Mis en examen pour viol, qui est Achraf Hakimi, l'indispensable "Lion de l'Atlas" du PSG ?

Publié le 3 mars 2023 à 15h03

Source : TF1 Info

Achraf Hakimi a été mis en examen, jeudi 2 mars, pour des faits de viol, a appris TF1-LCI auprès du parquet de Nanterre.
Une femme accuse le joueur du PSG et du Maroc de l'avoir violée, le 25 février dernier, chez lui à Boulogne-Billancourt, en banlieue ouest de Paris.
Une affaire qui vient écorner son image et secouer le club parisien.

Le PSG est balloté en interne. À moins d'une semaine du huitième de finale retour de Ligue de champions à Munich (8 mars à 21h00), capital pour sa survie en Coupe d'Europe, le club parisien, ou plutôt son joueur Achraf Hakimi, fait les gros titres. L'international marocain de 24 ans, visé par une enquête pour des soupçons de viol, a été mis en examen, jeudi 2 mars, a appris TF1-LCI auprès du parquet de Nanterre. Selon nos informations, le défenseur des "Lions de l'Atlas", qui était présent à l'entraînement du PSG, vendredi 3 mars, a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec la plaignante.

Cela fait suite à une déposition d'une jeune femme, de 24 ans également, qui a accusé le natif de Madrid, en Espagne, de l'avoir violée, samedi 25 février, chez lui, à Boulogne-Billancourt, en banlieue ouest de Paris. Bien qu'elle a refusé de porter plainte, le procureur s'est autosaisi de l'affaire, au vu de la gravité des faits allégués et de la notoriété de l'agresseur présumé. Entendu jeudi par les enquêteurs de la Sûreté territoriale des Hauts-de-Seine, Achraf Hakimi a démenti "fermement les accusations", par la voix de son avocate Me Fanny Colin, qui a dénoncé une "tentative de racket". Une affaire judiciaire qui plonge le joueur parisien dans la tourmente, lui qui réussissait, jusqu'alors, un parcours sans faute. 

Un lionceau biberonné au Real Madrid

Pur produit de la Cantera, le centre de formation du Real Madrid, Achraf Hakimi, né de l'autre côté des Pyrénées, de parents hispano-marocains, possède la double nationalité. Fan dès sa petite enfance des "Lions de l'Atlas", le surnom de la sélection marocaine, il se destine très vite au football. À l'âge de 7 ans, en 2006, il rejoint la Fábrica, où il prend en exemple son idole Marcelo. "C'était un rêve pour moi de jouer à ses côtés comme c'était le cas lorsque j'ai signé pour le Real Madrid, racontait l'international marocain (36 sélections, 4 buts) à BBC Sport en juin 2020. En tant que jeune joueur, j'admirais Marcelo parce qu'il joue dans la même position que moi. Il rit tout le temps aussi. Quand il joue, il aime ça, je voulais être comme lui." 

Il évolue alors dans les catégories jeunes de la Casa Blanca. Appelé à jouer pour les U19 du Real Madrid puis la Castilla, il fait forte impression en Youth League, l'équivalent de la Ligue des champions pour les jeunes. Deux saisons de suite, il se hisse en demi-finales, battu par le PSG puis par Benfica. Son profil et sa maturité tapent dans l'œil de Zinedine Zidane, entraîneur de l'équipe première, qui le convoque pour des stages et l'intègre aux entraînements de l'équipe professionnelle. Lors de la saison 2017-2018, "Zizou" fait appel à lui pour compenser l'absence de Dani Carjaval, chez qui un problème cardiaque est détecté. Il joue 17 matchs, inscrit 2 buts et garnit déjà son armoire à trophées avec une C1 (victoire 3-1 contre Liverpool en finale). 

Un grand désir d'indépendance

Malgré un premier exercice prometteur, la démission de "ZZ" vient obscurcir son avenir madrilène. Persuadé d'être rétrogradé dans la Castilla, il comprend qu'il doit abandonner son rêve et partir s'il veut jouer au plus haut niveau. Après le Mondial 2018, où le Maroc est éliminé en phase de poules, Hakimi ne manque pas de prétendants. Le Borussia Dortmund flaire la bonne affaire. Les Borussen décrochent un prêt de deux ans. En Bundesliga, dans une équipe résolument portée vers l'avant, il s'épanouit sous les ordres de Lucien Favre. Doté d'une incroyable vitesse - il est flashé à 36,49 km/h en décembre 2019, un record en Allemagne -, il s'affirme comme l'un des tout meilleurs à son poste. "Hakimi est pour moi le meilleur arrière gauche de la Bundesliga", déclare, admiratif, le Ballon d'Or 1990 Lothar Matthäus. 

