Italie-Espagne : raillé puis loué, Unai Simon le nouvel ange gardien de la Roja

Publié le 4 juillet 2021 à 12h51, mis à jour le 4 juillet 2021 à 14h32
Unai Simon, successeur de Kepa Arrizabalaga à Bilbao et nouveau taulier de la Roja
Unai Simon, successeur de Kepa Arrizabalaga à Bilbao et nouveau taulier de la Roja - Source : Kirill KUDRYAVTSEV / POOL / AFP

EXPLOITS - Auteur d'une énorme boulette contre la Croatie lors des huitièmes de finale, Unai Simon a rapidement rebondi. Le portier ibérique a même fini homme du match contre la Suisse se montrant notamment décisif lors de la séance de tirs aux buts. Portrait du nouveau héros que l'Espagne qualifiait de zéro il y a peu.

Quelle histoire ! Peu connu du grand public avant l'Euro, Unai Simon s'impose progressivement comme un incontournable de la sélection espagnole. Tout n'a pourtant pas été simple pour le (jeune) gardien, propulsé titulaire dans les buts de la Roja une poignée de mois seulement avant la compétition. 

Préféré au plus clinquant mais jamais pleinement convaincant David De Gea contre les Pays-Bas en novembre dernier, le portier prend rapidement ses marques malgré un but encaissé. Il est logiquement reconduit lors des matchs suivants, contre la Suisse et l'Allemagne en novembre, puis lors du rassemblement de mars. Après une préparation satisfaisante, quoique tronquée par la contamination au Covid-19 de Sergio Busquets, Luis Enrique lui renouvèle ainsi sa confiance pour le coup d'envoi de l'Euro. Plus sollicité que prévu lors de la phase de poules, le joueur formé à Bilbao ne tremble pas et ne concède qu'un but en trois rencontres (Lewandowski lors du match contre la Pologne, 1-1). 

Si sa présence sur sa ligne convainc son sélectionneur, c'est certainement par sa qualité de jeu au pied et ses prises de risques maîtrisées à la relance, qu'il se démarque (95,8% de passes réussies sur le tournoi, meilleure réussite parmi les gardiens). "Eh bien... Quand il (Luis Enrique, NDLR) me donne la chance de débuter, je ne pense qu'à profiter de cette opportunité. Je ne me demandais pas si c'était une récompense ou si je le méritais. J'étais un peu surpris, oui, mais j'ai joué et je me sentais très bien. Le coach m'a demandé de beaucoup jouer avec mon pied et c'est ce que j'ai fait", confirmait-il d'ailleurs à Marca

Et puis patatras...

Contre la Croatie, toutes les belles certitudes du portier de 24 ans volent en éclat dès la 20ème minute. Sur une passe en retrait anodine de Pedri, Simon se déchire totalement lors de son contrôle et laisse le ballon filer au fond de ses filets (1-0). Une bourde incompréhensible que le gardien n'est pas parvenu à s'expliquer, même après l'avoir revu à l'issue de la rencontre. "Je me suis fait du mal et j'ai décidé de regarder l'action 6 ou 7 fois. Et je ne peux toujours pas l'expliquer. Je n'ai pas été gêné par le soleil, le ballon a juste filé... On peut le voir, je tente de contrôler mais je me rate... juste comme ça. C'est un accident", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Unai Simon, seul au monde après sa terrible boulette contre la Croatie
Unai Simon, seul au monde après sa terrible boulette contre la Croatie - WOLFGANG RATTAY / POOL / AFP

Toujours est-il que l'Espagne - mal embarquée - est finalement parvenue à s'en sortir au bout des prolongations (3-5, ap), notamment grâce à des interventions décisives... de son gardien. L'invraisemblable parade du dernier rempart ibérique, à bout portant devant Kramaric à la 96ème minute, reste notamment dans les mémoires. D'autant plus que sur l'action suivante, l'Espagne prenait (définitivement) l'avantage sur un bel enchaînement de Morata. Le choc est passé pour Unai Simon et les siens. 

Un "spécialiste" des pénalties

Mais c'est lors des quarts de finale que le portier aux 12 sélections va véritablement exploser aux yeux de l'Europe. Longtemps éclipsé par l'énorme (et invraisemblable) match de son homologue Yann Sommer, le dernier rempart ibérique a pris son mal en patience avant d'écœurer les Suisses aux tirs au but. Repoussant deux tentatives adverses, "Don Unai Simon" (Estadio Deportivo) a permis aux siens de se qualifier malgré le manqué initial de Busquets (1-1, 1-3 TAB). 

Une réussite qui n'est pas anodine pour celui que son sélectionneur décrit comme "un spécialiste". "Unai, je l'ai vu stopper plein de pénalties avec l'Athletic Bilbao, et je le vois s'entraîner avec nous... Je lui ai dit de faire ce qu'il voulait, que s'il voulait mettre la pression au tireur avant la frappe, qu'il le fasse", a précisé Luis Henrique à l'issue de la rencontre. "J'ai dit à Simon que ça allait être son jour. Quand Busi (Busquets, NDLR) a raté, j'ai dit qu'il allait en sauver trois", renchérit Mikel Oyarzabal, auteur du tir au but de la qualification. "Contre le Betis (en quart de finale de Coupe du roi avec Bilbao, NDLR), j'avais déjà arrêté deux tirs au but. Je pense que lorsque j'étais enfant, j'en ai aussi arrêté quelques-uns", lance de son côté le principal intéressé.

Le site Transfermarkt semble confirmer ces propos, le gardien basque ayant arrêté 5 des 23 penalties auxquels il a été confronté depuis le début de sa carrière (soit 22%). Une belle réussite lorsque l'on sait qu'un gardien "normal" tourne généralement autour des 15 et 20% de réussite. Une étude d'InStat sur 100.000 penalties entre 2009 et 2018 avait d'ailleurs établi que le pourcentage d'arrêts des gardiens était de 18%. 

"Nous devons gagner cet Euro"
Unai Simon

Après avoir enfin stabilisé un poste sinistré depuis la retraite de la légende Iker Casillas, Unai Simon ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. "Pour les demi-finales, il faut partir de la même manière, avec la tête focalisée sur la gagne. Nous devons gagner cet Euro", assène-t-il. Le choc sera rude contre la séduisante Italie de Roberto Mancini (mardi à 21h, en direct sur TF1). Mais l'Espagne peut compter sur son nouvel ange gardien. 


Maxence GEVIN

Tout
TF1 Info