Mondial de basket : 5 raisons qui expliquent l'exploit des Français contre les États-Unis

Publié le 11 septembre 2019 à 19h58
Mondial de basket : 5 raisons qui expliquent l'exploit des Français contre les États-Unis

Source : KIM KYUNG-HOON / POOL / AFP

MONUMENTAL – Opposés aux favoris américains en quart de finale de la Coupe du Monde de basket, les joueurs de l'équipe de France se sont imposés 89-79. Une performance historique, mais pas forcément illogique.

Battue lundi par l'Australie, l'équipe de France de basket a retrouvé sur son chemin les États-Unis en quarts de finale de la Coupe du Monde. Invaincus dans une compétition internationale depuis 13 ans, vainqueurs de deux dernières éditions et champions olympiques en titre, les Américains se présentaient sur le parquet de Dongguan (Chine) en favoris logiques. 

Au terme d'un match plein, portés par un Evan Fournier de gala (22 points) et un Rudy Gobert impérial dans le secteur intérieur (21 points, 16 rebonds), les Bleus l'ont pourtant emporté. Le score finale de la rencontre ? 89-79, un écart net pour ce succès de prestige, le 4e seulement de l'histoire face à "Team USA" en 19 confrontations. Le premier aussi depuis… 1986.

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Quelle a été la recette magique pour s'imposer contre les Américains ? LCI vous détaille cinq ingrédients qui expliquent cette performance hors-norme.

1 – Une équipe américaine amputée de ses superstars

Si Team USA fait figure de favori dans toutes les compétitions internationales, le niveau de la sélection américaine varie d'une année sur l'autre en fonction des blessures, absences et autres défections. Cette année, les États-Unis ont aligné une équipe B, voire même une équipe C. Les superstars de la NBA, le championnat nord-américain, ont décliné à tour de rôle l'invitation à disputer la Coupe du Monde en Chine. Exit, donc, les LeBron James, Stephen Curry et autres James Harden. 

Les blessures ont également modifié le visage de l'équipe, obligeant le sélectionneur Gregg Popovich à se passer de Kevin Durant ou de Klay Thompson. Parmi les 12 joueurs qui ont fait le déplacement en Chine, il est vraisemblable qu'aucun ne figurerait dans un groupe américain au complet. Attention toutefois à ne pas minorer le talent du groupe aligné cet été : si les superstars sont absentes, Kemba Walker, Khris Middleton ou Donovan Mitchell demeurent de formidables athlètes, connus et reconnus en NBA. Ce dernier est d'ailleurs l'un des coéquipiers du pivot français Rudy Gobert, au sein du Jazz d'Utah. 

2 – Un noyau dur chez les Bleus, habitué à la NBA

Sans Tony Parker, retraité des parquets, l'équipe de France abordait cette Coupe du Monde en outsider. L'absence du meneur aurait pu être préjudiciable, mais des joueurs comme Evan Fournier ou Nicolas Batum ont su prendre le relais, sans oublier l'immense Rudy Gobert, du haut de ses 2m15. 

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L'expérience accumulée en NBA (7 des 12 Français jouent ou ont joué outre-Atlantique) fait elle aussi la différence. Avec 82 matches minimum joués chaque saison, la ligue nord-américaine s'avère ultra exigeante pour les organismes, et impose un condition physique optimale. Ces rencontres de haut-niveau permettent aussi aux Français de mieux connaître leurs adversaires, eux qui les côtoient et les affrontent au quotidien. Enfin, on ressent l'expérience des joutes internationale chez les tricolores. Les Bleus peuvent s'appuyer sur leur vécu collectif et leurs passages réguliers en sélection pour négocier les matches importants. Une stabilité au sein de l'effectif qui tranche avec les défections en série dans les rangs américains, nuisible à un travail de long terme et à la cohésion.

3 – Vincent Collet, un coach emblématique

Derrière la performance des basketteurs, il faut aussi saluer le travail réalisé par le staff de l'équipe de France. À sa tête, le sélectionneur, Vincent Collet, vient de réussir un nouvel exploit, lui qui a déjà mené ses hommes à un titre européen en 2013. En place depuis 2009, il a accompagné plusieurs générations de joueurs et réussi la transition entre les anciens (Diaw, Parker, Pietrus) et leurs successeurs (Fournier, Ntilikina, Toupane...).

Apprécié et respecté au sein de l'équipe, Vincent Collet s'est imposé comme l'un des plus grands entraîneurs français. En 2016, Tony Parker lui témoignait tout son respect dans une interview : "C’était un honneur de jouer pour lui. La façon dont il s’est adapté à mon jeu, à ma personnalité, tout le star-system autour de moi. Franchement, il m’a mis dans les meilleures conditions […] je ne pouvais pas demander mieux comme coach en équipe de France". Lorsqu'il n'est pas aux commandes de la sélection, il faut souligner que Vincent Collet dirige l'équipe de Strasbourg, l'un des clubs majeurs dans l'Hexagone, avec lequel il a remporté la Coupe de France en 2018. 

Ye Aung Thu / AFP

4 – La renaissance de Franck Ntilikina

Meneur de jeu, le jeune Franck Ntilikina (21 ans) abordait la compétition avec peu de certitudes. Successeur de Tony Parker sur le poste de meneur de jeu, le joueur des New-York Knicks sort de deux saisons très compliquées en NBA. Arrivé très jeune de Strasbourg, où il évoluait sous les ordres d'un certain Vincent Collet, il n'a jamais vraiment trouvé sa place, ne passant que quelques minutes par match sur le parquet et affichant des pourcentages au tirs très faibles. 

Décisif contre les États-Unis ce mercredi, le longiligne meneur (1m98, 91kg) a éteint son adversaire direct et montré toutes ses qualités défensives. Mieux, il a retrouvé une efficacité au shoot, terminant la rencontre avec 11 unités à plus de 50% de réussite. Son panier à trois points inscrit à 4 minutes de la fin de match a permis aux Français de recoller au score. Prometteur, pour un jeune homme qui dispute cette année en Chine sa première compétition internationale. 

5 – Affronter Team USA, une motivation supplémentaire

Les États-Unis sont au basket ce que le Brésil est au football : une nation mythique, regorgeant de joueurs talentueux et forte d'un palmarès incroyable. Les matches contre Team USA, qu'importe la composition de la sélection américaine, prennent donc une saveur particulière. L'absence de meilleurs Américains a sans doute apporté un espoir supplémentaire aux Bleus, conscients que son adversaire du jour ne ressemblait pas au rouleau compresseur qui s'adjuge d'ordinaire les médailles d'or des compétitions internationales. 

Pour les Français de NBA, une rencontre face aux "ricains", comme ils les surnomment, n'a rien d'un match traditionnel. Des joueurs comme Nicolas Batum, arrivé outre-Atlantique en 2008, se sont fondus dans la culture et le mode de vie américain, une connexion intense entre les deux pays qui ajoute au caractère particulier d'une telle rencontre. Enfin, les Bleus étaient conscients qu'une victoire face à Team USA prendrait un tournant historique, cette dernière étant Invaincue lors de ses 58 dernières rencontres internationales. Plus que jamais, le 11 septembre est un jour maudit côté américain.


Thomas DESZPOT

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