PSG-Manchester City : Riyad Mahrez, le gamin de Sarcelles qui a forcé son destin

Publié le 27 avril 2021 à 19h03, mis à jour le 3 mai 2021 à 15h17
Riyad Mahrez s'est imposé comme un joueur essentiel de l'équipe de Pep Guardiola.
Riyad Mahrez s'est imposé comme un joueur essentiel de l'équipe de Pep Guardiola. - Source : CARL RECINE / POOL / AFP

SINGULIER - Né en région parisienne, Riyad Mahrez va vivre un match "très spécial" contre le PSG, mercredi 28 avril, en demi-finale aller de la Ligue des champions. Le fruit d'un travail acharné et d'une confiance à toute épreuve.

"C'était inimaginable quand j'étais enfant. On va jouer juste à côté de là où j'ai grandi. C'est la première fois pour moi. C'est spécial, mais je suis là pour faire mon match avec mon équipe et surtout essayer de gagner." Avant de faire de la Premier League son terrain de jeu, Riyad Mahrez a usé le ballon sur le bitume du quartier des Sablons, à Sarcelles. C'est là, dans le Val-d'Oise, qu'il a joué au football de ses 6 à 18 ans. Mercredi 28 avril (à 21h, en live commenté sur LCI), c'est avec le maillot de Manchester City qu'il va disputer, face au PSG, à trente bornes de sa ville de naissance, une demi-finale aller de Ligue des champions.

Mordu de ballon, le gamin, né à une vingtaine de kilomètres de Bondy, berceau de Kylian Mbappé, n'a pas suivi la voie traditionnelle. Trop petit et frêle pour son âge, il n'a pas été repéré par un club professionnel, il n'a pas fait de centre de formation. Ne croyant qu'en lui, à 18 ans, ce footballeur des rues quitte l'AAS Sarcelles pour réaliser son rêve coûte que coûte : passer professionnel. Quitte à se sacrifier. "Quand Quimper [en 2009] m'a proposé un essai, j'avais 18 ans. Le billet de train coûtait 160 euros. J'avais dit à ma mère : 'T'inquiètes, je vais te les rendre, je vais percer'", se souvenait-il dans les colonnes de L'Équipe en 2016.

De Quimper à champion d'Angleterre

Après une saison en CFA (National 2 aujourd'hui) dans le Finistère, son tremplin, Mahrez force son destin. Il postule dans des équipes où il y a des réserves professionnelles, à l'OM et au Havre notamment. En 2010, il intègre la réserve du HAC, où il se fait très vite remarquer. Début 2011, le club normand, pensionnaire de Ligue 2, lui fait signer son premier contrat professionnel. En parallèle, il poursuit son apprentissage en CFA avant de goûter aux joutes de la deuxième division française lors de la saison 2012-2013. Une revanche sur la vie pour le jeune homme, qui a eu le malheur de perdre son père, d'une crise cardiaque, alors qu'il n'avait que 15 ans.

À la sortie de cet exercice prometteur (4 buts, 6 passes décisives en 34 matchs), où il côtoie déjà Benjamin Mendy, son futur coéquipier à Manchester City, sa cote grimpe sur le marché. Leicester décroche le gros lot à l'hiver 2014. "Je croyais que c'était un club de rugby", s'amusera-t-il, deux ans plus tard, dans une interview à FourFourTwo. Hésitant au départ, le Sarcellois se donne tout entier dans l'aventure. Il participe à la remontée en Premier League. En 2016, il est de la conquête du titre de champion d'Angleterre par les modestes "Foxes" de Claudio Ranieri, en compagnie d'un autre phénomène sorti des rangs amateurs, N'Golo Kanté. Grand artisan du sacre (17 buts, 11 passes décisives en 37 rencontres), il est désigné meilleur joueur de Premier League. De quoi taper dans l'œil de Pep Guardiola. Après des mois d'un feuilleton interminable, Riyad Mahrez débarque à Manchester City contre un chèque de 68 millions d'euros. Le meilleur joueur africain de l'année 2016, recruté 500.000 euros par Leicester, devient - à l'époque - la recrue la plus chère de l'histoire des "Citizens".

Gagner la CAN pour son pays l'a aidé
Pep Guardiola, entraîneur de Manchester City

Chez les "Skyblues", sa première saison est morose, mais aussi couronnée de succès. Vainqueur du Community Shield et de la Coupe de la Ligue, il soulève son deuxième titre de champion d'Angleterre, malgré un temps de jeu réduit, la faute à une concurrence accrue. En sélection, le binational revit et porte l'Algérie sur le toit de l'Afrique à l'été 2019. En demie, son coup franc décisif à la 95e minute qualifie les Fennecs pour la finale de la CAN, remportée face au Sénégal (1-0). Une première en 29 ans. "Je crois qu'avec la victoire en Coupe d'Afrique des Nations, il a pleinement pris conscience de son niveau", reconnaîtra Guardiola plus tard. "Il le savait déjà, mais gagner ce trophée pour son pays l'a aidé. C'était tellement important pour lui."

Libre comme l'air, léger comme le vent, Mahrez a depuis changé de dimension. Auteur de 11 buts et 6 passes décisives cette saison, le meilleur joueur du mois de mars en Premier League, 30 ans tout juste, continue d'éblouir, au point de passer devant Sterling dans la hiérarchie. "La raison pour laquelle (Raheem) n'a pas joué aussi régulièrement que dans les saisons précédentes, c'est parce que Phil Foden et Riyad Mahrez sont au top, en très grande forme. C'est la seule raison", a justifié l'entraîneur de Manchester City. "Quand vous jouez plus, la confiance est plus élevée. Avec la confiance, vous jouez mieux. Je pense que je suis meilleur en ce moment grâce à la confiance", a abondé l'international algérien, né à côté de Paris, mais fan de l'OM depuis tout petit.

Le plus grand match de ma carrière à City
Riyad Mahrez, attaquant de Manchester City

Le week-end dernier, lors de la victoire des "Citizens" face à Tottenham (1-0) en finale de la Coupe de la Ligue, cette confiance lui a permis de repartir avec le trophée de meilleur joueur de la rencontre. S'il n'a pas marqué (son but a été refusé pour un hors-jeu de Phil Foden, passeur décisif sur l'action), l'ancien Havrais a pesé de tout son poids sur le résultat. "C'est vraiment un joueur très important pour l'équipe. Il joue avec beaucoup de confiance. Il a retrouvé confiance en lui et je suis très content de le voir ainsi", a salué son capitaine Fernandinho, au coup de sifflet final. "Il nous est d'une grande aide durant nos matchs." 

Ce mercredi, au Parc des Princes, Riyad Mahrez aura, une nouvelle fois, à cœur de tout donner sur le terrain. "Les demi-finales de Ligue des champions, on en rêve. En Europe, c'est la plus belle chose que l'on peut gagner", commentait-il encore à la veille du choc des demi-finales. Cela passera, inévitablement, par un bon résultat face au PSG, avant le retour, six jours plus tard, à l'Etihad Stadium. "C'est le plus grand match de ma carrière à City, mais ce n'est pas une fin", a-t-il déjà promis. 

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Yohan ROBLIN

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