La CAN, un problème français ?

par Sebastien COCA
Publié le 20 janvier 2015 à 19h43
La CAN, un problème français ?

COUPE D'AFRIQUE DES NATIONS – Tandis que la compétition bat son plein depuis le week-end dernier en Guinée équatoriale, elle fait surtout grincer des dents en Ligue 1. Entre l'absence des joueurs africains en plein milieu de saison et un regard parfois condescendant jeté sur ce continent, la CAN pose problème au football français. Explications.

Un petit relent de "Françafrique". Quand le football français évoque la CAN, c'est souvent pour émettre sur cette compétition un avis négatif, voire condescendant. Car la grand-messe du foot africain, qui se déroule tous les deux ans en janvier, "embête" les clubs de Ligue 1. Premier fournisseur européen, le Championnat de France a envoyé 52 joueurs en Guinée équatoriale pour cette édition 2015. Un "tribut" lourd à porter pour certaines équipes durant la compétition (Lyon et Bordeaux perdent cinq éléments, deux pour l'OM et un au PSG) et qui explique les réticences observées çà et là.

"A mon époque, on te faisait comprendre que si tu partais, un autre joueur aura pris ta place dans l'équipe à ton retour, explique à metronews Rigobert Song, l'ancien international camerounais (137 sélections entre 1993 et 2010) passé par Metz et Lens. Mais maintenant que la CAN est au calendrier de la Fifa, il faut que les clubs comprennent qu'un joueur ne peut pas décliner la sélection sans être sanctionné". Evènement majeur en Afrique, la CAN est l'équivalent d'un Euro ou d'une Copa America mais est encore sous-évaluée dans l'Hexagone.

"J'ai jamais entendu le Barça ou le Bayern se plaindre de la CAN"

"Moi, j'entendais que le niveau n'était pas génial, alors que c'est complètement faux, nous confie de son côté l'ancien défenseur marseillais Habib Beye, qui a disputé la compétition à quatre reprises avec le Sénégal (2002, 2004, 2006 et 2008). Les clubs ont toujours été bien contents de pouvoir y repérer des jeunes joueurs et les acheter pour pas cher". Longtemps chasse gardée du foot français, les talents africains s'exportent désormais en Europe sans forcément passer par la case L1. Ce qui a aussi fait évoluer la vision du public sur la CAN.

"A l'étranger, je n'ai jamais entendu des équipes se plaindre de voir partir leurs joueurs en milieu de saison. Eux, ils anticipent lorsqu'ils recrutent un Africain, explique encore Beye, qui a longtemps joué en Angleterre. J'ai l'impression que c'est surtout un problème français par rapport au foot africain. On n’est pas loin du manque de respect". Un constat qui fait évidemment écho à la sortie controversée de Willy Sagnol en novembre dernier, durant laquelle l'entraîneur de Bordeaux avait évoqué "le joueur typique africain", "physique" et "pas cher", en opposition aux "Nordiques" plus "intelligents" et "disciplinés"...

Nasser Sandjak veut surtout y voir une méconnaissance de ce football plutôt qu'un réflexe presque post-colonial. "La CAN n'a jamais vraiment eu la reconnaissance médiatique qu'elle mérite. Là, avec les ambitions de Canal+ (unique diffuseur, ndlr), ça va changer, espère l'ancien sélectionneur algérien, désormais consultant pour la chaîne cryptée. C'est comme un blockbuster, si tu le fais avec des petits moyens, ça le fait pas. Mais si c'est les Américains qui s'en occupent avec les effets spéciaux et les millions de dollars, c'est pas pareil..."

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Sebastien COCA

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