Un supporter a été violemment agressé dimanche, en marge du match entre l'Olympique lyonnais et l'Olympique de Marseille.La victime a aussi été la cible de plusieurs insultes racistes.Des images "intolérables" et "inadmissibles" pour SOS Racisme, qui réclame une réaction forte et des sanctions exemplaires.
Devenues virales sur les réseaux sociaux, les images des violences survenues après le match entre Lyon et Marseille, dimanche 23 avril, ont choqué. Dans une courte mais terrible séquence, des individus cagoulés et habillés en noir passent à tabac un homme noir, recroquevillé au sol. Le tout, au rythme des insultes racistes. "Bande de nègres" ; "oh, tu n’es pas chez toi, sale nègre", crachent notamment les agresseurs. L'attaque ne prend fin qu'avec l'intervention des services de sécurité du Groupama Stadium.
Une enquête a été ouverte par le parquet de Lyon. De son côté, le club rhodanien "condamne fermement les violences et les propos qu'on entend sur la vidéo". Insuffisant, toutefois, pour SOS Racisme, qui appelle l'OL mais aussi l'ensemble du football français à une réaction forte et à des mesures exemplaires. Sollicité par TF1info, Hermann Ebongue, secrétaire général de l'association et président de Sportitude France, livre quelques pistes.
Que vous évoque l'agression raciste survenue après OL-OM ?
Ces images font naître indignation, incompréhension et colère. Elles sont intolérables, inadmissibles, quelles que soient les circonstances. Il s'agit d'un acte de racisme, de violence et de barbarie. On aurait pu assister à un drame sans l’intervention des services de sécurité. Nous ne pouvons que dénoncer ce qu’il s’est passé.
Ce n’est pas un fait qui est sorti de nulle part, qui est survenu par hasard. On a le sentiment que c’est un phénomène qui monte en puissance. On situe ce genre d’incidents dans une optique d’escalade : il faut toujours faire un peu plus que la fois précédente. S’il n’y a pas une réaction immédiate au moindre premier geste, on s’expose à d’autres faits encore plus gradués. Ne rien faire, c’est laisser faire. Et, en l'occurrence, nous avons franchi un nouveau cap.
Il faut rappeler le contexte : il y a des gens tout autour, mais cela n’empêche pas les auteurs d’agir et de le faire aux yeux et au su de tous. Les agresseurs sont passés à l'action sans avoir peur des sanctions, de ce qu'il peut leur arriver. Il y a un véritable sentiment d’impunité. Quand on est impuni, la tendance presque naturelle est d’aller encore plus loin parce qu'il ne peut rien nous arriver.
L'omerta doit être levée
Hermann Ebongue
Qui sont les coupables ? L'OL ? Les supporters ? Les instances ?
Le club lyonnais a indiscutablement sa part de responsabilité. Il est propriétaire de son stade et organise donc seul ses tribunes. En ce sens, nous demandons à l’OL, qui est quelque part pris en otage dans cette histoire, une réaction très forte de condamnation. Pour que ce venin ne puisse pas continuer à être distillé, il y a urgence à ce qu’un travail collectif s’engage.
En plus, les faits en eux-mêmes concernent directement les supporters lyonnais. Je sais que ce ne sont pas tous les supporters rhodaniens. Ce qu’il vient de se passer, c’est le fruit d'une très faible minorité. Je ne veux pas laisser enfermer tous les fans dans une même case. J'insiste : une grande majorité y est opposée. Mais l'omerta, qui fait du mal au public dans son ensemble, doit être levée.
Il faut tout de même préciser que ce n’est pas un problème qui est inhérent à Lyon. De nombreux clubs sont confrontés au racisme, et plus globalement aux discriminations. Ce sujet n'est, en plus, pas totalement détaché de ce qu’il se passe dans la société, à une échelle plus globale. Mais ce n'est pas une raison pour s'y résigner.
Nous demandons que l’OL soit extrêmement clair et ferme sur ces sujets
Hermann Ebongue
Quelles solutions peuvent être mises en place pour lutter contre ce genre d'agissements ?
Dans ces moments-là, la clarté doit être totale et la fermeté absolue. Il ne faut pas de tergiversations. Il y a des faits qui sont condamnables, point barre.
Nous demandons que l’OL soit extrêmement clair et ferme sur ces sujets. Je n’en doute pas et je crois qu’il y a suffisamment de gens dans ce club qui sont sensibles à ces valeurs. L’OL est en quelque sorte pris en otage par ce phénomène mais se doit de réagir. Il faut un plan qui permette de faire le ménage dans les tribunes. Les actes de ce genre n'ont pas leur place dans un stade ou dans la société. C'est le message que les dirigeants doivent envoyer à tout le monde, y compris à leurs supporters.
Des mesures fermes doivent être mises en place, et seront accompagnées par les associations, qui connaissent le sujet. Le Paris Saint-Germain, qui a souffert de ces phénomènes pendant de longues années, fait office de référence en la matière. L’image du club de la capitale a été fortement dégradée par le racisme mais il a pris le sujet à bras le corps. Il s’est lancé dans une opération qui a permis de combattre ce phénomène et de mettre en dehors de ses tribunes tous ceux qui pouvaient avoir des comportements racistes ou discriminatoires. Il y a matière à faire, il y a un modèle. Nous sommes prêts à faire une offre à l’OL, à travailler avec le club. Mais nous sommes conscients que c'est un chantier qui peut prendre plusieurs années.
C’est tout l’écosystème qui doit se mobiliser
Herrman Ebongue
Mais plus globalement, les instances et le politique n'ont-ils pas leur rôle à jouer ?
Évidemment, il y a les clubs, les joueurs et les instances, etc. Néanmoins, les pouvoirs publics et le politique doivent accompagner. L’implication doit être totale.
Dans un premier temps, il faut identifier toutes les personnes qui peuvent poser problème et prendre des sanctions individuelles. Le risque, si rien n’est fait, c’est de déboucher sur des sanctions collectives qui punissent des gens qui n’ont rien à voir avec les faits incriminés. Et je suis contre le fait qu’on punisse toute une tribune à cause de quelques individus. Il faut donc, en plus des procédures sur le plan judiciaire, une grille de sanctions allant jusqu’à l’exclusion du stade.
L’autre partie de la solution, c’est de mener des initiatives de prévention. Ce genre d'incidents donnent l'impression que, finalement, la discrimination fait partie intégrante des valeurs du football. Il faut mettre en évidence, en amont, ce qu’est le football, ce qu’est le sport, ce qu’est l’OL. De ce point de vue, tout le monde doit être investi, aussi bien au sein du club que dans les instances, les associations, les publics, les supporters. C’est tout l’écosystème qui doit se mobiliser.
J'ai le sentiment que dans le sport, on s’est occupés de tout. On a régulé les transferts, on a régulé les droits TV, on a tout régulé. Mais j’ai l’impression qu’en ce qui concerne ces phénomènes d’incivilité, et notamment de racisme, il y a encore trop peu de choses qui sont faites. Cela doit changer.
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