Respecté de tous, faux calme... quel capitaine des Bleus restera Hugo Lloris ?

Publié le 9 janvier 2023 à 20h14, mis à jour le 13 janvier 2023 à 8h19

Source : TF1 Info

Hugo Lloris a mis fin à son aventure avec l'équipe de France.
Invité du JT de 20H de TF1, lundi 9 janvier, le champion du monde 2018 a annoncé prendre sa retraite internationale.
Avec son départ, les Bleus perdent leur capitaine, poste que le gardien de Tottenham occupait sans discontinuer depuis 2012.

En bon capitaine, Hugo Lloris avait préparé le terrain. "Il y a quelque part un passage de témoin qui s'est fait entre une génération qui arrive à la dernière phase de sa carrière et une nouvelle génération avec en tête Kylian (Mbappé), qui a montré un fort leadership, encore plus sur cette finale", avançait-il, le 18 décembre, après la défaite contre l'Argentine (3-3, 4-2 t.a.b) en finale de la Coupe du monde. "Il faut continuer à travailler et garder l'équipe de France à ce niveau, en haut, avec les meilleurs."

Avec ou sans lui ? "J'ai besoin comme tout le monde de prendre un peu de recul, de la hauteur sur les choses", avait évacué le gardien aux 145 sélections, un record dans l'histoire des Bleus. "On verra dans quelques semaines." Celles-ci sont depuis passées. À tête reposée, le Niçois de 36 ans, Londonien d'adoption depuis une dizaine d'années, a acté officiellement le "passage de témoins". Invité du JT de 20H de TF1, lundi 9 janvier, le recordman français du nombre de capitanats (121) a annoncé mettre un terme à sa carrière internationale, après 15 longues années à défendre la cage tricolore. "J’ai fini par prendre cette décision qui est difficile, mais importante dans ma carrière et dans ma vie", explique-t-il. 

À l'issue du Mondial qatari, lors duquel il a été l'un des hommes forts de Didier Deschamps, le portier de Tottenham était devant un dilemme : se mettre en retrait de son propre chef, et ainsi garder la main sur la fin de son histoire avec le maillot frappé du Coq, ou bien risquer de perdre progressivement son statut au profit de la nouvelle génération, incarnée par Mike Maignan. Il a choisi la première option, conscient - en grand capitaine qu'il fut - qu'il était temps, pour lui, de tourner la page.

En faisant ainsi ses adieux à l'équipe de France, trois semaines après Karim Benzema, premier Bleu de 2022 à avoir annoncé sa mise en retrait de l'équipe nationale, Hugo Lloris s'assure une sortie par la grande porte. S'il garde, auprès du grand public, l'image d'un joueur introverti, distant, parfois lisse, le bonhomme va laisser dans le vestiaire tricolore un grand vide, qu'il sera difficile à combler pour celui qui héritera du brassard. Car, derrière la discrétion et l'apparente froideur du désormais ex-capitaine des Bleus, nommé sous Raymond Domenech lors d'un amical en 2010, avant d'être confirmé par Laurent Blanc quelques semaines avant l'Euro 2012, se cache une personnalité très appréciée, au caractère bien trempé.

On peut être capitaine sans beaucoup parler
Grégory Coupet, ancien gardien de l'équipe de France

"Si vous voulez savoir quel capitaine je suis, demandez-le plutôt à mes coéquipiers ou au sélectionneur", avait-il d'ailleurs mis au défi les journalistes, en 2016. Ce que nous nous étions attelés à faire, à l'époque. "C'est un capitaine qui va seulement parler quand il le faut", nous expliquait Yohan Cabaye. "Il hausse même la voix quand il en ressent le besoin. Surtout, il montre l'exemple sur le terrain, par sa détermination. En dehors, c'est quelqu'un de plaisant, toujours soucieux de ses coéquipiers." 

"On peut être capitaine sans beaucoup parler", nous garantissait Grégory Coupet, son prédécesseur dans les cages de l'OL et de l'équipe de France. "Les performances d'Hugo suffisent à lui donner une autorité naturelle. Il montre l'exemple, aussi, par son sérieux à l'entraînement, son assiduité dans l'écoute. Il est avant tout le lien entre le sélectionneur et le groupe. (...) Il ne faut surtout pas qu'il force sa nature. S'il jouait un autre rôle, ça ne lui irait pas. Lui sait bien se protéger et protéger le groupe."

L'incarnation du leadership discret

Sept ans et une étoile mondiale plus tard, Hugo Lloris s'est affirmé, au moins dans l'intimité du vestiaire, comme un leader incontesté, décisif sur et essentiel en dehors. Il a "gagné en maturité", a attesté Didier Deschamps, juste avant le Mondial qatari. "Le garçon que j'étais à 23 ans, quand on m'a confié le brassard, et l'homme que je suis aujourd'hui sont bien différents, même si j'ai gardé les mêmes principes", a certifié à l'AFP le portier avant sa quatrième et dernière Coupe du monde. Des principes énumérés par Raphaël Varane, qui l'aura secondé dans ce rôle de "capi" : "C'est une chance d'avoir cette stabilité en équipe de France, cette longévité. C'est un joueur très fiable et qui transmet son calme, sa tranquillité."

Un leadership discret qu'il aura cultivé jusqu'à son dernier jour en Bleu. "Tu peux être discret, mais avoir un fort caractère. Ce sont deux choses différentes. Encore plus dans une société actuelle où il est facile de se mettre en avant, à travers les réseaux sociaux notamment. Ce n'est pas quelque chose avec lequel je suis confortable. C'est pour ça d'ailleurs que je ne suis pas présent sur ce type de supports", confiait le faux calme dans les colonnes du Figaro en 2017. "Je déteste me mettre en avant. Moins on parle de moi, mieux, je me porte." Une pudeur qu'il a mise de côté, une fois n'est pas coutume, pour dire adieu à l'équipe de France.


Yohan ROBLIN

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