Le porte-drapeau tricolore Kevin Rolland s'est hissé en finale olympique du ski halfpipe, jeudi 17 février.Un miracle pour lui, moins de trois ans après avoir frôlé la mort à la suite d'une chute épouvantable.En bronze à Sotchi en 2014, le désormais outsider ne s'interdit pas de rêver à une médaille olympique.
Il incarne la résilience, mieux que quiconque. Le 30 avril 2019, trois mois après sa médaille d'argent aux Mondiaux, Kevin Rolland a vu la mort de près. Ce jour-là, dans sa station de La Plagne, il s'attaque au record du monde du saut le plus haut depuis un quaterpipe, un tremplin en forme de quart de tube. Son objectif : s'élever au-dessus des 10,80m, la marque référence de l'Américain Simon Dumont, qui tient depuis 2008. Sur sa deuxième tentative, après avoir pris son impulsion, il perd l'équilibre et s'écrase sur le sommet du pipe. Un lourde chute, à côté de l'airbag de protection.
À terre, le médaillé de bronze à Sotchi en 2014 pousse un cri de douleur qui glace le sang des premiers secours. Une séquence forte retranscrite dans son documentaire Résilience, qui revient sur l'accident qui a failli lui coûter la vie. Héliporté à l'hôpital de Grenoble, Kevin Rolland passe trois jours dans le coma. La liste de ses blessures est interminable : fracture du bassin, hémorragie cérébrale, poumons perforés par des côtes, pancréas endommagé... "Un médecin m'a dit qu'il allait falloir penser à autre chose que le ski, désormais dans la vie", écrit-il sur Instagram.
Alors qu'on le dit "fini" pour le ski, le roi français du halfpipe entreprend une longue reconstruction physique, rythmée par des séances de kiné, de musculation et de balnéothérapie. Cinq mois après son effroyable accident, à force de courage et d'abnégation, il retrouve sa mobilité. Pour la première fois, il remonte sur ses spatules. Pour le plaisir, et c'est déjà beaucoup. "Il y a cinq mois, j'étais entre la vie et la mort, on me disait que je ne reskierais peut-être pas un jour, et là je suis en train de skier. Ça m'avait vraiment manqué", confie-t-il alors à L'Équipe. Ce n'est qu'un an plus tard, en mars 2020, qu'il fait son retour dans un pipe.
"Rassuré" par cet entraînement de deux heures à Crans-Montana, où les Français ont leur habitudes, le Plagnard aperçoit la lumière au bout du tunnel. Après un nouvel hiver passé sur les pistes, pour retrouver ses sensations d'antan, il se fixe un retour à la compétition pour les Mondiaux d'Aspen, aux États-Unis, en mars 2021, où il termine 8e. De quoi le conforter dans l'idée que, même s'il lui sera désormais difficile de rivaliser avec les meilleurs spécialistes de la discipline, son rêve olympique est toujours atteignable.
Tout peut se passer, on va jouer et s'amuser
Kevin Rolland, porte-drapeau de la délégation française
Une histoire d'amour avec les Jeux qu'il veut achever de la plus belle des façons. "Les JO, ça représente tout pour moi", affirme-t-il. "C'est la plus grosse compétition de sport qui existe au monde." Désigné porte-drapeau de la délégation française à Pékin, un honneur synonyme de revanche sur la vie, Kevin Rolland a eu à cœur de montrer qu'il n'était pas venu faire sa tournée d'adieu sous la neige de Zhangjiakou. Après un premier run moyen, noté 65.25 points, le phénix du halfpipe a mieux maitrisé le second (75.25) pour décrocher, sur le fil, sa place en finale (10e sur 12 qualifiés).
"Être en finale, ça paraît normal, mais ça ne l'est pas forcément pour moi. J'étais loin d'y penser il y a deux ans et demi", a-t-il commenté dans l'aire d'arrivée, "très heureux" d'avoir "réussi (son) pari". S'il peut difficilement prétendre au podium, samedi 19 février (à partir de 2h30, heure française), le miraculé, qui se dit "sur une autre planète", ne s'interdit pas de rêver à une médaille olympique. "Même si je ne suis pas dans le top, je suis en finale et maintenant tout peut se passer. On est aux Jeux, on va jouer, on va s'amuser. Je n'ai rien à perdre, tout à prouver", a-t-il déclaré. "J'en ai encore sous le pied". Voilà qui promet une belle nuit, que l'on espère, étoilée.
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