question sur la pertinence d'un tel recrutement pour l'un des plus grands clubs anglais, qui cherche à renouer avec les sommets. 

Ne jouissant plus de la même côte que lors de son passage en Catalogne et désormais âgé de 31 ans, Neymar verrait sans doute d'un bon œil le fait de découvrir un nouveau championnat, d'autant plus que la Premier League est souvent considérée comme le meilleur au monde. Le fait que les partenaires de Raphaël Varane soient pratiquement sûrs de disputer la C1 la saison prochaine - ils n'ont besoin que d'un point contre Chelsea ou Fulham pour valider leur quatrième place - représente un bonus non négligeable. En Angleterre, il retrouverait aussi Casemiro, son coéquipier de longue date en sélection et dont il est proche. 

Sur un plan plus footballistique encore, il ne devrait pas non plus avoir de mal à trouver sa place dans le 4-2-3-1 qu'affectionne l'entraîneur mancunien et qui semble taillé sur mesure pour lui, que ce soit dans un rôle de meneur de jeu ou sur l'aile. 

Néanmoins, son récent passif de blessure et son style de jeu rendent incertaine sa capacité à s'adapter au football anglais, réputé pour sa dimension physique. S'il a l'habitude d'encaisser les coups - au moins de les prendre - à chaque sortie dans l'Hexagone, une traversée de la Manche ne devrait pas arranger les choses, bien au contraire, l'arbitrage étant souvent plus conciliant dans ce domaine. 

Sur le papier, c'est sans doute le championnat, parmi les cinq majeurs, qui correspond le moins aux qualités brutes du virevoltant brésilien. Peut-il alors, dans une certaine mesure, se réinventer à l'aube de ses dernières années au plus haut niveau ? C'est loin d'être évident.