Deux saisons, 73 matchs et 12 buts plus tard, le "BvB" ne lève pas sa clause d'achat, jugée trop élevée. Hakimi n'a toutefois pas le temps de repasser par Madrid. Obligé de dégraisser, les Merengues le vendent à l'Inter pour 43 millions d'euros. Son profil s'intègre parfaitement au 3-5-2 d'Antonio Conte, qui l'installe parmi ses intouchables. Sa polyvalence, sa vivacité, son jeu offensif et sa combativité en font l'un des joueurs les plus appréciés des tifosi. Même le Brésilien Ronaldo, idole des Nerazzurri, y va de son compliment. "C'est un joueur extraordinaire. Le Real a eu tort de le laisser partir, juge le Brésilien dans La Gazzetta dello Sport. C'est l'une des meilleures affaires de l'Inter sur les dix dernières années. De temps en temps, je me dis : 'Ronie, imagine-toi avec Hakimi.' Nous aurions été à une vitesse indécente." 

Le "Lion de l'Atlas" rugit au PSG

Malgré une saison réussie sportivement, avec un Hakimi déterminant (7 buts et 10 passes décisives en 37 matchs) dans la conquête du Scudetto (2020-2021), le titre de champion d'Italie, l'Inter se retrouve criblé de dettes. En proie à des difficultés financières, les dirigeants nerazzurri se voient contraints de vendre pour renflouer les caisses. Le Marocain est placé sur la liste des transferts. "L'Inter nous a dit qu'ils devaient vendre un joueur et ils l'ont déjà choisi. Hakimi est le seul qui peut aller dans différentes équipes en Europe", confie alors son agent Alejandro Camaño. Ni une ni deux, le PSG, attentif à la situation du latéral droit, saisit l'opportunité qui lui est offerte. Il convainc le joueur de signer, écartant la concurrence du champion d'Europe, Chelsea.

Avec le maillot parisien, floqué du numéro 2, qui n'avait pas été attribué depuis le départ de Thiago Silva, Achraf Hakimi fait vite son trou, au point de se révéler indispensable. Le Parc des Princes se régale de ses pulsions offensives. Son apport indiscutable (4 buts, 6 passes décisives), sa complicité avec Kylian Mbappé et la faible concurrence à son poste en font l'un des Parisiens les plus utilisés (41 matchs, 3292 minutes jouées) par Mauricio Pochettino pour sa première saison (2021-2022). Un très joli retour sur investissement pour le club de la capitale, qui n'avait pas hésiter à aligner les zéros (68 millions d'euros) pour le débaucher.

Grand artisan du titre du champion de France, récupéré au LOSC, il confirme en parallèle sa montée en puissance avec la sélection marocaine. À 24 ans, pour sa deuxième Coupe du monde avec la tunique rouge et verte, c'est en leader que le jeune papa de deux garçons, en couple avec Hiba Abouk, une actrice espagnole d'origine libyenne et tunisienne, s'affirme auprès des siens. Un statut qu'il endosse avec sang-froid. Même diminué par une blessure à la cuisse, il enchaîne les performances, tant sur le plan défensif qu'offensif, où le jeu des hommes de Walid Regragui penche logiquement de son côté. 

Imperméable à la pression, à l'image de son grand ami Kylian Mbappé, il donne la pleine mesure de son talent, conscient de la solennité de l'instant. Sa rigueur extrême et son état d'esprit exemplaire rejaillissent sur ses partenaires, qui produisent un football attrayant, efficace et solide. Un football qui permet au Maroc d'entrer dans la cour des grands, en atteignant les demi-finales de la Coupe du monde (défaite 0-2 contre les Bleus), une première dans l'histoire pour un pays africain. Un tournoi lors duquel Achraf Hakimi assoit définitivement son statut de héros national avec, en huitièmes de finale, face à l'Espagne (0-0, 3 t.a.b à 0), "(son) deuxième pays, (sa) maison", un geste plein d'aplomb, une panenka astucieuse, pour arracher la qualification au but de la séance de tirs au but. Une parenthèse enchantée qu'il a prolongée à son retour à Paris. Avant d'être blessé, puis freiné sur un autre terrain, extra-sportif cette fois-ci.


Yohan ROBLIN

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